Quatre Caritas du Sahel vont se réunir pour mener des actions d'assistance en faveur des migrants prisonniers dans leur pays de chute. Cette option est un pan du plaidoyer qui a sanctionné le séminaire du Réseau des Caritas du Sahel, du Nord de l'Afrique et d'Europe sur la crise migratoire et les droits humains qui s'est tenu du 19 au 21 avril 2016 à Dakar.
Le sort des migrants détenus dans leur pays d'accueil inquiète grandement les Caritas du Sahel. C'est ainsi que des Caritas de l'Afrique de l'Ouest entrevoient leur rôle dans la migration en mettant en commun leurs forces pour définir la démarche à adopter afin d'apporter une assistance aux migrants incarcérés dans leur pays de chute.
Cette décision fait partie d'un plaidoyer que les Caritas du Burkina Faso, du Mali, du Niger, et celui Sénégal ont convenu de mener à l'issue d'une réflexion que les Caritas du Sahel, du Nord de l'Afrique et d'Europe ont mené, du 19 au 21 Avril 2016, à Dakar, autour du thème : « Crise migratoire et droits humains. Quels rôles, quelle action pour les Caritas du sahel, d'Afrique du Nord et d'Europe ?
Le Secrétaire Général de Caritas Sénégal, Abbé Alphonse Seck qui a partagé les conclusions de ces assises avec la presse avise que les Caritas ont décidé, dans les actions à mener, d'appuyer le principe de libre circulation des personnes et des biens au sein de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Une démarche qui prêtera plus d'attention aux femmes qui sont dans la migration et qui sont porteuses de projet.
La dimension spirituelle n'est pas exclue dans ledit plaidoyer. Les Caritas de ces quatre pays de l'Afrique de l'Ouest vont ainsi baser ce principe sur la sacralité de la vie humaine, la solidarité et la destination universelle des biens.
Pour la bonne mise en place de cette vision, ces Caritas ambitionnent d'aller au-delà de l'opérationnel en faisant un focus sur la recherche-action. Ils ont prévu la mise en place d'un comité de pilotage sous la coordination de Caritas Sénégal.
Au Sahel, les Caritas veulent utiliser la dimension transfrontalière à travers des programmes que partagent certains pays d'une même zone sur le plan migratoire. Face à ces caractères transfrontaliers et transcontinentaux de la gestion migratoire, à l'insécurité, aux foyers de tension, aux conflits et aux guerres, les Caritas du Sahel et de l'Afrique du Nord entendent s'impliquer davantage avec un dispositif cohérent, impliquant les bureaux Caritas à travers un schéma et un agenda complémentaire, capable d'apporter des solutions durables, et même d'influencer positivement la formulation des politiques de migration en Afrique et en Europe.
Cette réunion de Dakar marque ainsi un tournant dans l'engagement du réseau des Caritas dans la gestion des flux migratoires. Il a été identifié et adopté des pistes de travail commun qui permettent à la fois une meilleure collaboration entre Caritas et l'amélioration de leur action dans la gestion de la question migratoire.
A côté de ceux du Sahel, les Caritas de l'Afrique du Nord et ceux d'Europe comptent travailler en étroite collaboration notamment dans le partage d'informations utiles et ciblées sur la migration. Il faut rappeler que des réseaux Caritas de l'Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) et d'Europe (Allemagne, Espagne, France, Italie, Belgique) ont fait le déplacement à Dakar.
Avec leurs homologues de l'Afrique de l'Ouest, ils se liguent pour se battre pour un engagement institutionnel de leurs organisations sur le plan migratoire. Ce qui, de l'avis de Abbé Alphonse Seck, conduit à bâtir des stratégies, désigner des points focaux, mieux impliquer la problématique de la migration dans leur politique.
Il faut rappeler que cette rencontre a été organisée à l'initiative de Caritas Sénégal et du Secours Catholique/Caritas France. Pour le réseau Caritas, la région Afrique en général, et sa sous-région Afrique du Nord en particulier, ont été projetées au-devant de la scène internationale depuis que la gestion des dynamiques migratoires autour de la Méditerranée a pris l'allure d'une forme policière.
Une gestion marquée également par les limites des approches adoptées avec des drames récurrents dont les chiffres et statistiques au décompte des victimes sont hallucinants. C'est à l'image du bateau de migrants ayant chaviré dans la Méditerranée le week-end du 16 au 17 avril et qui a occasionné la morts de 500 personnes, dont la majorité est africaine alors qu'elles tentaient de rallier l'Europe.
De ce séminaire international se dessinent davantage de synergies entre les actions et les interventions des réseaux Caritas dans la gestion de la crise migratoire et de contribuer à l'amélioration de la protection des droits humains des migrants.