La Banque Africaine de Développement (BAD) est invitée à assurer le leadership devant aboutir à la mise en place d’une initiative globale pour la nutrition. Ce mécanisme ou creuset qui va réunir tous les acteurs engagés pour la lutte contre la faim, devra aider à résoudre le problème de l’insécurité alimentaire à l’origine de 45% des cas de décès chez les enfants d’Afrique subsaharienne.
Une initiative africaine globale pour lutter contre l’insécurité alimentaire. C’est le souhait des spécialistes qui ont pris part, le jeudi 22 octobre, à un panel consacré à la faim. La Conférence de haut niveau sur la transformation de l’agriculture africaine qu’organise la Banque Africaine de Développement (BAD), en collaboration avec l’État du Sénégal, était le cadre.
Les organismes ayant soutenu la tenue de ce panel sur la faim considèrent que « la sous-nutrition est une question morale, entraînant 3,1 millions de décès par an (-45%) chez les enfants ».
En Afrique sub-saharienne, 38% des enfants souffrent d’un retard de croissance. Souffrant de carences en nutriments essentiels durant les principaux 1000 jours de la conception à l’âge de deux ans, cette frange arrive à l’âge adulte constamment plus petit et faible avec un cerveau moins développé. Une situation qui les condamne à une vie marquée par une mauvaise santé, une capacité cognitive réduite, une baisse de productivité et la pauvreté.
Ces multiples fardeaux de la malnutrition constituent une menace directe aux aspirations des prochaines générations. Un état de fait qui sonne la mobilisation de chercheurs, d’universitaires, d’ONG, entre autres acteurs engagés dans la lutte contre ce fléau.
Une meilleure nutrition infantile dans les pays africains pourrait augmenter les taux de croissance économique de 1 à 3% et le produit national brut de 2 à 16%.
Les observateurs avertis estiment qu’un paquet de 13 interventions nutritionnelles directes avérées pourrait réduire le retard de croissance d’un tiers, et la mortalité infantile d’un quart. Certains pays ont eu beaucoup de succès en réduisant rapidement les retards de croissance –par exemple, le Ghana a réduit les niveaux de retard de croissance de 35 % à 28%.
Les panélistes considèrent que si les retards de croissance chez les jeunes enfants peuvent être évités, en grandissant ils arrivent à gagner une année supplémentaire sur le niveau d’études et sont environ 20% plus susceptibles d’être capables de lire. Il est aussi prouvé qu’à l’âge adulte ils sont environs 20% à gagner plus, et 30% à avoir plus de chances d’échapper à la pauvreté. Ce qui fait de la nutrition un véritable levier pour tirer profit de la dividende démographique.
Les panélistes recommandent la mise à disposition davantage d’investissements dans la nutrition, en mettant un focus dans le secteur agricole.
C’est cet ensemble de considérations qui poussent les acteurs à inviter la BAD à assurer le leadership qui porte cette initiative. L’institution africaine jouera le rôle co-convocateur afin de catalyser tous les efforts. Dans cet exercice, elle devra définir un paquet d’interventions recommandées afin de créer un impact nutritionnel à partir de l’agriculture et des systèmes alimentaires.
Face à la grandeur des défis, les panélistes qui ont salué ce nouvel élan pensent qu’il sera d’abord question de tirer partie des énormes acquis, revisiter les expériences passées afin de mieux engager les actions à venir. A leur avis, avec l’arrivée d’Adesina à la tête de BAD, le moment est propice pour asseoir la théorie du changement.
Devant à cette responsabilité à venir, la BAD est appelée à réorienter et renforcer sa stratégie nutritionnelle ou alimentaire, et son plan d’actions déjà en place pour apporter son aide dans la lutte pour la fin de la malnutrition. « Il nous faut un leadership pour apporter les changements devant conduire à lutter contre la malnutrition en Afrique ».
L’acuité des demandes recommandent, selon les spécialistes, l’établissement d’une synergie entre les initiatives africaines déjà existantes sur la nutrition. Le point de départ consisterait à déceler la part réservée à la nutrition dans le budget global de l’agriculture des pays.
Compte tenu des attentes des populations, la fixation d’un délai proche est souhaitée afin d’éviter de tomber dans les mêmes travers relevés lors des expériences précédentes.
Les participants à ce panel considèrent que les stratégies à définir doivent, en plus de l’agriculture, prendre en compte la technologie alimentaire, l’industrie alimentaire, la recherche alimentaire, la conception des produits alimentaires.