Addis-Abeba — ClimDev-Afrique) - Selon le comité d'organisation, les experts en énergie et les décideurs politiques auront beaucoup à dire lors de la prochaine Conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique.
Le projet de programme de la conférence envisage adopter une approche à trois volets pour une discussion approfondie sur l'énergie qui devient indissociable du développement durable: le rôle critique de la transition bioénergétique et tous les avantages sur l'environnement qui en résultent; les opportunités en matière d'énergie renouvelable pour atténuer et résister au changement climatique et la politique de réglementation nécessaire pour débloquer le financement pour la transformation.
Les débats sur la politique de réglementation nécessaire pour débloquer le financement pour la transformation ont fait surface en Afrique, en juillet dernier lors d'un évènement parallèle organisé par la CAPC en marge de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui s'est tenue du 13 au 16 juillet 2015, à Addis-Abeba.
Rappelons que lors de la manifestation parallèle sur le thème «Débloquer le financement pour la transformation en matière d'énergies renouvelables et de résilience climatique en Afrique: De la recherche à une reproduction à grande échelle», Dr Carlos Lopes, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique, souligne que bien que l'Afrique soit bien dotée de toutes les formes de ressources énergétiques renouvelables telles que l'hydroélectricité, le solaire, l'éolien, la géothermie, la biomasse et même l'énergie marine; «nous ne parviendrons pas à nous transformer structurellement et à réaliser une croissance verte inclusive si nous ne trouvons pas de solutions durables au déficit actuel en énergie».
Selon lui, «l'Afrique regorge de ressources et nous savons que certaines des économies les plus dynamiques se trouvent en Afrique; il s'agit de savoir si ces économies émergentes sont suffisamment fortes pour gérer ces ressources abondantes dont l'Afrique dispose afin d'éclairer le continent et lancer les économies africaines vers la transformation industrielle requise».
L'objectif de la discussion était d'établir un plan qui peut être transposé dans les pays africains en vue d'élaborer des stratégies en faveur de partenariats public-privé, de mobilisation de ressources internes, d'investissements directs étrangers et de financement pour le climat; et ce, dans le seul but de créer des énergies renouvelables pour un développement durable et inclusif sur le continent au-delà de 2015.
Lors de la discussion, les expériences et les preuves sur le terrain, en matière de mobilisation de financement pour la transformation en vue de réduire les émissions de carbone, parvenir à un développement en Afrique résilient au changement climatique, construire sur les leçons tirées de l'introduction de l'énergie renouvelable dans des pays comme l'Afrique du Sud, l'Éthiopie, le Kenya et le Rwanda, ont été présentées.
Parmi les panélistes, on retrouve le monde des affaires, les représentants d'institutions financières internationales, les institutions des Nations Unies et les groupes de réflexion, M. Achim Steiner, Directeur exécutif du PNUE, le directeur en charge du savoir, de la politique et des finances, du centre IRENA, Hela Cheikhrouhou, Directrice exécutive du Fonds vert pour le climat, Solomon Asamoah, Vice-président, en charge du portefeuille des infrastructures, du secteur privé et de l'intégration régionale, de la BAD, Magnus Asbjornsson, Directeur régional de Reykjavik Geothermal Limited pour le Moyen-Orient et l'Afrique, Jacques Moineville, Directeur général adjoint de l'Agence française de développement, Andrew Norton, Directeur de l'IIED, Simon Zadek, Co-directeur de la Commission d'enquête du PNUE sur la conception d'un système financier durable.
Les messages clés de la discussion sont:
La stratégie énergétique adoptée par les pays africains est fondamentale pour les mesures à prendre en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique pour transformer leurs économies vers une croissance verte inclusive.
L'énergie renouvelable représente seulement 22% de la capacité d'énergie renouvelable installée en Afrique; ce qui est faible, compte tenu de ses richesses et du potentiel de celle-ci. Davantage de pays africains doivent prendre des mesures immédiates d'urgence et mettre en place des politiques et des cadres réglementaires appropriés pour que les pays africains adoptent rapidement la voie de l'énergie renouvelable aux fins d'avantages, sociaux, économiques et sur l'environnement multiples, y compris ceux qui découlent de la localisation du déploiement de la chaîne de valeur.
Il faut régler le déficit énergétique à tous les niveaux - de la maison autonome et systèmes hors réseau à des systèmes de réseaux électriques interconnectés à grande échelle. Les nombreuses et diverses ressources énergétiques renouvelables de l'Afrique présentes sont l'occasion de réaliser la sécurité énergétique sur le continent grâce aux corridors d'énergie socialement inclusifs et aux systèmes électriques interconnectés qui optimisent les ressources énergétiques du continent pour davantage d'énergies renouvelables.
Il est important que les politiques soient cohérentes, sûres et claires pour que les investisseurs soient confiants de leur décision de répandre les énergies renouvelables en Afrique pour combler le déficit en énergie, tel que démontré par les demandes excédentaires du récent cycle du Programme d'approvisionnement du producteur énergétique indépendant sud-africain en matière d'énergie renouvelable.
Il faut que les gouvernements structurent le marché de l'énergie afin qu'il fasse partie intégrante des programmes de développement nationaux dans l'unique but d'obtenir des résultats tangibles et de les vulgariser à travers le continent.
Il est essentiel que les goulets d'étranglement administratifs et politiques soient supprimés afin de réduire les coûts élevés de transaction du projet et de réduire le portefeuille d'activités sur le continent.
La mobilisation des ressources financières locales peut jouer un rôle clé dans les projets de déploiement de l'énergie renouvelable et de lutte contre le changement climatique sur le continent comme le montrent à ce jour, les expériences en Afrique du Sud et en Éthiopie.
Bien que les tarifs de subventionnement aient joué un rôle de catalyseur pour attirer les investissements dans des projets d'énergie renouvelable, les appels d'offres publics ont un impact plus important en termes de transformation, entraînant ainsi la chute des prix et un bon rapport qualité-prix.
Le coût du capital requis pour les projets en Afrique, généralement entre 15 et 20% par rapport à entre 6 et 12% dans les pays de l'OCDE, est trop élevé; cela est partiellement due à un niveau élevé des risques perçus. Si ce niveau de risque venait à baisser, les projets d'énergies renouvelables sur le continent se multiplieraient. Le Fonds vert pour le climat et d'autres sources de financement pourraient fournir des instruments centraux pour atténuer ces risques.
À cet égard, les banques de développement et les IFD doivent redoubler d'efforts et s'assurer que le financement pour le développement devienne une priorité et réduire l'écart entre les risques perçus et les risques réels sur le terrain, au lieu de procéder comme les banques commerciales.
Les pays africains doivent remédier d'urgence au manque de capacités sur le continent pour développer des projets bancables et renforcer les capacités et la santé financière des services publics nationaux pour les rendre bancables et qu'ils soient en mesure de négocier avec les investisseurs.
En réduisant le déficit énergétique en Afrique, il faudra se concentrer pour mobiliser des investissements conséquents pour le développement durable de la bioénergie, en particulier dans le contexte du lien existant entre l'énergie, l'alimentaire, le climat et le foncier.
Les spécialistes et les décideurs politiques qui seront présents à Victoria Falls travailleront d'arrache-pied pour mettre en place ces messages par le biais de recommandations politiques.