En Afrique, la corruption demeure l'un des obstacles à la réalisation d'une croissance inclusive et de la transformation structurelle. Toutefois, les inefficacités de gestion dans les secteurs public et privé peuvent également être attribuées à la faible transformation des économies africaines. Alors que le continent a enregistré une croissance économique robuste au cours des dix dernières années, il est encore perçu comme l'une des régions les plus corrompues au monde. Cela a soulevé des préoccupations légitimes quant à la crédibilité et la fiabilité des approaches actuelles de mesure de la corruption. La CEA reconnait qu'il ya en effet des problèmes liés à la mesure de la corruption, en particulier dans le contexte africain, problèmes qui méritent d'etre explorés davantage.
La prochaine édition spéciale du Rapport sur la gouvernance en Afrique qui a pour titre «mesure de la corruption en Afrique: la dimension internationale» met l'accent sur l'importance de mesurer la corruption et sur la compréhension de sa dimension internationale. Le rapport souligne que les approches actuelles de mesure de la corruption, majoritairement basées sur la perception ont des insuffisances méthodologiques importantes. Les indices basés sur la perception ne s'intéressent généralement qu' à fournir un classement des pays ce qui permet d'indexer les bons et les mauvais élèves sans pour autant fournir une évaluation crédible de la corruption en Afrique.
Le rapport certes reconnait l'utilité de ces indices dans l'information sur le discours de la gouvernance régionale et mondiale, il met toutefois en exergue leur incapacité à fournir des informations utiles et des recommandations pratiques pour informer de façon adéquate les réformes politiques dans la région. Inversément, les indices alternatifs non basés sur la perception ou les méthodes objectives d'évaluation de la corruption restent insuffisamment développés. Fait plus préoccupant encore: ces indices ignorent complètement la dimension internationale de la corruption qui est très essentielle dans sa compréhension en Afrique. La dimension extérieure et transnationale de la corruption en Afrique, perpétrée à travers les activités des entreprises multinationales doit être étudiée.
Le quatrième Rapport sur la gouvernance en Afrique appelle les pays africains et leurs partenaires à mettre l'accent sur les approches basées sur des faits avec un critère quantitatif plus objectif. D'ici là, l'utilisation des méthodes fondées sur la perception doit se faire avec prudence sur des enquêtes plus transparentes et plus representatives. Elles doivent être, si possible, complétées avec des indicateurs quantitatifs spécifiques pour produire des mesures plus sophistiquées et plus utiles de la corruption. Une telle approche permettra de générer des recommandations concrètes pour des réformes politiques visant à construire des institutions solides de gouvernance pour la transformation structurelle.
Dans la préparation du quatrième Rapport sur la gouvernance en Afrique, la CEA a grandement bénéficié des contributions d'experts lors d'une réunion ad hoc de groupe d'experts tenue le 10 Décembre 2015 à Addis Abéba, en Ethiopie, qui a suivi une première réunion à l'interne au sein de la CEA. Le rapport sera lancé lors de la neuvième Réunion annuelle conjointe du Comité technique spécialisé de l'Union africaine chargé des finances, des affaires monétaires, de la planification économique et de l'intégration et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la Commission économique pour l'Afrique qui aura lieu du 31 Mars au 5 Avril 2016 à Addis Abéba, en Ethiopie.