En Afrique de l’Ouest et du Centre, 8 millions de filles ont déclaré avoir été mariées avant l’âge de 18 ans. L’alerte a été lancée par le représentant adjoint de l’UNFPA Sénégal. C’était à l’ouverture de la célébration de la journée mondiale de la population, ce lundi 11 juillet à Dakar, dont le thème est « Investir dans les adolescentes ». M. Boureima Diadié souligne qu’«Au Sénégal, c’est près d’une fille sur trois ». Suffisant pour le ministère du budget, M. Birima Mangara d’exhorter les intervenants dans le domaine de la population et des adolescents à s’impliquer davantage aux côtés du gouvernement pour accroître le financement des activités liées à la promotion des adolescentes.
Dans le monde, 1,8 milliard de personnes sont âgées de 10 à 24 ans et représentent un quart de la population mondiale. Dans ce lot, il est décompté 600 millions de filles, dont plus de 500 millions dans les pays en développement. Une frange qui représente un potentiel économique et humain certain pour le développement de l’Afrique.
Malgré leur bonne posture, elles sont dans un continent où les problèmes de santé, d’éducation et de droits humains constituent une préoccupation majeure. Le ministre du budget du Sénégal, M. Birima Mangara, informe que des millions d’adolescentes se heurtent à une sérieuse discrimination et exclusion qui les empêchent de revendiquer leurs droits et d’accomplir leur véritable potentiel. « Elles sont victimes d’analphabétisme et d’abandon. Elles sont aussi vulnérables à la violence sexuelle et soumises à des pratiques nuisibles. De même, elles sont confrontées à des mariages et des maternités précoces ».
M. Mangara de citer l’UNFPA qui confie qu’environ 16 millions de filles âgées de 15 à 19 ans donnent naissance chaque année.
La situation en Afrique de l’Ouest et du Centre est suffisamment édifiante. Le représentant adjoint de l’UNFPA Sénégal, M. Boureima Diadié informe que dans cette région, « 8 millions de filles ont déclaré avoir été mariées avant l’âge de 18 ans. Au Sénégal c’est près d’une fille sur trois ».
Une étude présentée ce lundi 11 juillet à Dakar, dans le cadre de la Journée Mondiale de la Population et qui porte sur les « Grossesses précoces en milieu scolaire », réalisée par l’ONG Groupe pour l’enseignement de la jeunesse, entre 2012 et 2013, recensait 1971 cas de grossesses en milieu scolaire au Sénégal.
Ce travail de recherche dont les résultats donnent froid au dos renseigne que 45% de ces filles enceintées sont âgées entre 16 et 17 ans, 31% d’entre elles ont entre 13 à 15 ans et les 24% se situent entre 18 à 19%.
Cette étude commanditée par UNFPA/Sénégal renseigne dans cette même dynamique que « 60,8% des filles mères sont des célibataires contre 39,2% de filles mariées au moment de la grossesse ».
Dans la même foulée, il a été relevé que 54,43% des filles qui tombent en grossesses abandonnent l’école, 49% des grossesses sont l’œuvre des élèves, 11,12% des étudiants, 8,60% les jeunes du village et 2,02% sont les enseignants.
Avant de relever que « la plupart des cas de grossesses impliquant un adulte sont traités à l’amiable parfois à l’insu des autorités scolaires. La plupart des filles qui tombent enceintes sont celles qui sont confiées ».
Un ensemble d’éléments qui amène l’étude à considérer que « lutter contre les grossesses précoces revient à lutter contre les mariages précoces » qui peuvent aussi conduire à la survenue de fistules obstétricales.
Boureima Diadié estime qu’« une fille mariée trop tôt voit sa santé, son éducation, son bien-être et son développement compromis ».
A l’en croire, les filles qui donnent naissance avant l’âge de 15 ans courent cinq fois plus le risque de mourir lors de l’accouchement que les femmes de 20 ans et plus.
Au Sénégal, il est relevé une surmortalité maternelle chez les mères adolescentes âgées de 15 à 19 ans (629 décès maternels pour 100 mille naissances vivantes).
Les résultats de cette étude sont confortés par les dernières statistiques qui, selon le ministre du budget, révèlent qu’au Sénégal, la cible adolescente fait partie des couches les plus vulnérables dont la santé a souvent été compromise par des comportements à risques. Entre autres, poursuit-il, 19% des adolescentes de 15 à 19 ans ont déjà commencé leur vie féconde, 16% sont dans les liens du mariage.
L’investissement dans les adolescentes sonne aujourd’hui comme une urgence alternative. Elle interpelle, par ailleurs, autorités publiques comme partenaires au développement. Pour M. Diadié, l’investissement peut être social, moral, financier, médical, économique…
Birima Mangara, pour sa part, souligne qu’au Sénégal, l’effectif des adolescents de 10 à 19 ans est estimé à près de trois millions, dont 50,2% de filles. Ce qui lui fait dire que « les adolescents portent en elles-mêmes les germes du futur et les potentialités pour le développement du Sénégal ».
Dans cette dynamique, les acteurs étatiques et sociétés civiles recommandent la promotion de l’éducation de la santé dans le milieu scolaire.
Ils appellent aussi à investir dans l’éducation aux droits humains, développer une approche-droit dans les politiques publiques sectorielles, investir toute l’énergie dans la capture du dividende démographique, lutter contre la pauvreté...
Il est ainsi souhaité un plaidoyer fort pour mobiliser d’avantage de financement dans ce domaine. Ce qui sonne comme un devoir économique
Pour ces observateurs, investir dans la santé des adolescentes permet de viser un impact sur la prochaine génération.
Une option qui devra faire face à des défis qui recommandent d’intégrer la dimension genre dans les politiques publiques, garantir la scolarisation des filles, améliorer la santé des adolescents, promouvoir l’éducation sexuelle des adolescentes ainsi que leurs droits, disponibilités de données fiables…