L'Afrique au Sud du Sahara peut gagner 500 milliards de dollars US chaque année et pendant 30 ans si elle parvenait à capturer le Dividende Démographique. La révélation a été faite par le Directeur Général du bureau Afrique de l'Ouest et du Centre du Fonds des Nations Unions Unies pour la Population (UNFPA/WCARO). M. Mabingué Ngom procédait au lancement officiel, ce mercredi 20 avril à la station balnéaire de Saly Portudal (Sénégal), d'un atelier technique régional pour les capacités techniques des pays dans la maitrise de la mesure et de l'analyse du Dividende Démographique (DD) par la méthode des Comptes de Transferts Nationaux.
La capture du Dividende Démographique (DD) procurera plus de bénéfices à l'Afrique qu'aux différents programmes de développement ou d'investissement envisagés dans le continent.
En marge du lancement officiel d'un atelier sur la question, le Directeur Général du bureau Afrique de l'Ouest et du Centre du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA/WCARO) révèle que la capture du Dividende Démographique permettra à l'Afrique au Sud du Sahara de gagner au moins 500 milliards de dollars US chaque année pendant au moins 30 ans.
Mabingué Ngom qui s'adressait à la presse fait remarquer que cette manne représente beaucoup plus que l'aide au développement que l'Afrique au sud du Sahara reçoit des Partenaires Techniques et Financiers (PTF). C'est ce qu'ont semblé comprendre les Chefs d'Etats africains qui ont convenu, lors du sommet de l'Union africaine tenu en janvier 2016 à Addis Abeba, de faire du Dividende Démographique, le thème de leur réunion de 2017.
Sur cette même lancée, les gouvernants du continent ont donné mandat à l'UNFPA, en collaboration à la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), la Banque Africaine de Développement (BAD), le NEPAD et la Commission de l'Union Africaine de préparer et soumettre une feuille de route à l'occasion du sommet des chefs d'Etat prévu à Kigali dans deux à trois mois.
Un ensemble d'actions qui permet à M. Ngom de dire que l'Afrique est dans une dynamique d'actions concrètes pour passer de la définition de politiques à l'identification de programmes concrets sur le terrain pour faire en sorte que l'Afrique puisse tirer profit de cette opportunité qui est le Dividende Démographique.
Le temps de l'action
Le programme pour la réalisation du Dividende Démographique vient de boucler sa première année depuis son lancement en Afrique. A l'heure d'un premier bilan, M. Ngom estime qu'«il nous faut vraiment passer à l'action. Nous ne voulons plus être dans le bavardage mais dans le concret en faveur des populations ».
Le Directeur Régional de l'UNFPA/WCARO fait savoir que beaucoup de choses sont en cours de réalisation. Il évoque ainsi l'atelier régional sur la mesure du Dividende Démographique, lancé le mercredi 20 avril à Saly Portudal (Mbour, Sénégal).
Une rencontre qui est destinée aux capacités techniques de la Cote d'Ivoire, du Burkina Faso, du Tchad, du Niger et de la Guinée, dans la maîtrise de la mesure et de l'analyse du Dividende Démographique par la méthodologie des Comptes Nationaux. Les équipes multi sectorielles qui y prennent part devront, au retour de leur pays, constituer la cheville ouvrière pour la conduite de l'exercice de capture du DD.
Dans cette même veine, M. Ngom y ajoute l'Initiative Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (SWEDD), initié en partenariat avec la Banque mondiale, pour un financement de 210 millions de dollars dont le lancement s'est tenu le deux novembre passé à Niamey (Niger).
A l'en croire, d'ici le 20 juin 2016, avant le symposium que l'UNFPA/WCARO va tenir à Dakar, les six pays du SEWEDD auront bénéficié d'une formation. « Nous aurons une équipe d'une dizaine de personnes pour démultiplier ces formations et engager des actions concrètes sur le terrain ».
Il y a ajouté l'atelier de formation organisé il y a quelques jours à Abidjan, sous la présidence du Premier Ministre de ce pays.
Avant d'y greffer le dépouillement, prévu la semaine prochaine à Dakar, des demandes de financement de projets en provenance des pays que va financer le programme commun, Le SWEDD.
Pour M. Ngom, « il se passe beaucoup de choses également et j'ai espoir que si nous continuons le momentum, nous aurons un avenir assez brillant pour le continent ».
Les responsables de l'UNFPA portent un message de continuité mais dans l'action. Ils ne veulent plus des réunions à n'en plus finir et des déclarations d'intention mais l'engagement de tout un chacun parce que « l'avenir de ce continent dépend des actions que nous allons poser dans les prochains semaines et mois à venir », souligne Mabingué Ngom.
Dans cette dynamique, l'UNFPA invite les pays à garder le regard sur des actions ambitieuses sur le terrain en faveur des jeunes et la jeune fille en particulier. L'organisation onusienne compte sur un leadership des pays africains qui, à son avis, doivent montrer un engagement encore plus fort pour convaincre leurs partenaires au développement de la nécessité de mettre à leur disposition et des programmes de jeunes, les ressources massives nécessaires pour sortir le continent de sa situation actuelle.
