Table ronde en marge de l'Assemblée Générale de l'ONU mettant en valeur la collaboration entre le Gouvernement de la RDC, l'ONG « Physicians for Human Rights » et l'ONU

OPR

Briser le Silence ! Film documentaire projeté au Bureau de l'agence des Nations Unies pour les partenariats (UNOPS)

Le mercredi 21 septembre, en marge de l'Assemblée Générale de l'ONU où les délégués débattaient notamment des stratégies visant à améliorer la situation des femmes et de filles dans le monde, l'ONG basée aux Etats-Unis, Physicians for Human Rights (PHR), a convoqué une discussion en parallèle, de l'autre côté de la rue de l'ONU dans le Bureau de l'agence des Nations Unies pour les partenariats (UNOP) intitulée : « Mettre fin à l'impunité des violences sexuelles dans les zones de conflits : stratégies pour une voie à suivre. » La petite salle de conférence était remplie à pleine capacité, avec les représentants des différentes missions de l'ONU, organisations internationales, ONG, partenaires des médias et autres parties intéressées.

L'éminent groupe d'experts comprenant Madame Zainab Hawa Bangura, Représentante Spéciale du Secrétaire Général de l'ONU sur les violences sexuelles dans les zones de conflits, Madame Jeanine Mabunda, Représentant Personnel du Chef de l'Etat de la République démocratique du Congo chargé de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants et Madame Karen Naimer, Directeur de programme sur les violences sexuelles en Zones de conflits de l'ONG PHR a été convoqué pour discuter les nombreux défis liés à la redevabilité en cas de violences sexuelles, en particulier dans des environnements difficiles de post-conflit.

La réunion a été organisée dans le but de mettre en évidence l'initiative conjointe lancée récemment par l'ONG PHR et le Bureau du Représentant Personnel en RDC pour mettre en œuvre un certificat médical judiciaire national, standard pour les cas de violences sexuelles.

« Ma meilleure expérience au cours de mon mandat a été avec la RDC. » - Mme Zainab Hawa Bangura, Représentante Spéciale du Secrétaire Général de l'ONU sur les Violences sexuelles dans les conflits

Mme Bangura a préparé le terrain aux discussions en reconnaissant l'importance de l'appropriation des cas de violences sexuelles par le pays. « Ma meilleure expérience au cours de mon mandat a été avec la RDC », a déclaré Mme Bangura, mettant en exergue la coopération qu'elle a eu avec le gouvernement de la RDC. Elle a noté que les engagements doivent émaner des plus hauts niveaux du gouvernement et a salué la décision prise par le Président Kabila en 2014, de créer le Bureau du Représentant Personnel chargé de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants, à la tête duquel il a nommé Mme Mabunda comme Représentant Personnel.

Le modérateur, Dr Yasmine Ergas, Directeur du Genre et des politiques publiques à l'Université de Columbia, a suggéré que les autres pays de la région pourraient bénéficier de l'expérience de ce projet en RDC.

« La première règle est la primauté du droit, » a déclaré Mme Mabunda dans son allocution d'ouverture, soulignant que la lutte contre l'impunité a été sa priorité absolue.

Mme Mabunda a expliqué les nombreux défis logistiques à relever pour rendre justice en République démocratique du Congo, un pays ayant à peu près la taille de l'ensemble de l'Europe occidentale. Des solutions créatives, y compris le déploiement de la justice par des audiences foraines, ont contribué à rendre justice aux victimes de violences sexuelles, en particulier à celles qui vivent en dehors des chefs-lieux des provinces. Ces procès publics servent aussi à rétablir la confiance de la population dans le système juridique, tout en éduquant les citoyens sur leurs droits et les protections en vertu de la Loi.

« Les victimes des violences sexuelles veulent être définies par leur potentiel et non par les traumatismes qu'elles ont vécus. » - Mme Jeanine Mabunda, Représentant Personnel du Chef de l'Etat chargé de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants

Mme Mabunda a expliqué que les victimes de violences sexuelles en RDC ne veulent pas être considérées comme des victimes, mais comme des survivants. « Elles veulent être définies par leur potentiel et non par les traumatismes qu'elles ont connus, » a déclaré Mme Mabunda. Elle a expliqué que l'assistance médicale et juridique est essentielle à leur rétablissement, de même que le pouvoir de s'engager sur le plan économique.

Un bref documentaire mettant en évidence la campagne intitulée Briser le Silence ! en RDC a ensuite été projeté à l'intention du public. Briser le Silence ! est un effort collectif visant à changer le narratif de la RDC afin d'encourager une discussion ouverte sur les violences sexuelles et à renforcer le soutien apporté par la communauté à ces efforts. La campagne exhorte les dirigeants communautaires et les chefs religieux à devenir des agents de changement. Elle appuie, par ailleurs, un centre d'appel d'urgence qui met à la disposition de la victime des informations juridiques et médicales. Le documentaire peut être suivi ici.

« Les cas de violences sexuelles sont  parmi les cas les plus difficiles à poursuivre en justice, souvent en raison d'un manque de preuves évidentes pour étayer les allégations des survivantes, » a déclaré Mme Naimer. Elle a expliqué que l'ONG PHR s'efforce de coordonner les efforts et de multiplier les formations pour des experts médicaux, en matière de répression et d'actions en justice dans la région en soutenant la collecte et la documentation de preuves médico-légales admissibles devant les cours et tribunaux.

Pour atteindre cet objectif, l'ONG PHR a collaboré avec le Bureau du Représentant Personnel, ainsi qu'avec de nombreux professionnels congolais issus du secteur médical, les auxiliaires de la justice et les magistrats en vue de mettre en œuvre un certificat médico-légal national, standard à utiliser en cas de violences sexuelles. Le modèle du certificat a été élaboré en concertation avec les cliniciens, les officiers de police et les avocats militaires et civils ainsi que les magistrats, après le constat selon lequel les juges s'efforçaient de statuer sur les cas de violences sexuelles. La vidéo sur le travail de l'ONG PHR a également projetée au cours du débat, peut être visionnée ici.

« Le certificat médico-légal standardisé transforme la collecte et l'utilisation de données documentaires dans les cas de violences sexuelles perpétrées. » - Mme Karen Naimer, ONG Physicians for Human Rights (PHR)

« Le certificat médico-légal  standardisé transforme la collecte et l'utilisation de données documentaires dans les cas de violences sexuelles perpétrées, » a déclaré Mme Naimer, dans son allocution.

En clôturant la session d'une heure, Dr Ergas a reconnu que les partenariats mis en exergue étaient innovants et il y a « beaucoup à apprendre de la RDC qui pourrait être partagé dans d'autres environnements post-conflits ».

Lors de son mot de clôture, M. William Kennedy, Responsable principal de programmes à l'UNOP, a déclaré que cet échange est exactement le genre de dialogue Gouvernement-ONG que son bureau cherche à faciliter, tout en qualifiant la session « d'un grand privilège à accueillir ».

En 2014, le Président Joseph Kabila a nommé Jeanine Mabunda en qualité de Représentant Personnel chargé de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants. Au cours des deux dernières années, son bureau s'efforce de lutter contre l'impunité, le recours aux systèmes de justice civile et militaire, fournissant ainsi des services essentiels aux victimes, autonomisant les femmes et les filles et mobilisant la société pour mettre fin aux violences sexuelles en RDC. Jeune Afrique magazine l'a nommée comme l'une des 50 femmes les plus influentes africaines.

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