Des organisations de la société civile africaine, coachées par Amnesty International, demandent le départ de Yaya Jammeh de la tête de la Gambie. Elle a l’a exprimé lors d’une conférence de presse tenue, ce jeudi 2 juin à Dakar, sur la situation des droits humains en Gambie. Elles appellent la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la communauté internationale à appliquer des sanctions contre le régime en cours.
Des organisations de la société civile africaine ne veulent pas de la participation de Yaya Jammeh à la prochaine présidentielle gambienne. Un postulat qu’elles justifient par la gravité des violations des droits humains qu’on y a notée depuis son accession à la tête de ce pays.
En conférence de presse hier, jeudi 2 juin à Dakar, Foscao, Article 19, Amnesty International, Coalition for Change et des activistes gambiens ont tiré à boulets rouges sur le président gambien. Elles veulent mettre la pression sur les chefs d’Etats de la Cedeao à la veille de leur sommet qui se tient ce week-end à Dakar. Un appel qui sonne fort à six mois de la présidentielle gambienne.
La Directrice Régional d’Article 19, Mme Fatou Jaagne Senghore pense que la réplique à apporter au régime répressif de Jammeh doit être politique et audacieuse. Elle appelle à miser sur l’information pour faire la différence dans la lutte à mener. « Le chemin de la justice est long mais il faut tout faire pour que les crimes commis depuis 1994 en Gambie ne restent pas impunies ».
Le Directeur Régional d’Amnesty International, pense que l’heure est grave et le moment est venu d’agir. A en croire M. Steve Cockburn, depuis les manifestations d’avril dernier et qui ont été brutalement réprimées, plus 87 personnes ont été arrêtées, 51 d’entre elles ont été inculpées et 36 sont en garde à vue.
Ce qui fait dire au Dr Amadou Scattered Janneh de la Coalition for Change, il faut se lever pour des réformes électorales afin de couper court à un système qui amenuise les chances de participation de tout candidat qui se présente face à Jammeh.
Devant cet état de fait, M. Janneh pense que la crise politique gambienne interpelle tous les pays de la Cedeao, surtout le Sénégal. C’est ainsi qu’il souhaite un travail d’ensemble devant permettre de trouver des solutions et arrêter la « dictature » du « fou de Kanilaï ».
Un tableau sombre qui, à son avis, oblige tous les acteurs engagés pour le changement en Gambie à revoir leur stratégie de lutte avec des moyens pacifiques mais fermes, du moment où cela fait 22 ans que le président Jammeh surmonte les formes de ripostes jusque-là établies.
Sur cette même lancée, Mme Sokhna Mame Diarra Bousso Ndiaye du FOSCAO, estime que la société civile doit faire entendre sa voix à la veille du sommet des chefs d’Etats de la Cedeao. A son avis, cette institution régionale doit inciter la Gambie à respecter ses obligations communautaires en matière de droit humain, de libérer les détenus politiques, de mener une commission d’enquête.
Plus en verve, Mme Fatoumatta Tambanjang, activiste très déterminée lance amèrement : « Yaya Jammeh est un terroriste. Il a fait de la Gambie un pays sans foi ni loi ». Avant de souligner : « la police secrète menace, tue et intimide toute personne qui ose s’opposer à ce régime. Il a instauré le tribalisme et divise le Sénégal et la Gambie dont les peuples sont très liés ». Elle accuse d’ailleurs Yaya Jammeh d’être à l’origine du trafic illicite de bois qui décime les forêts sénégalais et qui sont vendus à la Chine.
Mme Tambanjang qui ne doute pas des risques qu’elle encoure, lance avec beaucoup de courage : « je suis disposée à mourir pour défendre des principes nobles pour mon pays ». A l’en croire, « les femmes de la Gambie en ont marre d’être gouvernées par Yaya Jammeh ». Elle invite la Cedeao ainsi que l’Onu et Amnesty international de demander à Yaya Jammeh « d’aller au diable » de prendre des mesures urgentes et faire savoir au président qu’« il ne doit plus nous diriger ».
Amnesty International, dans un rapport, présente toutes les formes de violence relevées ces cinq dernières années en Gambie. A travers ce support, elle alerte l’Onu, la Cedeao, l’Union Européenne et toute la communauté internationale.
La Directrice Régional d’Article 19, Mme Fatou Jaagne Senghore, de son côté, pense que le problème gambien peut être résolu à travers des mécanismes africains existants.
Comme premières mesures, elle suggère la délocalisation de la Commission africaine des droits de l’homme. Une instance qui, d’après elle, n’a pas soumis 11 des ses rapports depuis l’arrivée de Yaya Jammeh au pouvoir.