Addis-Abeba — La Commission économique pour l'Afrique a organisé le 2 avril 2016, en marge de la Conférence des Ministres africains des finances, de la planification et du développement économique, un événement parallèle intitulé « la Migration en Afrique : enjeux, défis et opportunités ».
Animé par un groupe d'éminents experts comprenant notamment M. Ibrahim Assane Mayaki, Directeur Exécutif du Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique, (NEPAD), M. Moustafa S. Kaloko, Commissaire de l'Union Africaine, chargé des Affaires sociales, Professeur Mariama Awumbila, du Centre d'études des migrations de l'Université du Ghana, et Mme Takyiwaa Manuh, Directrice de la division des Politiques et du Développement Social de la CEA,ce panel a débattu entre autres et de manière intense de la migration en Afrique.
Pour M. Ibrahim Assane Mayaki qui présidait le panel «la migration n'est pas un fait nouveau mais un sujet d'une brulante actualité en Afrique avant de s'appesantir sur les nombreuses recherches menées dans le domaine que nos Etats doivent utiliser de manière rationnelle pour élaborer des bonnes politiques prenant en compte les intérêts de nos populations». «La responsabilité de chaque gouvernement doit être de savoir gérer de façon cohérente la migration afin qu'elle contribue grandement au développement du continent », a-t-il noté.
Quant à M. Moustafa S. Kaloko, Commissaire de l'Union Africaine, la migration présente plus d'opportunités que de défis. C'est pourquoi, il s'est longuement penché sur ces opportunités. Ainsi a-t-il dit « les envois des fonds de fonds vers l'Afrique ont quadruplé entre 1990 et 2010 atteignant près de 40 milliards de dollars en 2010, ce qui équivaut en moyenne à 2,6 pour cent du produit intérieur brut de l'Afrique. Depuis 2006, ces envois ont été la plus grande source d'entrée de capitaux étrangers en Afrique, derrière l'investissement direct étranger».
M. Kaloko a ensuite plaidé pour une planification de la migration dans les politiques, stratégies et programmes nationaux et régionaux de développement afin que l'Afrique soit un continent attrayant capable de retenir ses fils et filles et de faire revenir mêmes ceux qui y sont partis.
Dans la même veine, Mme Takyiwaa Manuh a affirmé que «la migration a d'énormes conséquences sur la réduction de la pauvreté a travers les milliards de dollars envoyés qui contribuent à l'épargne, l'investissement, le bien être des personnes, l'amélioration de la résilience, la création d'emplois et des services». Elle a en outre évoqué avec force détails «le manque de données appropriées qui constitue un obstacle majeur à une meilleure compréhension des dimensions des migrations internationales en Afrique qu'il faut incontestablement compenser».
Intervenant de son côté, leProfesseur Mariama Awumbila, du Centre d'études des migrations de l'Université du Ghana a dit qu'aujourd'hui « la migration a pris de l'ampleur et s'opère de différentes manières et pour de nombreuses raisons avant de déplorer le manque de données réelles et de documents sur les migrations internationales dans la plupart des pays intéressés qui demeurent un problème fondamental auquel il faut y remédier en renforçant les bureaux des statistiques qui donnent des informations sur la migration».
Les débats issus de ce panel de haut niveau ont permis de faire ressortir que l'Afrique doit (i) créer les meilleure conditions visant à tirer profit de la migration en la percevant comme une opportunité à saisir et non comme un problème, (ii) créer une institution continentale afin de gérer spécialement la migration qui prend de plus en plus de l'ampleur au niveau du continent (iii) trouver des solutions adéquates au problème de la migration en créant des fonds pour les jeunes avec l'appui de l'Europe terre d'accueil de la majorité des migrants, en vue de générer des emplois en leur faveur (iv),de promouvoir le dialogue entre le fournisseurs et les utilisateurs des données sur les migrations aux niveaux national et régional (iv), améliorer les méthodes utilisées pour l'élaboration des statistiques sur la migration (v), renforcer le dialogue et la coopération entre les pays en tenant compte des intérêts et des points de vue des pays d'origine, de transit et d'accueil (vi), renforcer la protection des migrants et lutter contre les menaces telles que les attaques xénophobes ou le racisme dans le pays de destination, (vii) profiter du partenariat stratégique entre l'Union Européenne et l'Union Africaine ou la migration occupe une place de choix pour débattre de fond en large de la question et en tirer le maximum de profit possible.