Ouf de soulagement pour les habitants de la banlieue dakaroise dont la majorité est à revenu modeste. Ceux qui ont des soucis ophtalmologiques sont presque dans l’impossibilité de se procurer des lunettes médicales, vu leur prix exorbitant sur le marché sénégalais. L’association française à but non lucratif, Lunette Pour Tous, y sonne la révolution. L’opération-test qu’elle mène depuis le lundi 25 juillet au Centre Acapes des Parcelles Assainies, offre des lunettes à un tarif solidaire de 10 mille F Cfa.

« Cette opération est une aubaine ! » s’est exclamée Mme Niang Coumba, rencontrée en cette matinée de mercredi 27 juillet 2016 au Centre Acapes des Parcelles Assainies, l’un des quartiers les plus peuplés de la banlieue dakaroise.

Installée confortablement dans sa robe en taille basse, la bonne dame fait partie des nombreuses personnes ayant répondu à l’appel de l’association Lunette Pour Tous. Cette organisation française y mène une opération humanitaire de cinq jours, débutée le lundi 25 juillet 2016, pour aider les personnes de bourse modestes à se doter de lunettes médicalisées à 10 mille F Cfa.

Agée de 45 ans, elle a bravé la fine pluie qui s’est abattue dans la capitale sénégalaise espérant trouver une solution aux soucis ophtalmologiques de sa fille. « Ma fille est atteinte de myopie depuis l’âge de deux ans, donc cette opération est géniale ».

Cette opération est l’œuvre de quatre volontaires français qui ont érigé leur camp dans les locaux de l’Association Culturelle d'Auto Promotion Educative et Sociale (Acapes) des Parcelles Assainies, l’un des quartiers les plus peuplés de la banlieue dakaroise.

Nicolas et Kevin qui  sont des opticiens font les tests de vue. Prosper et Samy s’occupent de l’aspect conseil/monteur. Ils sont chargés d’orienter les patients sur le meilleur choix des montures. « Ce sont tous des bénévoles, qui ont pris une semaine de leurs congés en France pour venir aider la population sénégalaise », dira Antoine Breuillé, directeur de l’Association Lunette Pour Tous.

Ces volontaires sont présentés comme étant des passionnés de lunettes qui sont prêts à venir aider. « A travers ces opérations, ils se disent que grâce à leur travail, un enfant consulté va pouvoir avoir une scolarité normale. Ce qui est quelque chose de très important qui n’a pas de logique financière ».

Très émue par l’aspect humanitaire de cette initiative, Mme Niang confie : « J’ai une cousine qui n’en revient pas avec le prix fixé par l’association. Ça fait un an qu’elle n’arrive pas à acheter les lunettes qu’on lui a prescrites parce que c’était cher ».  Un état de fait qui renseigne des prix exorbitants souvent rencontrés sur le marché des lunettes médicalisées au Sénégal.

Même son de cloche pour Babacar Fall. Cet un habitant de l’Unité 23 des Parcelles Assainies, rencontré à l’Acapes dit être impressionné par la générosité des initiateurs de cette opération qui, à son avis, est matérialisée par la qualité des outils déployés.

Lunettes de soleil bien vissées au front, ce bonhomme qui s’apprête à boucler les 70 ans dit avoir des soucis avec la moitié de son œil droit qui, « depuis un certain temps, ne donne plus normalement ». A cet effet, confie-t-il, après la consultation, l’ophtalmologue de l’association me conseille de porter des lunettes avec une option vue de loin.

Etant dans l’obligation de changer les lunettes de correction qu’il avait acquis au Centre de Bopp, spécialisé à la santé des yeux, car acquis depuis des années, M. Fall pense que : « avec la cherté des lunettes à Dakar, cette opération est une aubaine car la contrepartie n’est que 10 mille F Cfa ».

Avant de souligner avec insistance : « cette opération est à perpétuer car beaucoup de gens qui ont des soucis de vision n’ont pas les moyens de les faire soigner ».

Une interpellation qui n’est pas insensible à Antoine Breuillé, directeur de l’Association Lunette Pour Tous. Très enthousiaste, vu le succès qu’a enregistré ce coup d’essai. Antoine pense déjà à une possibilité de pérenniser une telle opération, vu l’importance de la demande.

A l’en croire, « l’objectif de départ était d’atteindre 120 personnes par jour. On en a fait 110 le premier jour, 130 le deuxième. On est vraiment dans l’atteinte de nos objectifs ».

M. Breuillé a tenu à préciser que cette initiative est carrément à but solidaire car l’objectif de l’association est d’aider le maximum de personnes en proposant les prix les plus bas possibles. « On est parti du constat qu’au Sénégal, énormément de personnes ont besoin de lunettes alors que les coûts sont accessits. La consultation et la paire de lunette tournent en moyenne  autour de 170 mille F Cfa ».

A l’en croire, « à l’issue du test si la personne souhaite commander des lunettes, il leur est demandé une participation de 10 mille F Cfa qui permet de couvrir tous les frais de l’association relatifs au déplacement des bénévoles, payer les lunettes aux fournisseurs… ».

Le président de Lunette Pour Tous fait savoir que l’association qu’il dirige fixe ce tarif solidaire pour pérenniser son action dans le temps avec comme objectif de le baisser encore. « A terme, si on arrive à avoir suffisamment de subventions, on essayera de faire une distribution gratuite pour les enfants qui ont besoin de lunettes, afin de leur permettre de rester assidu à l’école et poursuivre leurs études ».

L’association est en train de travailler pour mettre en place un partenariat durable avec les autorités sénégalaises pour étendre ses actions au niveau national.

Malgré la réussite de cette première opération, M. Breuillé juge prématuré une extension des actions de l’association dans toute l’Afrique.

« Si jamais le test débuté au Sénégal fonctionne bien, l’association veut avoir un champ d’action immense car énormément de pays africains ont besoin de cette solution proposée. Et même en Asie ».