Afrique: Le monde de la recherche appelé à anticiper sur les mutations futures

3 Février 2016

Le monde de la recherche, est prié de se projeter dans le futur et anticiper sur les mutations à venir. L’invite a été faite lors du 43ème anniversaire du Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences sociales en Afrique (CODESRIA), célébré le 1er février 2016 à Dakar.

« Le CODESRIA et la production de savoirs en Afrique ». C’est le thème autour duquel le Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences sociales en Afrique avait convoqué la réflexion le 1er février 2016, marquant ses 43 ans d’existence.

Dans un élan rétrospectif et critique, une bonne partie de l’assistance composée en majorité d’universitaires, de chercheurs, entre autres, a recommandé aux chercheurs de sortir du passéisme et de la nostalgie et penser au CODESRIA de demain. M. Cheikh Guèye de l’Université Cheikh Anta Diop qui a ouvert cette brèche estime que le Conseil doit être un espace de dialogue et de diversification.

Son invite répond à une volonté d’orienter les institutions et laboratoires africains à s’orienter vers des sujets de recherche dont les résultats seront bénéfiques pour les populations. Une suggestion qui s’avère légitime du moment où le CODESRIA, dans le dernier classement l’Indice Global Go-To Think-Tank, a été classé parmi les trois meilleurs groupes de réflexion et de proposition en Afrique. Un rang qui l’oblige désormais à fournir des pistes de réflexion et d’orientation utiles pour les pouvoirs publics des pays africains.

La célébration du 43ème anniversaire du CODESRIA a une fois de plus mis sur la table le constat de l’éloignement qui existe entre les structures de recherche africaines et la société. Un fossé que plusieurs observateurs expliquent par les manquements notés dans la production de savoir dans le continent.

Un état de fait qu’Ebrima Sall du CODESRIA a placé dans un contexte aux nombreux défis dont la pauvreté, les changements climatiques, le terrorisme et l’insécurité… Selon lui, la communauté des chercheurs est plus qu’interpeler sur la complexité des défis à venir. D’où la pertinence du choix fait à l’époque, d’après Samir Amine, Directeur du Forum du Tiers Monde, de faire du CODESRIA un lieu de production du savoir et non seulement de traduction du savoir venu d’ailleurs.

Le Pr Rokhaya Fall, membre du Comité exécutif du Conseil de rappeler que « c’est à travers la production du savoir qu’une nation arrive à former la population qui doit porter son développement ». Un rappel qui remet au goût du jour l’importance de l’enseignement.

Dans cette dynamique, Samir Amine pense que l’Afrique doit être un partenaire actif à la construction du monde et non un acteur qui s’aligne de manière unilatérale. A cet effet, il appelle le CODESRIA à évoluer dans ses méthodes de recherche en travaillant à lier les résultats de recherche aux politiques publiques des pays.

Le Pr Abdou Salam Fall, pour sa part, a mis un doigt sur le fait que les chercheurs africains, surtout ceux francophones, n’ont pas su développer un esprit entrepreneurial. Selon ce Directeur du Laboratoire de Recherche (LARTES), ils ont toujours attendu le soutien de bailleurs pour pouvoir mener leurs travaux de recherche. Ce qui, à son avis, a impacté sur le volume des travaux de recherche. Il invite ainsi la communauté des chercheurs à assurer la jonction avec le milieu de développement car « le savoir pour être utile doit être tourné vers nos sociétés ».

Montrant le décalage que les chercheurs ont par rapport aux attentes de la société, M. Fall a brandi les résultats d’une étude qui révélait que près de 95% des nouveaux emplois enregistrés sur le marché sont offerts par l’économie populaire qui, jusque-là, n’est pas encore enseigné à l’université. M. explique, en partie, l’écart souvent noté entre les résultats de recherche et les attentes des populations par le fait que les centres de recherches ont évolué pendant longtemps sans harmonier leur démarche. Un déséquilibre que le CODESRIA tente de réparer depuis sa mise place en 1973.

Une « prouesse » à laquelle ont beaucoup contribué les femmes. Comme l’a souligné le Pr Fatou Sow du Centre national de la recherche scientifique (CRNS) de l’UCAD, l’arrivée des femmes dans le comité scientifique du CODESRIA a beaucoup permis à une ouverture du Conseil en prenant en compte, dans sa démarche, des domaines outre que la politique et l’économie.

Sur cette lancée, le Pr Abderrahmane Ngaidé de l’UCAD, invite à repenser les espaces de production du savoir, mais aussi en introduisant l’histoire dans les analyses de recherches.

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