Afrique: L'UNICEF alerte sur la situation alarmante des enfants en 2016

Des enfants dans un centre pour personnes déplacées à Goma, au Nord Kivu, en République démocratique du Congo (RDC).
28 Juin 2016

La situation des enfants en Afrique subsaharienne n’est pas des plus reluisantes. L’UNICEF, dans son rapport sur la situation des enfants en 2016, présenté ce mardi 28 juin dans son bureau de Dakar, dessine un tableau sombre de cette frange qui représente plus de moitié de la population. Un état de fait qui sonne l’heure des actions.

« En observant le monde actuel, nous sommes confrontés à une vérité gênante et néanmoins indéniable : des millions d’enfants voient leur destin brisé par le simple fait d’être né dans un pays et une communauté désavantagée, ou en raison de leur sexe ou des circonstances dans lesquelles ils ont vu le jour. Ces profondes inégalités et les risques afférents portent atteinte aux droits des enfants et compromettent leur avenir ».

Ce fort constat du Directeur Exécutif de l’UNICEF, M. Anthony Lake résume les tendances relevées dans le rapport sur la « Situation des enfants dans le monde 2016 : une chance pour chaque enfant ». Le document qui a été présenté ce mardi 28 juin dans les nouveaux locaux du bureau d’UNICEF à Dakar, renseigne sur les tendances sombres si rien ne sera fait pour les enfants africains.

Selon toujours M. Lake, cité par la représentante de l’UNICEF au Sénégal, Mme Laylee Moshiri, à moins de progresser rapidement d’ici 2030, près de 70 millions d’enfants risquent de mourir avant leur cinquième anniversaire, dont 3,6 millions pour la seule année 2030, date butoir des objectifs de développement durable.

Il ajoute que les enfants en Afrique subsaharienne seront 12 fois plus susceptibles que les enfants des pays riches de décéder avant leur cinquième anniversaire. Avant de poursuivre : neuf enfants sur dix touchés par l’extrême pauvreté vivront en Afrique subsaharienne.

Dans cette même dynamique, l’UNICEF s’alarme que plus de 60 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire ne seront pas scolarisés, soit environ le même chiffre qu’actuellement. « Plus de la moitié d’entre eux vivront en Afrique subsaharienne ».

L’UNICEF de souligner qu’environ 750 millions auront été mariées avant l’âge adulte-soit trois-quarts d’un milliard de filles mariées.

Dans cette même veine, Mme Christine Muhigana, Directrice Régionale adjointe d’UNICEF/WCARO, confie que la situation s’annonce plus dramatique en Afrique de l’Ouest et du Centre dont les 24 pays ont représenté 480 millions d'habitants en 2015; 48% de la population totale de l'Afrique subsaharienne, 7% de la population mondiale; 1,5% du PIB mondial.

Cette région qui regroupe deux zones économiques dont la CEMAC et de l'UEMOA, capitalise les plus hauts taux de fécondité dans le monde (7 pays avec TFR supérieure à 5 enfants par femme). Avec le Nigeria qui est la 7ème plus grande population dans le monde, la plus grande population et la plus grande économie en Afrique sub-saharienne.

Le bien-être des enfants presque inexistant dans la région

L’Afrique de l’Ouest et du centre est caractérisée par la jeunesse de sa population. Les enfants de moins de cinq à 18 ans représentent respectivement 12% et 11% de la population mondiale en 2015.

Par ailleurs, cette frange est dans une mauvaise posture du moment que zone est marquée par 30% (1.788.633) des décès d'enfants (5.944.556 en 2015), 36% des enfants d'âge scolaire sont en dehors de l’école (2010).

Selon Mme Muhigana c’est la seule région où le nombre d'enfants malnutris a augmenté de 42%, tandis que les enfants en surpoid (surcharge pondérale) a également augmenté de 92%.

La région enregistre la plus haute prévalence du mariage des enfants et la grossesse chez les adolescentes dans le monde. Elle représente 42% (127.000) des décès maternels dans le monde (303.000 en 2015).

