Afrique de l'Ouest: Norbert Allale, Directeur Régional pour la Gestion des Risques et Catastrophe de Plan International - « Il y a beaucoup à faire pour l'enfant africain en cas d'urgence ou pas ! »

16 Juin 2016
interview

Le continent célèbre ce 16 juin la « Journée de l'Enfant Africain ». Une date toute aussi importante et symbolique pour le Bureau Afrique de l'Ouest de Plan International qui met un focus sur la situation des enfants en zone de conflit et de crise avec une discrimination positive pour les filles. Un choix qui cadre avec le thème « Conflits et crises en Afrique : protégeons les droits de tous les enfants » que l'Union Africaine a choisi cette année. Une option que le Directeur Régional pour la Gestion des Risques et Catastrophe de Plan International  juge pertinent vu le « climat explosif » qui anime la région ouest-africaine. M. Norbert Allale évalue les politiques africaines jusque-là initiées en faveur des enfants, plaide pour davantage d'engagement des Etats dans l'application des cadres juridiques pour la protection de l'enfant africain.

Ce jeudi 16 Juin est dédié Journée de l'Enfant Africain, comment Plan International compte-t-elle la célébrer ?

Ce jeudi est la journée de l'enfant africain pour 2016. Plan International, comme toutes les autres agences qui se battent pour la cause de l'enfant, se joint aux gouvernements dans les pays où nous intervenons en Afrique de l'Ouest pour développer différentes activités. Dans les 14 pays que nous couvrons dans la région différentes activités sont prévus. Au Sénégal une visite de terrain est prévue dans la zone de Saint Louis ; au Togo, il y aura un forum des jeunes sur la résilience ; un panel d'experts au Nigeria, en RCA une visite média, etc… Nous faisons tout pour faire entendre la voix des enfants et des jeunes en cette journée symbolique.

Quelle analyse faites-vous sur le thème "Conflits et crises en Afrique : protégeons les droits de tous les enfants "que l'Union Africaine a choisi cette année ?

Quand on regarde le contexte ouest-africain, je pense que le thème est très bien approprié. Nous évoluons, aujourd'hui, dans un contexte humanitaire de conflits et de crises très diversifiés qui ont des impacts très négatifs sur la survie et le développement de l'enfant. Plan International salue donc le choix de l'Union Africaine cette année et espère que cela renforcera une meilleure prise en compte des droits des enfants dans les politiques panafricaines de paix et de sécurité mais aussi dans les réponses humanitaires.

Quelles sont les actions concrètes que Plan International mène ou envisage pour les enfants dans les zones de crises et de conflits en Afrique de l'Ouest ?

L'agenda global de Plan est centré sur l'enfant et avec un focus sur les filles. On n'est pas sans savoir que les enfants sont encore plus exposées à des violences et la non prise en charge de leurs droits quand une crise ou un conflit éclate encore plus qu'en temps normal. Donc Plan International, en plus de répondre aux besoins immédiats en cas de crise (nourriture, abris, eau et assainissement) met surtout en place, en collaboration avec les collectivités, les communautés, des activités de protection, d'éducation pendant les urgences, de renforcement des jeunes par des activités  économiques éviter ou atténuer les dérives auxquels ils sont enclin aujourd'hui.

Nous mettons aussi l'accent sur la prévention et le renforcement des mécanismes communautaires de protection des enfants, pour que les enfants et leurs communautés soient capables de faire face aux crises en préservant les enfants.

Est-ce que vous pouvez revenir sur les moyens humains et financiers déployés à cet effet ?

Si nous comparons les ressources déployées par Plan ces dernières années, je peux vous dire que depuis 2015, l'organisation a augmentéson portefeuille. Nous avons de nouveaux bureaux qui sont ouverts. En Centrafrique, la situation en 2014 nous a obligé d'ouvrir une réponse dans ce pays où nous n'étions pas avant. Au Nigéria, aussi nous avons ouvert un bureau  à cause de la situation.

A cela s'ajoutent les différentes activités classiques que nous avons l'habitude de faire au Mali, au Niger et les pays qui ont été frappés par la crise instaurée par l'épidémie à virus Ebola. Nous avions été l'un des acteurs présents pour assister les communautés notamment les enfants et leurs familles dans les 3 pays affectés. C'est pour vous dire que nous avons largement augmenté nos capacités en termes de budget. En 2015-16, Plan International a mobilisé 68 millions de dollars dans les crises régionales majeures, sans compter les réponses au niveau national comme au Togo pour l'épidémie de méningite, ou au Benin pour la fièvre Lassa, etc…

Selon vous, est ce qu'il y a une volonté politique réelle en Afrique consacrée aux enfants en difficulté ?

