Afrique: Grande muraille verte - Appel à l'action après 10 ans d'existence

4 Mai 2016

Les autorités des pays africains ayant en partage la bande sahélo-saharienne, et qui sont traversés par la Grande Muraille Verte (GMV) sont appelées à passer à l'action. L'invite a été faite par le Secrétaire Exécutif de l'Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte. Le Pr Abdoulaye Dia s'adressait aux autorités, Partenaires Techniques et Financiers (PTF), défenseurs de l'environnement. C'était à l'ouverture officielle de la 1ère conférence sur la GMV ce mardi 3 mai à Dakar dont l'objectif est de susciter un engagement financier des Partenaires Techniques et Financier pour la réalisation de la Stratégie 2015 – 2020.

Les responsables en charge de la Grande Muraille Verte (GMV) appellent les gouvernants africains et la communauté internationale à l'action pour la réussite de ce projet. Le Secrétaire Exécutif de l'Agence Panafricaine qui gère cette initiative a saisi l'opportunité que lui a offerte l'ouverture officielle de la conférence sur le projet, ce mardi 3 mai à Dakar, pour interpeller tous les acteurs de la nécessité d'élever le rythme. La rencontre a été présidée par M. Abdoulaye Bibi Baldé, ministre sénégalais de l'environnement et du Développement Durable avec la présence de ses homologues du Ghana, du Burkina Faso, du Soudan, du Niger ou de leur représentant.

Ainsi, après 10 ans d'existence de la Grande Muraille Verte, la pertinence de l'initiative ne souffre d'aucune incongruité ainsi que sa viabilité. Le cadre stratégique, la promotion pour l'appropriation du projet chez les populations et la communauté internationale ainsi que le début de la mise en œuvre des actions ont été réalisés. Sur le plan scientifique, l'approche ne semble poser aucun problème. Ce qui propulse le projet au-delà de son simple caractère d'activité de reboisement ou de restauration des sols dégradés. D'où un glissement généralisé pour l'amélioration de la sécurité alimentaire, environnementale et économique et aider les collectivités à s'adapter aux changements climatiques.

La dernière Conférence internationale sur le climat à Paris (Cop 21) confirme l'attention que la communauté internationale porte à ce projet dont les objectifs sont de planter une coulée verte de 7 600 km de long sur 15 km de large à travers le continent africain, de la Mauritanie à Djibouti, pour ralentir l'avancée du désert, améliorer la gestion des ressources naturelles et lutter contre la pauvreté. A cette occasion,  les dirigeants du monde avaient renouvelé leur appui à l'initiative Grande Muraille Verte en promettant un appui financier de 4 milliards de dollars au cours des 5 prochaines années pour la restauration des paysages d'Afrique.

Au même moment, près de 10 ans après le lancement de l'initiative par les chefs d'État et de gouvernement africains en 2007, le point sur les résultats obtenus en matière de gestion durable et de restauration des terres, des actions s'impose.

« 10 ans de réalisation, j'appelle à l'action. Il ne s'agit pas de faire des annonces, il faut que ça soit du concret », avance le Pr Abdoulaye Dia, qui confie que c'est dans ce sens qu'il est envisagé la tenue d'un conseil des ministres à Dakar, les 13 et 14 juin prochains. Une rencontre cruciale qui sera précédé par une réunion des experts les 11 et 12 du même mois.

« On ne va pas se contenter des annonces de financement. C'est pour cela que cette réunion, organisée par l'Union africaine, était de faire une table ronde des bailleurs pour mesurer ce qui est possible de capter comme engagements concrets », souligne M. Dia. Au cours de cette Conférence de Dakar plus de 20 pays au nord et au sud du Sahara, les organisations internationales, les instituts de recherche, la société civile et les organisations de base vont discuter de la voie à suivre pour aider l'initiative Grande Muraille verte à exploiter pleinement son potentiel en tant que plus grand programme de développement rural durable de l'Afrique.

Du moment que le secrétaire exécutif du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), M. Djim Adoum a fait savoir que « la dégradation des terres en Afrique constitue une entrave à la croissance économique ». A l'en croire, « plus de 3% de la croissance agricole est perdue chaque année en Afrique du fait de cette dégradation, soit 9 milliards de dollars US ».

Table ronde des bailleurs  pour la stratégie 2015 – 2020

Face à un bilan plus ou moins mitigé de la restauration des sols dégradés ainsi que l'impact des changements climatiques au Sahel, la GMV travaille à obtenir, lors de ce présent Conseil des ministres Pays Africains et des partenaires au développement, un engagement ferme des bailleurs sur un agenda devant définir la stratégie 2015 – 2020dans laquelle il leur sera clairement expliqué les programmes et le résultat attendu. M. Jamal Saghir Conseiller auprès du Vice Président de la Banque mondiale pour l'Afrique estime à six millions de dollars la contribution de l'institution internationale à ce projet.

Au cours de cette présente conférence de Dakar, les partenaires vont définir une feuille de route pour la mise en œuvre de la Promesse de Paris en vue de renforcer les moyens de subsistance des communautés locales et créer une plus grande résilience face aux changements climatiques dans la région.

Malgré les difficultés financières rencontrées, la Grande Muraille Verte pose les jalons dans la restauration des sols dégradés. A titre illustratif, au Sénégal, chaque année, quelques 2000 hectares sont reboisés annuellement de 2008 jusqu'à 2015, concomitamment, avec des activités génératrices de revenues. Ce qui fait dire à M. Dia que « la grande muraille ce n'est pas uniquement du reboisement mais une approche holistique, éco systémique, qui intègre l'ensemble des systèmes de production pouvant permettre de lutter contre la pauvreté, la désertification et d'améliorer les revenus des populations ».

Après la réunion de Paris sur le climat et l'accord universel à New York, l'impact du climat sur toute stratégie de développement de toute politique est jugé nécessaire.

Compte tenu de l'évaluation du cycle quinquennal 2011 – 2015 qui a renseigné sur l'importance des contraintes enregistrées, la nouvelle approche intègre nécessairement les trois conventions à savoir la lutte contre désertification, changements climatiques et pertes de biodiversité.

« L'agence panafricaine de la GMV a actualisé son approche, revu ses programmes en tenant compte de l'élément climat qui a permis de définir cinq portefeuilles de programmes qui contiennent 15 programmes prioritaires d'actions phares tenant compte de l'impact du climat sur le développement, sur les changements climatiques mais également avec une nouvelle contrainte relative à la sécurisation ». Ce qui, de l'avis des techniciens, permettra de répondre à l'un des grands problèmes du Sahel lié au manque de développement socio-économique des terroirs  du moment que l'un des objectifs de la GMV, en relation avec les autres, est de savoir comment créer ou donner de l'espoir à ces terroirs de façon à les fixer.

 

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