Les autorités en charge de la lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme entre autres, sont priées d’accorder une place de choix aux Cellules de Renseignement Financier (CRF). Un appel a été lancé dans ce sens par le Groupe intergouvernemental d’action contre le Blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) qui fait allusion au contexte régional marqué par la montée en puissance des groupes armés, la prolifération des Flux Financiers Illicites…
Le Groupe intergouvernemental d’action contre le Blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) lance un appel solennel à l’endroit des autorités des Etats membres pour qu’elles donnent désormais aux Cellules de Renseignements Financiers (CRF) la place qu’elles méritent dans l’architecture budgétaire nationale.
Cette invite a été faite, ce jeudi 5 novembre, à l’ouverture des travaux de la 24ème Réunion Plénière de sa Commission technique à Saly, au Sénégal, par le Directeur général de cette institution régionale, M. Adama Coulybaly.
Cadre ne pouvait être plus propice du moment que cette présente commission technique se tient en prélude de la 15ème Réunion du Comité Ministériel du GIABA prévue le 7 Novembre 2015 à Dakar.
Cet appel est lancé au bénéfice des CRF en leur qualité d’institution de sécurisation des systèmes financiers, de stabilité économique, de promotion de la bonne gouvernance et de renforcement du système sécuritaire national pour un environnement plus propice aux affaires.
L’appel visant à mettre plus de fonds à la disposition des CRF est effectué au moment de faire le point sur l’état de préparation du Secrétariat et des Etats à la veille du démarrage du second cycle d’évaluation mutuelle qui, selon M. Coulibaly, « constitue désormais le point de mire de nos stratégies nationales et régionales ».
Le GIABA insiste ainsi sur la complexité du processus du second cycle qui, selon son président, est un exercice complexe et hautement technique qui nécessitera une forte mobilisation et une coordination renforcée de toutes les parties prenantes au plan national et un développement en synergie des expériences et expertises au plan régional et international. Par ailleurs, poursuit M. Coulibaly, la disponibilité de ressources financières adéquates est le facteur déterminant pour mener avec succès sa mise en œuvre.
Sur cette même lancée, le président du GIABA, a également interpellé les Partenaires techniques et financiers (PTF) en les exhortant à multiplier et à diversifier les initiatives de financement, afin de permettre aux Etats de l’Afrique de l’Ouest de ne pas être le maillon faible de l’alliance internationale contre le crime financier et le crime transnational organisé.
Un Plan Stratégique 2016-2020
La 24ème Réunion se tient dans un contexte sous régional marqué par des soubresauts polico-religieux avec la persistance d’un climat d’insécurité et la montée de la criminalité transfrontalière.
Le Secrétaire du Ministère des l’Economie, des Finances et du Plan (MEF/P) du Sénégal, Cheikh Tidiane Diop, venu présider les travaux, estime que « cette situation favorise le développement d’un écosystème propice à la prolifération d’actes de blanchiment de capitaux considéré comme un des plus grands fléaux des temps modernes qu’aucun de nos Etats ne peut à lui seul endiguer ».
Face à cette situation, avec l’appui du GIABA, souligne M. Diop, « nos Etats doivent relever le défi de la mise en place d’un cadre juridique, financier, institutionnel et d’échange d’informations afin de préserver nos économies de ce fléau multiforme et difficile à cerner ».
Toute fois, poursuit-il, la montée en puissance du fléau et sa complexité incite à une vigilance accrue et une auto-évaluation permanente de nos dispositifs de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme afin de détecter les insuffisances, les lacunes et de mettre à niveau nos systèmes de prévention et de détection de tous les Flux Financiers Illicites dont les montants sur les dernières années ont atteint un niveau dépassant l’Aide Publique au Développement (APD) reçue par le continent.
A son avis, le GIABA s’illustre parfaitement dans ce domaine avec ses évaluations de conformité et de suivi ainsi que les exercices de typologie et de recherche en la matière. Au demeurant, considère M. Diop, les réunions techniques doivent servir de prétexte pour rappeler cette obligation de vigilance, de veille et d’anticipation afin de consolider les acquis notamment par l’échange d’expérience entre les différents pays membres et organismes partenaires.
Ces indications des autorités sénégalaises cadrent avec l’idée centrale des travaux de cette présente plénière placée sous le signe d’un sursaut nouveau du GIABA qui ambitionne de rester une institution « moderne et modèle » dans la lutte contre le crime économique et financier.
C’est ainsi que cet exercice technique s’attèlera à examiner les résultats des rapports de suivi de sept pays permettant ainsi de mesurer le niveau de performance auquel la région est parvenue ces deux dernières années.
Pour permettre à la région de mener dans les conditions requises le processus de deuxième cycle d’évaluation basé sur la conformité technique et l’efficacité, le GIABA, tirant les leçons de la mise en œuvre du Plan Stratégique 2011-2014, a élaboré un Plan Stratégique 2016-2020 qui sera soumis à l’appréciation des techniciens, pour observation et contribution pour sa finalisation.
Un nouveau plan que le Secrétariat du GIABA aimerait voir être le reflet des attentes partagées de l’ensemble des membres de la communauté par son caractère inclusif.
« Faire du GIABA, une institution moderne et modèle de LBC/FT pour contribuer de manière significative à l’émergence des Etats membres à l’horizon 2020, tel est l’objectif global que ce nouveau plan se propose d’atteindre », dira Adama Coulibaly.