Les Etats africains sont invités à mettre la main à la poche pour mieux financer les travaux scientifiques et technologiques. C’est l’une des recommandations fortes issues du Next Einstein Forum (NEF) qui s’est tenu du 08 au 10 mars 2016 au Centre International de Conférence Abdou Diouf de Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de Dakar. Ces assises s’étaient donné comme objectif de départ de « relier la science et l’humanité ». A cet effet, la communauté scientifique souhaite que d’ici 2025 chaque Etat africain parvienne à consacrer 1% de son Produit Intérieur Brut (PIB) à la recherche scientifique et de l’innovation. Par la même occasion, elle revendique une place de choix dans la définition des politiques publiques destinées au développement du continent.
Après avoir clairement démontré sur toutes les facettes l’apport que la science et l’innovation peuvent avoir sur le développement socio-économique de l’Afrique, la communauté des chercheurs a clairement démontré les potentialités africaines existantes dans le domaine de la science. A cet effet, elle revendique l’accompagnement d’une volonté politique pour mieux le mettre à profit.
Dans les interpellations sanctionnant les travaux du Next Einstein Forum (NEF) qui s’est tenu du 08 au 10 mars au Centre de Conférence de Diamniadio, situé à une trentaine de kilomètres de Dakar, l’Etat africain est appelé à jouer les premiers rôles dans la promotion de la science.
Les recommandations de cette rencontre ayant réuni plus de 80 pays, de plus de 500 personnalités, de plus de 100 Organisations, de la communauté scientifique, de l’industrie, de la société civile, des média, des décideurs de tous les continents invitent les Etats africains à avoir des politiques de formation dans la recherche scientifique et le développement technologique. Le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du Sénégal, l’a fait savoir aux médias lors d’une conférence de presse qu’il a animée ce jeudi 10 mars.
Investir 1% du PIB dans la science et les technologies
Ces acteurs engagés pour la même cause, convaincus que seule une jeunesse armée d’une connaissance scientifique du monde sera capable de résister à l’obscurantisme et à son cortège de violences et de discriminations, s’engagent résolument à orienter les systèmes éducatifs de leurs pays vers les STIM. Ainsi, attachés à combattre les discriminations liées au genre, nous nous engageons à promouvoir l’orientation des femmes vers les STIM.
Pour la réalisation de cette vision, le volet financement occupe une place de choix. A ce sujet, M. Mary Teuw Niane avise que Etats ainsi que secteur privé sont appelés à concrétiser cette volonté. Ce qui, à son avis, n’exclut pas l’apport des partenaires techniques et financiers dans ce domaine. « Pour un développement de la science en Afrique, il faut des financements domestiques, après viendront s’ajouter l’apport des bailleurs qui devra être renforcé ». A ce sujet, consciente du coût d’une telle orientation des systèmes d’enseignement supérieur vers les STIM, la communauté du NEF s’engage à augmenter les investissements dans la S&T en vue d'atteindre 0,7 % du PIB d'ici 2020 et 1 % du PIB d'ici 2025.
Après avoir déniché les courroies de transmission entre la science et l’humanité, communauté des scientifiques, gouvernants, société civile entre autres acteurs ayant pris par à ces assises de Diamniadio appellent à faire émerger de jeunes talents africains dans le domaine des sciences. Ce qui, à leur avis, nécessite la révision des programmes de formation depuis le niveau primaire jusqu’au cycle supérieur. C’est dans ce sens que le NEF et IBM Research ont signé un protocole d'accord pour lancer le programme des scientifiques. Un acte qui, selon Arun Sharma du NEF et Solomon Assefa d'IBM, va participer à l’éclosion de jeunes scientifiques africains. Ce qui va développer une nouvelle manière de conception de la science compte tenu des préoccupations sociales, économiques, politiques, environnementales du continent.
Sur cette même lancée, il est jugé nécessaire de faire émerger les centres d’excellence, mais aussi d’instaurer des prix Nobel dans le domaine des sciences en Afrique.
Nécessité d’un dialogue sur l’interrelation eau-énergie-nourriture
Dans la matinée de ce dernier jour du NEF, le Président de la Banque Africaine de Développement (BAD), a insisté sur la nécessité d’instaurer un dialogue sur l’interrelation eau-énergie-nourriture compte tenu des impacts des changements climatiques sur l’agriculture africaine, principale source d’espoir pour la croissance du continent. Dans ce même ordre d’idée, M. Adesina Akinwumi, à travers un message délivré au NEF, appelle les pays africains à attirer les gros investissements pour régler le problème de l’accès au financement. Pour lui, il faut renforcer l’engagement commun en renforçant l’aspect genre.
Le Secrétaire Général des Nations-Unies, dans un message lu à l’assistance, appelle au renforcement du pouvoir des scientifiques qui réclament une place de choix dans la définition des politiques de développement. Réitérant son appui à la technologie et à l’innovation en Afrique, M. Ban Ki Moon invite les Etats à rendre la science accessible aux femmes et aux filles. A cela, il ajoute la facilitation à l’inclusion financière.
Au terme de ces trois jours d’échanges, il est établi que la science et les technologies ont un enjeu certain pour le continent. Ce qui fait dire à Mary Teuw Niane qu’il est devenu impossible de concevoir un développement quel qu’il soit sans ces deux leviers. C’est ainsi que les Etats sont invités à utiliser la science et la technologie dans les politiques de développement. « Une fleur commence à s’élever et sans doute l’Afrique est sur la bonne rampe pour le retour de la science dans le continent ». Un rappel qui a permis de remettre sur la table les réalisations d’un grand penseur comme Cheikh Anta Diop avec le Carbon-14. Pour M. Niane, cette volonté commence en donnant aux chercheurs africains la possibilité de réaliser des travaux d’analyse très poussés à domicile et non ailleurs.
Les rideaux sont ainsi tombés sur ce NEF 2016 avec un brin d’espoir. Une dynamique est née de cette rencontre de Diamniadio. Une volonté est affichée pour faire évoluer la science au profit du développement du continent. Un début d’avancées est ainsi attendu d’ici le prochain Next Einstein Forum prévu en mars 2018 à Kigali.