Avec l'appui du Fonds des nations unies pour la population (FNUAP), l'Etat guinéen a mis en place des structures, Dubréka (50 km de Conakry), pour une prise en charge des questions reliées à la promotion et la protection des filles et des jeunes, victimes du vol de leur enfance.
Le Centre d'autonomisation et de promotion féminine (CAPF) a été fondé le 10 août 2010. Son objectif : offrir aux filles non scolarisés, en déperdition scolaire et déscolarisés un apprentissage à divers métiers. Cela dans le but de favoriser leur autonomisation. « Le CAPF accueille 150 filles réparties dans 5 filières, qui vont du modélisme-stylisme à la restauration hôtelière, en passant par la teinture, la transformation agricole ou encore la fabrication de savon », se félicite Mme Adia Awa Camara, la nouvelle directrice du centre.
Sa construction et son équipement en matériels ont été rendus possible grâce au concours du FNUAP. Le centre situé à Dubréka est bâti sur une large superficie, qui abrite des salles de cours théoriques et des ateliers de pratique professionnelles .Pour une durée de 2 ans d'apprentissage, les apprenantes sont formées pour qu'à terme, elles puissent bénéficier d'un métier et mener des activités génératrices de revenus. Le centre ne s'arrête pas en si bon chemin. « Au terme de leur formation, nous les encourageons à se constituer en Groupement d'intérêt économique (GIE) », explique Mme. Ma M'Mahwa Guèye, directrice adjointe du CAPF.
C'est le cas, par exemple, du GIE de transformation des produits agricoles mis sur pied par des sortantes du centre et qui y exposent les produits alimentaires transformés.
Le Centre d'autonomisation et de promotion féminine accueille gratuitement des filles en situation sociale et économique précaire, âgées entre 12 et 25 ans. « Elles sont toutes issues de familles défavorisées. Certaines sont des filles-mères abusées par des adultes et rejetées par la suite par leur famille », fait remarquer Mme Guèye.
Sauvée par le CAPF
Les histoires de Maria Soumah, de Bintou et de tant d'autres filles témoignent du drame dont elles étaient victime avant d'intégrer le centre.
Bintou a été précocement retirée de l'école pour un mariage forcé avec un lointain cousin installé au Sénégal. Seulement âgée de 14 ans, la petite a été « offerte » par son père à un sexagénaire polygame. « Il me battait très souvent ; tout le temps que je me refusais à lui. » N'y pouvant plus d'être maltraitée, Bintou prend son courage à deux mains et fugue, décidée de rentrer à Conakry. « J'ai vendu mon téléphone portable en plus de petites économies que j'avais réussi à faire à Dakar, pour payer mon billet du retour », raconte-t-elle de sa gestuelle et le physique de jeune fille.
Au tout début de son retour au bercail, son père adoptait une attitude boudeuse. Par la suite, tout finit par rentrer dans l'ordre et, aujourd'hui, Bintou s'épanouit au CAPF, au même titre que ses autres congénères.
Le FNUAP intervient également en direction des jeunes garçons, à travers la Maison des jeunes de Dubréka. Selon la directrice, Salimata Camara, « la Maison intervient dans l'animation socio-culturelle, par la formation des jeunes à la peinture, la danse, la sensibilisation sur des thèmes de société qui les préoccupent au premier chef, ainsi par des activités génératrices de revenus. » Car, à terme, dit-elle, « il s'agit de rendre la Maison des jeunes plus autonome vis-à-vis du ministère guinéen de la Jeunesse ». Ibrahima Sory Camara, le chef du Centre d'écoute, de conseil et d'orientation des jeunes de Dubréka (CCECOJE), ne dit pas autre chose : « Cet espace de conseil, d'orientation forme également d'autres jeunes formateurs aux problématiques de la santé de la reproduction, la prévention des MST, de la promotion et la consolidation de la paix et la citoyenneté, etc. » Initiative innovante du gouvernement guinéen et de son partenaire onusien, la caractéristique de ce centre de conseil est qu'il est dirigé et animé par des adolescents, encadrés par des adultes sans trop interférer dans les affaires de gestion et de programmation des activités.
Avec l'éduction et la sensibilisation et la formation, le FNUAP intervient également dans le domaine de la santé de la reproduction par un appui à l'hôpital préfectoral de Dubréka, ville natale de l'ancien président guinéen, Lassana Conté. Pour ce support, le préfet, M. Bâ, le directeur de l'hôpital, le docteur Cherif, le personnel de santé et les patientes ont tous exprimé leur satisfaction vis-à-vis de l'Etat guinéen et du FNUAP.