Cote d'Ivoire: Élection Présidentielle : Le PAIX donné favori

communiqué de presse

On pourrait bien croire qu’en Côte d’Ivoire un parti politique a comme acronyme PAIX. Car aux côtés des 8 - désormais 7 - candidats en campagne pour la présidentielle, un neuvième, le PAIX, semble bien tenir la course. Après la période de forte troubles – certains des Ivoiriens ne préfèrent même pas parler de guerre – le PAIX pourrait bien remporter l’élection présidentielle qui, pour certains, est la première que l’on pourrait qualifier de « normale » dans le pays depuis les années 90.

Comme dans toutes les capitales du monde pour se mettre à la mode du pays, il faut sortir le soir. A Abidjan, les lieux de retrouvailles incontournables sont les « maquis ». Loin des lieux d’accès difficile où se retrouvaient, en France, les résistants durant la seconde guerre mondiale, les maquis Abidjanais ne sont guère socialement clandestins. Le chauffeur de Taxi qui nous transporte vers l’un d’entre eux dans la banlieue de la plus grande ville de Côte d’Ivoire affirme d’ailleurs qu’il les connait presque tous. Guinéen d’origine, il ne fait pourtant le taxi à Abidjan que depuis quelques années, depuis que « le PAIX est de retour ici. »

A quelques jours d’une présidentielle cruciale pour l’avenir de la Côte d’Ivoire, les rues d’Abidjan sont animées de panneaux publicitaires placardant les affiches des candidats. L’élection ne semble pourtant pas sur toutes les lèvres. Les taximan d’habitude avide de discussions d’actualité, le nôtre reste calme et préfère rouler prudemment et discuter sécurité routière. Mais il a bien un avis sur l’actualité politique, il suffit de lui demander. Et la question, l’unique importante à ses yeux, il l’impose : « Que veulent les Ivoiriens ? » Sa réponse est catégorique : « Ils veulent PAIX ».

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Notre chauffeur nous parle Nouchi, un argot proche du fameux et très croustillant français Ivoirien qui ne fait pas attention à la correction des articles dans les phrases, souvent elles en sont dépourvues. Mais le message est clair. Après les années de crises, les Ivoiriens ne sont pas prêts à réélire la guerre.

La paix a, en tous cas, bien battue campagne aux côtés des politiques que certains accusent d’avoir été à l’origine des années troubles. La campagne pour l’élection présidentielle en 2015 en Côte d’Ivoire est particulière. Aux Côtés des promesses politiques, les messages de paix sont elles aussi bien en vue. De nombreuses organisations, le gouvernement y compris, s’y sont attelés pour appeler les Ivoiriens à aller retirer leurs cartes d’électeur pour accomplir leur devoir civique mais surtout pour un processus électoral pacifique. Même certains observateurs électoraux s’y sont mis. Désormais incontournables dans l’organisation d’élections en Afrique, les observateurs sont aussi bien présents en Côte d’Ivoire. Parmi eux, une coalition d’organisation de la Société Civile Ivoirienne sort du lot. Elle a décidé de s’appeler « Plateforme des organisations de la société civile pour des Elections Apaisées, Crédibles et Equitables. » Elle a surtout décidé d’employer l’acronyme PEACE.

PEACE-CI va mettre en place un dispositif d’observation des élections différente des autres. Elle a bénéficié de l’appui d’Open Society Initiative for West Africa (OSIWA) pour mettre en place une Election Situation Room. Depuis plusieurs années, cette fondation qui promeut, notamment, la bonne gouvernance politique, aide les organisations de la Société Civile en Afrique de l’Ouest à monter ces ESR pour aider les citoyens à s’impliquer davantage dans le processus électoral. Le dispositif est proactif, il n’observe pas seulement mais transmet les irrégularités notées aux décideurs pour que des solutions soient trouvées en temps réel. Mais pour la Présidentielle en Côte d’Ivoire, la Situation Room s’est greffée d’une colombe. Elle bat compagne pour des élections pacifiques.

Ces messages de paix semblent les plus écoutés dans cette campagne électorale en Côte d’Ivoire. Dans le maquis où nous a déposé le directeur de campagne de PAIX, c’est l’unanimité. Un groupe de jeune se détend avec des bières et du vin local. Si pour certains la carte d’électeur ne sera pas retirée faute d’un candidat attrayant pour qui voter, d’autres iront voter pour le candidat de leur choix et tous s’accordent à ne plus vouloir jouer à se faire peur. « Nous voulons avancer », disent-ils. Eux, font certainement partie de la classe moyenne qui de retour d’un boulot pas mal payé se retrouvent à discuter business et à chahuter autour d’un verre.

Leurs avis sont pourtant partagés par d’autres qui, au contraire, ne se sentent pas avancer. Le serveur du maquis en l’occurrence qui, comme un autre jeune technicien de surface dans un hôtel n’a pas senti sa vie évoluer depuis 8 ans qu’il travaille. Lui, ira voter pour le candidat dont il estime que le programme pourrait lui changer le quotidien. « Les gens ont compris maintenant » dit-il. Il demeure persuadé que la plupart de ses compatriotes ont compris que « violence n’est pas programme politique !» et « truc tu vas faire, tu vas rien gagner dedans, vaut mieux laisser ! »

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