Pour mesurer l'impact des actions sur les populations, l'UNFPA et ses partenaires comptent mettre en place un système qui leur permettra de suivre les résultats concrets menés sur le terrain. « Nous pouvons pas nous payer le luxe de rater les échéances ou les objectifs que nous nous sommes fixés », précise Mabingué Ngom.
Réactions de certains participants…
Adekela Aboubacar, Directeur des Statistiques du Ministère de la Santé Publique du Niger : « Nous allons aider les décideurs à réorienter les nouvelles stratégies de développement »
« Le Niger est l’un des pays qui ont le plus grand taux de fécondité. L'Initiative Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (SWEDD) reste une opportunité pour relever le défi. Notre président de la République a été l’un des initiateurs de ce projet. Ce qui prouve tout notre engagement pour améliorer dans sa globalité l’état de santé de nos populations et particulièrement celles des plus vulnérables qui sont les femmes et les enfants. Nous avons pris part à cette rencontre de Dakar pour avoir des méthodologies qui vont nous permettre de réduire cette fracture pour le Dividende Démographique. Mais également pour porter auprès de nos principaux décideurs une idée de réorienter les nouvelles stratégies qui sont porteuses pour que ce projet puisse porter ses fruits dans un proche avenir ».
Dabsou Guidaoussou du ministère de la santé publique du Tchad : « Nous voulons des méthodes qui nous permettront d’élaborer notre profil démographique »
« Nous sommes là pour parvenir à nous approprier des méthodes qui nous permettront de pouvoir élaborer notre profil démographique que ça soit au niveau de la santé ou de l’éducation. A cela s’ajoutent les affaires sociales à travers la promotion du statut de la femme. Notre équipe est constituée d’agents de différents départements ministériels. Tout cela est coordonné par l’Institut Nationale de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographique avec l’appui des financiers qui donnent un coup de pouce par rapport à l’information financière.
Kouma Madassa du Ministère du Plan et du Développement de la Côte d’Ivoire : « Dans notre pays, le projet de Dividende Démographique est porté au plus haut niveau »
« En Côte d’Ivoire, le projet de Dividende Démographique est porté au plus haut niveau. Le Premier ministre s’en est approprié, de même que le ministre du Plan et du Développement. Ce qui nous à amener à introduire la question du Dividende Démographique dans notre Plan national de développement 2016-2020. Au niveau du pays le Dividende Démographique est partie intégrante des différentes actions que le gouvernement aura à mener bien au delà de 2020. La Côte d’Ivoire est représentée à cet atelier avec une délégation de 15 personnes parce que nous avons voulu ratisser large. Nous savons que les secteurs clés sur lesquels intervenir c’est l’éducation et la santé. Ce sont des ministères voraces en termes de consommation des dépenses publiques. Avec les leçons apprises ici, nous avons des éléments à proposer aux autorités publiques pour prendre des décisions stratégiques. Mais nous comptons ratisser large ».
Dr Mamadou Touré, l’assistant du ministre en charge du budget de la Guinée : « Notre pays doit jouer un rôle de leader dans la lutte pour le Dividende Démographique »
« La présidence de l’Union Africaine doit revenir à la Guinée au prochain sommet. Ce qui voudrait dire que notre pays doit jouer un rôle de première place dans ce combat pour le Dividende Démographique. Il y a des initiatives qui ont été prises dans ce sens. Mais il faut se dire qu’il y a encore des efforts à faire car on reste dans le cadre des politiques et initiatives globales. Alors que pour pouvoir ouvrir la fenêtre du Dividende Démographique, il faut pouvoir ouvrir des fenêtres ciblées. A notre retour, nous devons engager une campagne de plaidoyer afin notre pays puisse être prêt à assumer le rôle qui sera le sien lors du prochain sommet de l’Union africaine. C’est un processus qui est engagé et qui doit continuer. Il y a un agenda en cours et qui prévoit même la mise en place d’un observatoire d’ici la fin de l’année ».
Moussa Sidibé de l’ambassade de Guinée à Addis Abeba : « Le sommet de 2017 va permettre la prise en compte des préoccupations de la jeunesse dans les stratégies de développement »
« La jeunesse constitue une couche très vulnérable et qui représente, dans certains pays africains, 65% de la population. C’est une frange qui n’est pas totalement pris en charge dans les stratégies de développement économique de nos Etats. C’est pourquoi le Dividende Démographique met un accent particulier sur l’intégration, l’autonomisation de la jeunesse en vue d’un développement durable du continent. Cet atelier va outiller les participants et faire en sorte que la question de la jeunesse soit intégrée dans le processus de développement de nos pays. Addis Abeba constitue une plateforme très importante dans la prise de décision dans tous les domaines. Le sommet de 2017 qui portera sur le Dividende Démographique avec l’accent particulier sur la jeunesse permettra à nos Etats, surtout au niveau des chefs d’Etat et de gouvernements, de prendre des décisions pour engager le continent dans la résolution des problèmes de la jeunesse. »