Accra — Un séminaire de deux jours aux fins de sensibiliser les chefs traditionnels africains sur les risques et les opportunités d'investissements fonciers à grande échelle (LSLBIs) a débuté ce mercredi, à Accra, au Ghana, où participant plus de 50 autorités traditionnelles et communautaires responsables venant de toute l'Afrique.
Organisé par l'Initiative sur les politiques foncières (IPF), l'évènement dotera les chefs traditionnels des principes clés pour la négociation des offres d'investissement foncier qui sont durables et bénéfiques aux communautés et aux peuples africains.
Hubert Ouédraogo, expert principal dans les questions foncières de la Section de l'Initiative sur les politiques foncières, de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), explique que l'accent mis sur les chefs traditionnels est un atout stratégique.
« Il est important d'engager les chefs traditionnels à de telles activités, parce que les droits fonciers dans la plupart des communautés africaines sont des droits coutumiers fondés et sont régis par des institutions traditionnelles » déclare M. Ouédraogo.
L'Afrique abrite environ 60% des terres arables du monde, mais le continent demeure un importateur net de produits alimentaires et agricoles. Pendant ce temps, les jeunes du continent s'enfuient massivement vers l'Europe comme des migrants économiques. Ce sont des indications claires que les importantes ressources en terres fertiles de l'Afrique ne sont pas correctement exploitées pour répondre aux besoins de sa croissance démographique et de l'urbanisation rapide.
En outre, la nécessité pour les pays développés d'accéder aux ressources naturelles qui est primodial pour leur compétitivité économique et leur durabilité a alimenté une demande croissante de terres agricoles africaines. Cela a entraîné un phénomène d'acquisitions de vastes étendues de terres dans toute l'Afrique. Par conséquent, les gouvernements africains sont accuses de donner les ressources agraires du continent au détriment des communautés locales pauvres.
Lors de son discours, à l'ouverture du séminaire, le Ministre ghanéen en charge des questions foncières et des ressources naturelles, Nii Osah Mills, déclare que son pays a mis en place plusieurs secrétariats chargé des terres coutumières - des structures institutionnelles pour faciliter l'administration efficiente et efficace des terres coutumières.
« Quand la politique foncière du Ghana a été lancée en 1999, une place privilégiée a été fournie pour le renforcement des capacités des autorités traditionnelles, » dit M. Mills. « Selon le Projet sur l'administration foncières du Ghana, les secrétariats chargés des terres coutumières sont encouragés et soutenus par mon ministère afin de permettre aux propriétaires coutumiers d'avoir des structures administratives appropriées pour gérer leurs terres ».
La Représentante de la CUA, Laila Lokosang, souligne également l'importance de reconnaître et de protéger les droits fonciers coutumiers base du peuple africain. « Si l'Afrique doit nourrir sa population en croissance rapide, alors droits fonciers des agriculteurs africains, dont la majorité représente de petits exploitants agricoles, doivent être sécurisés », déclare M. Lokosang. « Protégeant les droits fonciers coutumiers des peuples africains, notamment ceux des femmes, est un facteur déterminant du développement de l'Afrique. »
S'exprimant au nom de la Chambre nationale des chefs ghanéenne, Nene Avenel III décrit le séminaire comme une occasion inédite pour les chefs traditionnels.
« Je comprends que c'est une toute première que les autorités traditionnelles se rencontrent et délibèrent sur la question foncière. J'implore ainsi à tous que nous saisissions cette occasion pour partager les experiences et tirer des leçons pour des considérations futures ».
Le séminaire s'inscrit dans plusieurs activités menées par l'IPF sous les auspices de la CUA, de la Bad et de la CEA, afin d'orienter les gouvernements africains, les chefs traditionnels et autres parties intéressées sur la façon de rendre les investissements fonciers bénéfiques pour les populations locales et les économies.