Afrique: A la quête de résultats de recherche immédiatement utilisables pour le développement durable

26 Novembre 2015

Les chercheurs africains sont priés de fournir les résultats de leur travail au profit du développement économique et social du continent. L'invite a été faite à l'ouverture de la 2ème Conférence Internationale sur le développement Durable en Afrique, ce jeudi 26 novembre à Dakar.

Une démarche jugée impérative au moment où le continent amorce l'ère des Objectifs de Développement Durable (ODD) en cette veille de la 21e Session de la Conférence des Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) prévue dans deux jours à Paris.

Des résultats de recherche immédiatement utilisables dans les politiques publiques africaines au profit du développement durable du continent. C'est le slogan qui est le mieux partagé à la 2ème Conférence Internationale sur le Développement Durable en Afrique qui se tient le 26 et 27 novembre à Dakar. Les chercheurs sont ainsi priés de se focaliser sur des études dont les résultats vont éclairer la prise de décisions sur le chemin de l'émergence bâtie autour du développement durable.

L'invite a été faite dans un contexte où, selon le Secrétaire Général du Ministère de l'Economie, des Finances et du Plan (MEFP) du Sénégal, la croissance marque le pas dans la plupart des régions du monde, alors que l'Afrique semble plus que jamais s'inscrire dans une bonne dynamique, et cela, malgré les effets baissiers du repli des cours des produits de base.

Cheikh Tidiane Diop estime que le défi pour les pays africains est à présent de trouver les voies et moyens d'inscrire dans la durée les progrès, de maintenir le cap de la croissance en préservant l'environnement et les ressources pour les générations futures, de rendre la croissance plus résiliente et plus inclusive ainsi que d'améliorer l'insertion de nos économies dans les échanges mondiaux. A cet égard, a-t-il souligné, « il nous faut identifier les bonnes réformes contre les risques systémiques, hâter la transformation structurelle de l'économie, qui reste une simple vue de l'esprit sans la production de connaissances pertinentes ».

Le SG du MEFP de rappeler que le développement durable constitue depuis longtemps un champ d'études et de recherche des socio-anthropologues africains et africanistes qui ont mis en lumière les activités concrètes d'économie sociale et durable dans divers secteurs, dont l'agriculture, ainsi que leur contribution à la réduction de la pauvreté et au développement économique et social.

Une nouvelle démarche s'impose comme le défend le Directeur de l'Université de Masstrich et Ecole de Gouvernance (UNU MERIT), M. Bart Verspagen qui estime que cette rencontre de Dakar doit marquer le début d'une ère nouvelle. Ceci du moment qu'il est conclu que, malgré les réalisations obtenues, ces 15 dernières années dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), l'Afrique doit faire plus en matière de conditions de vie des populations, ainsi que dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'accès à l'eau potable, de l'assainissement, de sécurité alimentaire, etc.

Le Président du Conseil d'Administration du Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (CRES), Abdoul Aziz Dièye, dans cette même veine, souligne la tendance des politiques publiques qui visent à créer l'émergence. Pour lui, la meilleure façon d'y parvenir est de faire que toutes les politiques publiques soient fondées sur une connaissance, un diagnostic et un suivi par des gens du savoir. « Il faudrait que l'Université sorte des ses amphithéâtres mais que les politiques publiques également puissent utiliser le savoir en vue d'un développement durable et qu'on ne bâtisse pas seulement les taux de croissance sur des bases non fondées mais une vision à long terme ».

M. Dièye prône ainsi une meilleure articulation entre chercheurs et politiques publiques. A son avis, le développement, pour être endogène, doit être accompagné par une réflexion dont les pieds et les fondements sont enchevillés à l'Afrique. Il considère que ces assises de Dakar doivent accoucher de paradigmes permettant de « traduire en réalité les vœux de voir l'Afrique être le futur du monde à travers la savoir ».

Parler d'une seule voix à la COP 21

Paris sera, dans deux jours, le centre d'attraction du monde pour les discussions sur le développement durable dans le cadre de la 21ème conférence des parties COP21 de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Des conclaves mondiaux qui mettront le développement durable au cœur des échanges.

Habitués à avoir des points de vue différents, d'où le moteur de la recherche du savoir, les chercheurs sont invités à faire la synthèse, voir ou sont les intérêts fondamentaux pour ceux qui prennent les décisions. Ce qui, selon le Directeur du CRES, va permettre aux politiques de s'appuyer sur le savoir existant et agir dans le sens de l'intérêt général.

Le Secrétaire Général du MEFP du Sénégal, Cheikh Tidiane Diop, a assuré que « la position de l'Afrique sera de parler d'une seule voix qui devrait permettre de plus en plus à ce que les préoccupations du continent pour le développement durable soient prises en compte ». Il fait ainsi remarquer que l'Afrique est, par essence, le continent qui pollue le moins mais elle souffre le plus de la pollution. A cet effet, « on devrait parler d'une seule voix pour que nos intérêts et préoccupations puissent être pris en compte et que les effets que nous subissons aujourd'hui du fait de la pollution et des changements climatiques soient compensés et que l'Afrique puisse se mettre durablement sur la voie du développement ».

Le Directeur du CRES, Abdoulaye Diagne estime que pour parvenir à des résultats de recherche immédiatement utilisables, les leviers à actionner sont nombreux mais il y a un dénominateur commun. « Il s'agit dans tous les domaines de faire un usage efficient des ressources disponibles. Il faut également veiller à ce que les besoins des Africains soient prioritaires dans l'exploitation de nos ressources ».

M. Diagne pense qu'il faudrait aussi veiller à ce que le maximum des ressources surtout brut soient transformées sur le continent avec les technologies modernes qui préservent le continent de la pollution et des autres conséquences négatives sur la nature. C'est ainsi que nous pourrons à la fois créer de la valeur ajoutée, créer des emplois, améliorer le bien-être et préserver l'environnement.

Un million de dollars du Sénégal pour l'UNU MERIT dès 2016

Le Sénégal compte poser les jalons qui mettent les résultats de recherche au cœur des décisions politiques. C'est à cet effet que son gouvernement a décidé d'accorder une contribution, pour l'année 2016, d'un million de dollars US à l'Université des Nations Unies pour la recherche économique et social en Afrique Francophone (UNU MERIT). Un institut avec qui le pays a signé un accord de siège depuis 2014.

Un choix que le Secrétaire Général du MEFP justifie par le fait la formation ou renforcement de capacité soit le deuxième axe du Plan Sénégal Emergent (PSE). Sur cela, estime Cheikh Tidiane Diop, « l'institut a sa partition à jouer parce que la recherche devrait être au profit du développement ».

A son avis, l'institut contribuera, de par ses produits de recherche, à améliorer nos politiques de développement économique et social et à fondamentalement transformer l'écosystème de la recherche et du développement au Sénégal.

Pour rappel, cette 2ème Conférence sur le Développement Durable en Afrique s'inscrit dans le cadre d'un partenariat entre le CRES et l'UNU MERIT basée à Maastricht. Elle porte sur une série de thèmes qui sont au cœur de la problématique du développement durable en Afrique.

A travers une centaine de communication, beaucoup de questions seront abordées notamment l'agriculture, l'industrialisation, la protection sociale, les questions de gouvernance, le financement du développement…

Avec les conclusions de ces deux jours, il est attendu des idées nouvelles et d'autres manières de voir les questions auxquelles sont quotidiennement confrontées les populations africaines.

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