Chanter ou monter son petit business et vivre tranquillement ? Le dilemme hante les esprits au Burundi, un pays où parler des droits d'auteur n'est toujours pas d'actualité pour les artistes malgré une loi sur la question. Enquête.
Un vieux papa ridé, habillé de boubou Super Wax et pantalon tissu, à «Black and White», l'une des plages les plus populaires de Bujumbura, tient dans sa main gauche l'Umuduri, instrument musical au berimbau brésilien. Dans sa main droite, deux baguettes qu'il utilise pour battre légèrement, et avec tact, les cordes métalliques qui laissent échapper les anciens succès. Les jeunes le regardent avec mépris. Il chante archaïque, dépassé, démodé. Pire, il demande de l'argent chaque fois qu'il termine de chanter. Il mendie. Les plus âgés, eux, ne résistent pas, ils sont saisis dès la première note. Ils reconnaissent des titres qui ont fait vibrer leur jeunesse, se rappellent d'une étoile montante qui incarnait l'avenir de la musique traditionnelle du pays mais qui a fini en Mayibobo (mendiant). Mathias Mijuro avait refusé d'échouer, d'être victime du laxisme de ses compatriotes, surtout de trahir la musique.
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