Les outils actuels de mesure de la corruption sont majoritairement basés sur la perception, et ignorent la dimension internationale des actes et pratiques de corruption sur le continent, tels que les flux financiers illicites, indique le quatrième Rapport sur la Gouvernance en Afrique (AGR IV) lancé aujourd'hui à Kigali, au Rwanda.
Le rapport intitulé «Mesurer la corruption en Afrique: la dimension internationale compte» a été lancé conjointement par la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) et la Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) au Rwanda.
Sa principale conclusion est que les méthodes de mesure de la corruption sont insuffisamment développés et que les indices actuels ne présentent pas une image fiable et complète de la situation en Afrique.
L'AGR IV conteste la notion traditionnelle de la corruption perçue uniquement comme le détournement de fonds publics, qui met trop l'accent sur la fonction publique et néglige la corruption qui prévaut dans les secteurs privé et non étatiques. Les décideurs doivent prendre en compte la corruption comme un phénomène plus large où le secteur privé a une part de responsabilité importante.
Présentant le rapport, Eunice Ajambo, économiste à la CEA, a déclaré que «pour lutter contre la corruption, l'Afrique a besoin d'institutions et de politiques de bonne gouvernance qui ne sont pas exclusivement centrées sur les questions intérieures, car la corruption sur le continent n'est pas exclusivement du fait des Africains. »
Le rapport appelle toutes les parties prenantes à repenser les mesures de corruption en général. Les décisions d'investissement et d'aide au développement étant souvent basées sur des informations tirées des indices et des classements de la corruption, il est essentiel que les pays africains et les partenaires se concentrent sur les approches de mesure de la corruption qui s'appuient sur des critères plus objectifs et factuels.