Oui, volonté politique il y en a, maintenant, il en faut  plus. Cette volonté existe parce qu'en 2015, le Comité Africain d'Experts sur les Droits et le Bien-être de l'Enfant qui s'est réunit à Addis-Abeba et a posé les bases de la problématique des enfants en zone de conflits et a influencé le thème de cette année. Cela a été relayé par les Commissions de l'Union Africaine pour amener les gouvernements à prendre en compte ou mettre en place un environnement pouvant favoriser la protection des droits de l'enfant et surtout des jeunes filles.  Il nous faut maintenant concrétiser cette volonté et passer à l'action.

Dans les programmes humanitaires, est ce qu'il y a des stratégies spécifiques pour une meilleure assistance des enfants dans les zones de conflits ou les pays en crise ?

Le cadre légal existe. Nous avons au niveau international et régional, un cadre clair sur des actions spécifiques à mener lorsqu'on est en situation de conflit. Il est bien précisé ce qu'il faut faire pour s'assurer que la cause de l'enfant soit prise en compte. Mais la question est de savoir comment et quand on l'applique et qui sont aujourd'hui en train de travailler pour l'application de ces cadres légaux qui sont biens définis. La responsabilité première incombe aux Etats. Nous, en tant qu'humanitaires, notre rôle est de faire le plaidoyer pour que chaque Etat africain, en particulier, puisse mettre en application les dispositifs du cadre légal.

Est-ce que Plan International a une stratégie spécifique destinée aux enfants dans les zones de conflits ou en crise en Afrique de l'Ouest et du Centre ?

Oui, la stratégie de prise en charge des enfants en zone de crise, pour Plan est claire. Lorsque nous sommes dans ces contextes, notre rôle est de s'assurer de la protection sur toutes ses formes telle que c'est décrit par les normes et standards de protection de l'enfant. Nous devons avoir des assurances sur leur éducation, une protection des droits à la participation, leur permettre aussi de s'engager auprès de leurs communautés, avoir le droit à la survie à travers l'appui apporté à leurs familles…

La stratégie de Plan International est claire et c'est ce que nous sommes en train de mettre en œuvre que ça soit en Centrafrique, au Nigeria, au Niger, au Mali, dans les pays post-Ebola, etc… Aujourd'hui, avec le phénomène du mariage des enfants et/ou de leur exploitation sexuelle en situation de conflit qui prend plus d'ampleur, Plan International s'engage, à battre campagne pour que les gens comprennent que nous devons laisser les enfants s'épanouir et devenir des adultes équilibrés qui pourront jouer pleinement leur rôle de citoyens.

Est-ce qu'on peut espérer une amélioration de la situation de l'enfant africain avec l'avènement des Objectifs de Développement Durable?

Les Objectifs de Développement Durable, sont une ambition articulée sur 17 axes dont certain touchent directement nos préoccupations. Plan International en a une lecture en lien avec les droits des enfants et des filles.  Aujourd'hui, avec les autres documents annexes qui ont été adoptés au niveau régional, la question est revenue plus en force. Les  Etats ont la responsabilité de les mettre en œuvre. Nous contribuerons de notre mieux pour que la bonne santé et le bien-être, l'Egalite des sexes, et l'éducation de qualité soient une réalité dans notre région Afrique de l'Ouest, à l'horizon 2030. Il reste du chemin à faire même si beaucoup de choses ont été faites.

Votre dernier mot à l'occasion de cette journée de l'enfant africain?                      

Au nom de Plan International, je voudrais remercier tous ceux qui nous ont appuyés pour que nous puissions assister des milliers d'enfants en Afrique et dans le monde. Il faut rappeler aussi que nous avons beaucoup à faire. Si l'enfant est l'avenir de l'Afrique, alors c'est le moment d'agir. Nous gardons espoir que ce message peut être entendu à tous les niveaux pour que nous laissions derrière nous des enfants capables de gérer un monde meilleur. Déjà, la nature en elle-même, avec les changements climatiques, devient problématique pour nous, et puis, les enfants, pour être de bons citoyens de demain, sauront faire face à ce challenge.

Parole à nos Partenaires :

Awa Faly Ba Mbow, Directrice Régionale pour la communication de Plan International – « L'intérêt de notre partenariat avec AllAfrica c'est que ça va nous permettre de développer de façon plus continue des liens en faveur des enfants»

« Nous sommes vraiment très enthousiastes par rapport à ce partenariat qui va nous donner l'opportunité d'être en collaboration avec une des plus grandes plateformes d'information générale en ligne d'Afrique. Une source d'information que nous avons suivi depuis longtemps et avec qui nous avons eu des échanges ponctuels.

L'intérêt de ce partenariat c'est que ça va nous permettre de développer de façon plus continue des liens en faveur des enfants. AllAfrica.com est très engagée à montrer une image de l'Afrique dynamique mais aussi une image réelle du continent. Plan International a comme préoccupation de faire connaitre au grand public d'Afrique de l'Ouest les réalités que vivent les enfants, les chalenges auxquels ils sont confrontés mais également toutes les réponses et les initiatives positives qui sont en train d'être mises en place pour améliorer leur quotidien et leur donner un avenir meilleur. »

 

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.