Le poids des Petites et moyennes entreprises (Pme) n’est plus à démontrer dans l’économie sénégalaise. Elles représentent 90% du tissu économique, 42% des emplois permanents, 30% du chiffre d’affaires, 30% de la valeur ajoutée... Malgré cette embellie, elles souffrent le martyre dans un pays en quête d’emplois pour ses jeunes et des revenus consistants pour financer son économie. Un état de fait qui pollue le cadre d’investissement des Pme s’activant dans l’agriculture qui est un secteur essentiel du Plan Sénégal Émergent (Pse).
L’étude pilote relative au « Cadre d’investissement des Pme agricoles », commanditée par le Bureau de Mise à Niveau des Entreprises du Sénégal (Bmn) dans le cadre de la nouvelle stratégie nationale de développement des Pme, et qui a été présentée ce mardi 17 mai à Dakar, relève un chapelet de contraintes qui entravent l’essor des Pme qui s’exercent dans l’agriculture.
Consultant en évaluation agricole, M. Souleymane Zakaria, auteur de ce travail de recherche égrène une kyrielle de difficultés liées au foncier, l’accès à l’eau, le financement du côté de l’offre avec une réticence des institutions financières. A cela, le Directeur général du Bureau de mise à niveau du Sénégal, M. Ibrahima Diouf y ajoute des contraintes liées à la recherche, au respect des normes de qualité et à l’encadrement mais aussi à l’accès aux débouchés commerciaux.
Un constat qui risque de ralentir les ambitions du Chef de l’État sénégalais qui, dans sa perspective de l’émergence économique du pays à l’horizon 2035, met au centre de son action le secteur agricole, qui, selon le ministre du commerce, « doit faire face au défi de sa modernisation qui passe par la promotion des secteurs d’exportation et d’investissements nationaux et directs étrangers pour impulser la transformation de l’économie ».
M. Alioune Sarr de relever qu’en dépit des nombreux efforts consentis par le Gouvernement pour améliorer le climat des affaires, « la question de la maitrise de la croissance et du développement des entreprises ne cesse de se poser avec acuité, particulièrement dans un contexte d’ouverture de nos frontières de plus en plus marquée ».
M. Sarr de souligner le rappel qu’avait lancé le Président Macky Sall, lors du dernier Conseil des Ministres des Pays ACP/UE, par rapport à l’entrée en vigueur prochaine des Accords de Partenariat Économique entre l’Ue et la Région Ouest Africaine, qui requiert la restructuration et la mise à niveau du tissu industriel des pays africains pour tirer profit des avantages qu’offre cet accord de libre-échange.
Parallèlement, a-t-il poursuivi, « sur le plan multilatéral, les résultats de la dernière Conférence ministérielle de l’Omc, tenue à Nairobi en décembre 2015, si modestes soient-ils, ont eu le mérite d’apporter une lueur d’espoir pour les pays les plus pauvres de la planète pour ce qui est de la participation de leur secteur privé, notamment leurs PME dans le commerce mondial ».
En effet, considère le ministre sénégalais du commerce, « les avancées sur la concurrence à l’exportation, dont l’une des mesures phares engage les pays développés à ne pas subventionner leurs exportations vers les Pays les moins avancés (Pma),les nouvelles règles concernant les entreprises commerciales d’État exportatrices, la décision sur l’accès au marché préférentiel du coton pour les Pma, les frémissements notés pour ce qui concerne les négociations sur les règles, sont autant de concessions concrètes qui pourraient contribuer à créer des marchés plus équitables et durables pour les produits agricoles en faveur de nos pays ».
Dans un autre registre, poursuit Alioune Sarr, « les négociations sur la zone de libre-échange continentale entamées au début de cette année vont à coup sûr et à terme, constituer un terreau fertile à la croissance et au développement de nos 85 mille Pme locales sur un marché qui comptera en 2050 plus de 2,5 milliards d’africains ».
Dans cette perspective, et avec la Loi sur le Développement des Pme et la Modernisation de l’Économie en gestation, confie-t-il, « la priorité sera donnée aux secteurs stratégiques au sein desquels les avantages comparatifs et des potentiels de croissance sont les plus marqués tels que l’agro-industrie, et les Pme, grâce au renforcement de leur productivité, de leur développement et de leur financement ».
Le financement de chaine de valeur agricole pour relever la pente
Face à un tableau peu reluisant des entreprises qui évoluent dans le secteur agricole, l’étude tente de relater comment développer, promouvoir et assurer la croissance et la compétitivité des Pme à travers leurs cadres d’investissements facilitant ainsi l’accès au financement.
Articulée au Plan Sénégal Emergent et en parfaite cohérence avec les nouvelles orientations agricoles déclinées à travers le Programme d'Accélération de la Cadence de l'Agriculture Sénégalaise (Pracas) et le Programme d’Autosuffisance en riz en 2017, « l’Etude pilote se veut comme une contribution à la modernisation agricole à travers une mise à niveau stratégique et opérationnelle du secteur agricole », fait remarquer le ministre du commerce du Sénégal.
C’est ainsi que le consultant a listé des recommandations notamment opérationnelles, parmi lesquelles l'appui à la structuration des Pme agricoles sur les chaines de valeur pour une meilleure cohérence avec les institutions financières dans le but de les rendre plus attractives.
Sur cette lancée, M. Souleymane Zakaria y greffe la mise en place d'un programme de niveau des infrastructures rurales et agricoles mais également la mise à niveau des PME en référence aux pratiques optimales et outils modernes de gestion des chaines de valeur agricole etc.