Sénégal: Le premier centre public de réduction des risques d'Afrique de l'Ouest sujet d'un film

communiqué de presse

Dakar (Sénégal) – 11 octobre 2016 – Un documentaire sur le travail du premier centre gouvernemental de réduction des risques en Afrique de l’ouest, le Centre de Prise en Charge Intégrée des Addictions de Dakar (CEPIAD), sera projeté au bureau d’Open Society Initiative for West Africa (OSIWA) à Dakar le 13 octobre 2016.

Le CEPIAD a ouvert ses portes en décembre 2014 à Dakar. L’existence d’un tel établissement constitue une anomalie positive dans une région qui s’est toujours concentrée sur l’usage d’un dispositif juridique lourd pour faire face au problème de la drogue. Selon son Coordonnateur Technique, le Docteur Idrissa Ba, «le CEPIAD est un milieu qui est spécifiquement fait pour les usagers de drogue, où ils sont entendus par rapport à leur consommation et où ils ne sentent pas stigmatisés

Le CEPIAD accueille librement des consommateurs de drogue et met, entre autre, à leur disposition, un programme d’échange de seringues, des soins de santé gratuits, des consultations, des traitements et une formation qualifiante. Au moment du tournage du film, 123 usagers d’héroïne bénéficiaient de méthadone, un opiacé réduisant les symptômes dus au sevrage chez les addictifs à l’héroïne, à la morphine et à d’autres drogues.

«La majorité des pays ouest-africains ont opté depuis longtemps pour des politiques en matière de drogue basées essentiellement sur la répression à tous les niveaux. Ces politiques permettent, notamment de lutter contre les trafiquants mais constitue, par contre, un obstacle à l’aide nécessaire à apporter aux usagers de drogue.» explique Mathias Hounkpe, Administrateur du Programme Gouvernance Politique à OSIWA.

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Réalisé par Nick Loomis, le documentaire intitulé « Réduction des risques : l’expérience Sénégalaise » permet de comprendre comment une telle approche aussi avant-gardiste est utilisée pour réduire les conséquences néfastes liées à l’usage de drogue et préserver la santé publique. Une approche similaire est utilisée dans d’autres pays Africains tels que l’Île Maurice, la Tanzanie et le Kenya.

Le film met en exergue le travail quotidien de l’équipe de terrain dévouée du CEPIAD qui traverse tous les jours Dakar à la rencontre des usagers de drogue. Ils leur distribuent des seringues neuves et les sensibilisent pour aider à la prévention de maladies transmissibles telles que le VIH et les hépatites. Il y est montré qu’à long terme, les coûts liés à la réduction des risques en matière de drogue, tels que les programmes d’échange de seringues qui permettent de réduire les risques de transmission du VIH chez les usagers de drogue par voie injectable, ont un impact plus positif que ceux liés à l’emprisonnement.

«L’approche actuelle visant à punir les usagers de drogue n’a pas permis de réduire la disponibilité et la consommation de stupéfiants. Cela n’a, également, pas pu empêcher la propagation de certaines maladies infectieuses chez les usagers de drogues, leurs partenaires et leurs proches. Il est temps d’aller vers une nouvelle approche qui aidera aussi à lutter contre la discrimination, la pauvreté et la stigmatisation à l’encontre des consommateurs de drogue.» affirme Fatou Sy, membre du Programme de Gouvernance Politique à OSIWA.

«Considérer l'usage de drogues comme un problème de santé plutôt qu'un problème pénal est définitivement l’une des solutions. Il faut par conséquent évoluer vers une levée des sanctions pénales pour possession et usage de drogues. La réduction des risques devrait être utilisée dans le cadre d’une réponse globale. Ce que le CEPIAD fait est la voie à suivre.» affirme Valencia Rakotomala, Chargée du Plaidoyer Adjointe à OSIWA. «Nous voulons avec ce film susciter l’adoption d’une approche qui tend plus vers la compassion plutôt que la condamnation. Nous voulons, de plus, inspirer les autres gouvernements ouest-africains à fournir une alternative aux usagers de drogue qui sont pour la plupart marginalisés.» ajoute Valencia Rakotomala.

Le court-métrage de 22 minutes est une compilation de témoignages des usagers de drogue et de leurs familles ainsi que des éclairages du personnel du centre. Le film met également en exergue la nécessité de reformer les politiques actuelles de lutte contre la drogue mais aussi les besoins de renforcement des capacités du CEPIAD. La projection du film sera suivie d’une discussion qui regroupera les panelistes suivants :

  • Le Professeur Aida Sylla, Chef de la Division de la Santé Mentale au Ministère de la Santé et de l’Action Sociale et membre du Comité Interministériel de Lutte contre la Drogue,
  • Le Professeur Mamadou Habib Thiam, Chef de Service de Psychiatrie et de Psychologie médicale au Centre Hospitalier Universitaire National de Fann,
  • Ousmane Diouf, Président de la 3ème Chambre de la Cour d’Appel de Dakar,
  • Babacar Diouf, Coordonnateur de Projet au Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC).

Imam Mbaye Niang, Secrétaire Elu à l’Assemblée Nationale du Sénégal et Moustapha Diakhate, Président du Groupe parlementaire Benno Book Yakaar seront aussi présents.

A Propos d’OSIWA

Open Society Initiative for West Africa fait partie du réseau mondial d’Open Society Foundations.

OSIWA est l’une des quatre fondations basées en Afrique. Elle promeut l’établissement de sociétés ouvertes en Afrique de l’Ouest caractérisées par une gouvernance inclusive et démocratique, des institutions responsables et rendant compte aux citoyens, et des droits humains respectés.

OSIWA travaille à réduire l’impact du trafic de la drogue sur la santé publique, les droits de l’Homme et la gouvernance en Afrique de l’Ouest.

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