Accra, Ghana — La mise en place d'une Zone de libre-échange continentale (ZLEC) permettra aux pays africains de changer la structure de leur commerce; la société civile aura pour mission de s'assurer de la transparence et de l'inclusion des négociations ainsi que de la mise en œuvre de l'accord. M. David Luke, Coordonnateur du Centre africain pour la politique commerciale (CAPC) de la CEA, présent au Colloque du Réseau du Tiers monde (TWN) sur la ZLEC indique que la recherche de la CEA révèle que « d'ici 2022, le commerce intra-africain augmenterait de 50 pour cent et dépasserait la base de 2012 s'il existe un libre-échange continental d'ici à 2017 ».
M. Luke souligne les progrès en ce qui concerne les négociations de la ZLEC, les défis et les opportunités stratégiques clés en jeu et le rôle essentiel des Organisations de la société civile (OSC) pour s'assurer du bon déroulement des consultations, de la transparence et de l'exhaustivité du processus de négociations et de mise en œuvre de la ZLEC.
Lors de son discours d'ouverture, M. Luke fait allusion à l'importance de la ZLEC en tant qu'une initiative phare aux fins de « stimuler le commerce intra-africain, consolider les marchés africains et renforcer l'intégration régionale » et ce dans le cadre de l'Agenda 2063 de l'Union africaine. Il ajoute que la ZLEC a le potentiel de contribuer de manière significative à la croissance économique durable, au développement des infrastructures, à la création d'emplois, à la réduction de la pauvreté, aux investissements directs locaux et étrangers, créant ainsi des conditions favorables au changement structurel et au développement industriel.
Les négociations concernant la ZLEC ont été officiellement engagées lors du Sommet de l'Union africaine en juin 2015, à Johannesburg, en Afrique du Sud; la date limite pour la mise en place de ladite était fixée à 2017. L'instance de négociation de la ZLEC a tenu sa première réunion en février 2015, au siège de l'UA, à Addis-Abeba, en Éthiopie.
Le colloque, organisé conjointement par la CEA et le TWN, a été organisé pour réunir les OSC du continent africain en vue de délibérer sur la question de la Zone de libre-échange continentale: les défis internes et les menaces externes et une réunion stratégique de la société civile pour promouvoir le commerce et le développement l'Afrique. Les experts de la société civile venant de toute l'Afrique, la Commission de l'Union africaine, la CEA et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme qui étaient présents à cette réunion, avaient pour but de créer un Plan d'action pour la participation des OSC à la ZLEC.
Les politiques clés doivent être abordées pour permettre aux pays africains de tirer pleinement parti de la ZLEC. M. Luke souligne que « de meilleures mesures de facilitation du commerce » et « des disciplines sur les obstacles non tarifaires », ainsi que les défis tels que garantir que les groupes marginalisés récoltent les avantages économiques de cet accord soient abordés. Il ajoute que les pays devront identifier des sources de revenus alternatives aux taxes commerciales et trouver des solutions contre les conséquences sur l'égalité de genre et l'environnement ainsi que la situation économique des pays africains les moins avancés (PMA).
M. Luke insiste que la solution à ces défis politiques réside en l'importance du rôle de la société civile dans la sensibilisation et la promotion de politiques appropriées, à la fois lors de la négociation et de la mise en œuvre de la ZLEC. Il voit en ces OSC, un mécanisme important capable de scruter l'impact des propositions de la ZLEC, d'identifier les parties concernées, de soutenir les acteurs dans les débats nationaux et de garantir les principes d'équité, des droits de l'homme et de durabilité de la ZLEC.
Les délégués font remarquer que le succès de la ZLEC se trouve dans les services complémentaires, le développement industriel et les réformes du secteur de l'agriculture; un impact plus large se fera ressentir par une meilleure sécurité alimentaire, un meilleur développement rural, une meilleure productivité et une participation accrue dans les chaînes de valeur agricoles.
M. Luke appelle les OSC à œuvrer pour la réalisation de ces principes grâce aux outils tels que «les études d'impact, les audits, les études et autres contributions analytiques et populaires », ainsi que « l'engagement et la mobilisation des médias » pour prévoir des canaux d'activités de plaidoyer pour les préoccupations.
En conclusion de son discours d'ouverture, M. Luke fait remarquer l'occasion qu'offre la ZLEC de changer la structure du commerce africain, l'importance du rôle de la société civile et la présence de la CEA, par le biais de son Centre africain pour la politique commerciale, « prête à travailler avec la société civile pour garantir la transparence, les consultations et l'inclusion dans les négociations de la ZLEC et la mise en œuvre d'un accord ».