Afrique: Marième Jamme, Fondatrice du Mouvement iam the CODE – « Si on apprend aux jeunes filles à coder, en 2030 elles seront autonomes »

8 Juin 2016
interview

L'Afrique se fraie un chemin dans l'agenda post-2015 avec l'avènement des Objectifs de Développement Durable (ODD). Dans ce cadre à enjeux multiples, Mme Marième Jamme, fondatrice de Jjiguene Tech Hub, mise sur les femmes et les filles pour la prochaine génération du leadership digital. Une mission qu'elle compte mener à travers l'Afrique en s'appuyant sur son mouvement i am the CODE, afin de faire bouger les choses dans le continent. A cet effet, ce membre du forum de Davos a tenu, en collaboration avec le cabinet international Dalberg, une matinée de réflexion, le jeudi 5 Mai 2016 à Dakar, avec de jeunes cadres sénégalais. C'était en présence de Mme Oulimata Sarr, Conseillère Régionale pour l'Autonomisation Économique des Femmes à l'ONU Femmes et un représentant du Ministre de l'Education Supérieure.

Quelles sont les raisons du dernier déplacement de Mariéme Jamme au Sénégal ?

En tant que fondatrice aussi de Africa Gathering , je suis au Sénégal pour créer le « Synergies Gathering ». C'est une série d'événements que je suis en train d'organiser en Afrique pour mobiliser gouvernements, secteurs privés, investisseurs à penser sur les voies et moyens pour soutenir les jeunes filles dans les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC).

Quel sera le centre d'intérêt de votre campagne ?

On a jugé nécessaire de focaliser sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par les Nations Unies pour penser à la qualité de l'éducation et l'égalité des sexes des jeunes filles mais également à l'innovation et à l'invention. Nous comptons faire 17 pays d'Afrique.  C'est la première fois que nous nous lançons au Sénégal et c'est pour créer cette synergie là. Il faut qu'on ait une conversation entre acteurs, qu'on discute et voir comment travailler pour bien exécuter les ODD.

Qu'est-ce que ce projet va apporter de nouveau par rapport aux nombreuses initiatives existantes ?

En ce moment, il y a beaucoup de projets sur les ODD mais il n'y a pas de projets clés. Qu'est-ce que i am the CODE ? C'est un mouvement qui mobilise gouvernements africains, investisseurs et secteur privé pour leur dire si vous investissez sur les jeunes filles, leur apprenez à coder, à développer leur business, les soutenez, leur faites du mentorat, normalement en 2030, on parviendra à leur autonomisation.

Comment comptez-vous parvenir à former un Million de filles et de jeunes femmes  à l'horizon 2030 ?

On veut former 1Million de filles et de jeunes femmes à l'horizon 2030 parce que nous avons déjà des données. Il y a des filles que nous sommes en train de former dans 34 pays l'Afrique. Au rythme où évoluent les choses, on risque de dépasser les 150.000 mille jeunes filles. On s'est fixé cet objectif pour montrer aux autorités africaines que c'est possible d'y parvenir. Si les gouvernements ont des objectifs d'innovations dans leur pays c'est facile de former mille à deux mille filles en quinze ans. Nous nous faisons notre travail en tant que secteur privé et puis les investisseurs donnent des fonds additionnels pour qu'on puisse faire beaucoup d'autres formations. C'est une méthodologie claire, qui a été prouvée donc je pense qu'on peut former plus d'un million de jeunes filles.

Qu'est ce que le mouvement #i am the CODE a fait jusque-là sur le plan africain ?

Au Sénégal, par exemple, j'ai créé Jjiguene Tech Hub qui est le premier réseau de femmes sur les TIC. Nous avons des jeunes filles sénégalaises qui savent coder, qui ont leur business et qui créent des innovations et des emplois. Elles sont également en train de former d'autres jeunes filles sénégalaises.

En Ouganda c'est pareil. Nous avons Barbara Burungi qui a subi la même méthodologie de formation. Aujourd'hui, elle est une jeune femme qui forme des filles. Elle a créé un centre pour ça. Donc le nombre n'est pas un problème. Ce que nous avons que les autres n'ont pas c'est la méthodologie de succès.

Quel type de partenariat vous entretenez avec des structures comme Dalberg qui ont une expertise mondialement reconnue dans le domaine de l'appui-conseil?

Nous travaillons avec Dalberg qui est intéressé à collaborer avec nous. Ils nous ont donné un local au Sénégal. Nous travaillons tous pour le même objectif. Nous travaillons avec eux parce qu'ils sont capables de faire du mentorat, de regarder le business plan des jeunes filles, de nous introduire au niveau de personnes influentes. Ce sont également des gens qui peuvent servir de modèles pour les jeunes filles.

Dans vos interventions, vous conseillez aux pays de mettre l'accès sur un à deux objectifs parmi les 17 ODD. Est-ce qu'un pays comme le Sénégal peut se permettre de se focaliser uniquement sur l'objectif 5 relatif à l'égalité entre les sexes ?

Il faut se focaliser pour avoir des résultats mais tous les jours on travaille sur les 17 objectifs. Il faut la question sur les changements climatiques qui est d'actualité. Sur la base des ressources disponibles on peut choisir deux à trois objectifs essentiels qui nous tient à cœur et se focaliser là-dessus pour essayer d'avoir de bons résultats. Si on veut faire tout en même temps, on n'aura pas de résultats.

Quels sont les prochains combats de Mariéme Jamme pour continuer à porter haut le flambeau pour la formation des jeunes et l'autonomisation des femmes africaines ?

Je continue ma bataille pour l'Afrique. Je tiens à cette collaboration dans le continent. Je compte le poursuivre à travers i am the CODE qui est le mouvement qui va éveiller les gens en leur donnant une occasion de participer au développement du continent mais aussi comment soutenir les jeunes filles.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.