« Je t'aime, moi non plus ». Ainsi pourrait-on caricaturer les relations entre le Rwanda de Paul Kagamé et la France. Et pour cause : l'ouverture d'une enquête par la justice française sur l'assassinat du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.
Ce jour-là, des tirs de missiles ont fait voler en éclats l'avion qui le ramenait de Tanzanie, avec son homologue burundais, Cyprien Ntaryamina, après qu'ils eussent participé à un sommet consacré aux crises de leurs deux pays. Si les circonstances exactes et les responsabilités de cet attentat n'ont jamais été véritablement élucidées, deux hypothèses antagoniques ont cependant fait florès. L'une incriminant Paul Kagamé, alors chef du Front patriotique rwandais (FPR), et l'autre, des extrémistes hutus à qui l'on prêtait des velléités de faire échouer les accords d'Arusha qui les contraignaient au partage du pouvoir avec d'autres partis dont le FPR. Toujours est-il qu'au terme de son enquête, le juge français, Jean-Louis Bruguière, qui était en charge du dossier à l'époque, avait rendu une ordonnance concluant à la responsabilité de Paul Kagamé et plusieurs de ses collaborateurs.
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