Le chômage des jeunes demeure un problème majeur en raison de la création d'emplois insuffisante et des niveaux insuffisants de l'éducation pour rendre les jeunes travailleurs productifs au travail.

Le Sénégal sauve la face

L’UNICEF s’est, par ailleurs, réjoui des succès notables réalisés par un pays comme le Sénégal, notamment en matière d’équité.

A titre illustratif, l’organisation brandit les performances réalisés par le pays qui est parvenu à réduire considérablement le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, a un rythme annuel de 4.4% qui dépasse la moyenne régionale et même celle mondiale.

Laylee Moshiri avise qu’au Sénégal, « le taux nationale de malnutrition chronique des moins de 5 ans est au même niveau que celui des enfants du quintile le plus aisé au niveau régional ».

Dans ce pays, a-t-elle poursuivi, le taux national d’enregistrement des naissances des enfants de moins de 5 ans dépasse le niveau du quintile le plus aisé au niveau régional.

L’équité pour rétablir les déséquilibres  

L’éclairci noté au Sénégal suscite l’espoir malgré la situation chaotique des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre. L’UNICEF se lance dans une démarche qui veut s’appuyer sur certains facteurs de cette situation pour en faire des profits.

L’organisation onusienne estime que la région est à la croisée des chemins du moment où elle constitue la plus jeune structure de la population dans le monde entier.

Les enfants y représentent 51 % de la population en 2015. La région renferme la plus grande proportion d'adolescents dans le monde (23 %). D'ici 2050, la population de la région aura doublé, et qu’un enfant sur 10 sera né au Nigeria. La transition urbaine fera face aux conflits prolongés et urgences chroniques, mais aussi l’impact des risques climatiques.

C’est ce qui justifie certainement l’option prise par l’UNICEF d’axer son rapport de cette année sur « la survie de l’enfant », « l’éducation de base » et la pauvreté multidimensionnelle à travers les mesures de protection sociale couplés aux services sociaux de base. D’où le thème principal : « l’égalité des chances pour chaque enfant ».

La représentante d’UNICEF au Sénégal, Mme Laylee Moshiri justifie la récurrence de la question de l’équité par le contexte de début de mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable. Il revient, à son avis, à tirer les leçons des Objectifs de Développement Durable (OMD) qui indiquent : « sans réduire les écarts entre les riches et les pauvres, les clivages géographiques, les écarts entre les filles et les garçons, etc., il est quasiment impossible d’obtenir de meilleurs résultats pour les objectifs de développement ».

C’est ainsi qu’UNICEF, dans son rapport 2016 sur la situation des enfants, formule cinq recommandations qui, selon Mme Moshiri visent à renforcer son action, fondée sur les enseignements de ces 25 dernières années ainsi que sur les leçons que ses équipes vont continuer à tirer.

Il conviendra d’enrichir les informations concernant ceux qui sont laissés de côté ; s’assurer de l’intégration des efforts dans tous les secteurs afin de lutter contre les multiples privations qui empêchent de très nombreux enfants de progresser.

L’UNICEF invite également à innover pour accélérer les progrès et amener les changements nécessaires pour les familles et les enfants les plus délaissés. Elle plaide pour l’investissement dans l’équité et trouver de nouvelles façons de financer les efforts déployés pour atteindre les enfants les plus défavorisés.

L’institution onusienne pense qu’il convient aussi d’encourager l’implication et la participation de tous les acteurs, à commencer par les communautés elles-mêmes, ainsi que les entreprises, les organisations et les citoyens du monde entier qui « sont convaincus que nous pouvons changer la vie de millions d’enfants, un aspect sur lequel le Programme de Développement durable à l’horizon 2030 met une importance particulière ».

Laylee Moshiri lance avec beaucoup de conviction que « Promouvoir l’équité, offrir les mêmes chances à chaque enfant sans exception est un choix. Et c’est certainement réalisable à l’horizon 2030 ».

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