40 chefs traditionnels, représentant toutes les provinces de la RDC, se sont réunis à la Gombe pour démontrer leur attachement à la lutte contre les violences sexuelles dans leurs communautés locales.
Au cours de la session de formation, organisée par Bureau du Représentant Personnel du Chef de l’Etat chargé de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants et le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), les hommes et femmes chefs coutumiers ont participé à la formation sur les violences sexuelles et celles basées sur le genre. Ils se sont tous engagés ouvertement à être à l’avant-garde du changement transformateur au sein de leurs propres communautés.
Lors de la présentation des intervenants présents, Jeanine Mabunda, Représentant Personnel du Président Joseph Kabila en matière de lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants, a reconnu que l'atelier avait été organisé à la demande des chefs traditionnels. » Cet atelier s’inscrit de toute évidence dans le cadre du Pilier VI du plan d'action de mon bureau, qui vise à prévenir les violences sexuelles grâce à la formation des leaders d'opinion dans les communautés locales – ils constituent un facteur essentiel afin d’atteindre notre objectif de zéro tolérance dans la lutte contre les violences sexuelles dans l'ensemble de la RDC », a-t-elle ajouté.
Diene Keita, Représentante de l’UNFPA, a fait remarquer que cette activité offre une opportunité d'interagir avec les chefs traditionnels sur les grands principes culturels, aux fins d’appuyer la condamnation, de prévenir les violences sexuelles et de promouvoir des transformations positives qui aideront à changer le paradigme.
En RDC, les pratiques et perceptions traditionnelles servent parfois à justifier les actes de violences perpétrés contre les femmes et les filles, comme les mariages forcés des mineurs. En outre, les victimes de violences sexuelles sont souvent stigmatisées dans leurs communautés et même blâmées pour des actions relevant du fait de leur agresseur, rendant ainsi les victimes réticentes à s'exprimer. Autant cet atelier a formé des dirigeants locaux sur les droits des femmes et des filles, autant il a également autonomisé les survivantes de violences sexuelles en montrant aux dirigeants communautaires que la faute incombe aux auteurs, et non aux victimes.
« Nous remercions le Bureau du Représentant Personnel et l’UNFPA pour l'organisation de cette activité. Tout ce que nous avons appris sera partagé avec nos populations. Vous ne serez pas déçu. Nous tenons également à demander que les partenaires internationaux apportent leur soutien pour aider les victimes dans toutes les provinces de la RDC et pas seulement dans l'Est," a déclaré Nyamayuku, président des chefs coutumiers de la RDC et un chef traditionnel du territoire d'Idiofa dans la province de Bandundu.
Convaincus que la formation se traduirait en changement tangible et transformateur, Nyamayuku a proposé de mener une étude comparative des cas de violences sexuelles au sein des communautés avant et après l'atelier. Cette étude pourrait servir à mesurer l'impact réel de la formation.
"Notre rencontre avec d'autres chefs traditionnels nous a permis non seulement d'élargir nos connaissances sur comment diriger notre peuple, mais aussi de discuter des violences sexuelles avec eux. Le viol est quelque chose qu'ils ne devraient pas oser faire – ce qui a été fait avant ne doit pas se répéter parce que c'est une grande offense/infraction. Ce message sera transmis fidèlement à travers nos villages, » a déclaré Marcel Mapio Esaka, un chef traditionnel de la chefferie des Bateke Nord.
Un chef de Mabenga Kikadi dans la Province du Kasaï s'est dit « très heureux d'avoir suivi la formation sur des leçons importantes à transmettre à nos populations. » Au lieu de poursuivre les punitions traditionnelles contre les auteurs des actes de violences sexuelles, punitions souvent insuffisantes et susceptibles de favoriser une culture d'impunité, les participants à l’atelier ont, en revanche, reçu une formation sur les lois en vigueur de la RDC et les procédures juridiques appropriées. Ils ont été édifiés sur comment ils devraient répondre en cas de viol.
Dr Richard Mukendi a parlé aux participants de la souffrance dont il a été témoin lors du traitement des victimes de violences sexuelles en sa qualité de médecin légiste à l'hôpital de Kintambo. "Parfois les gens ne comprennent pas pleinement le concept de violences sexuelles et ils obligent leurs filles à se marier, même en tant que mineurs. Après avoir participé à cet atelier, ces dirigeants ont reçu des informations précises et sont en mesure d'agir à cet égard. Nous espérons qu'ils mettront un terme à des pratiques coutumières néfastes qui sont contraires à la Loi," a déclaré le Dr Mukendi.
Les chefs traditionnels vont retourner dans leurs communautés, où ils mèneront une initiative de formation de six mois sur le genre et les violences sexuelles au niveau local. À l'issue de cette formation, le Bureau du Représentant Personnel lancera un plan d’actions de suivi pour s'assurer que les leçons apprises lors de l'atelier sont maintenues dans ces collectivités.
En 2014, le Président Joseph Kabila a nommé Jeanine Mabunda en tant que Représentant Personnel chargé de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants. Au cours des deux dernières années, son bureau s'efforce de lutter contre l'impunité, d’apporter des ressources aux systèmes de justice civile et militaire, d’assurer des services essentiels aux victimes, d’autonomiser les femmes et les filles et de mobiliser la société en vue d’arrêter les violences sexuelles en RDC. Le magazine Jeune Afrique l’a nommée comme l'une des 50 femmes les plus influentes africaines.