Dakar — Le Bureau Sous Régional pour l'Afrique de l'Ouest de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA/BSR-AO) a organisé à Dakar les 22 et 23 novembre 2016, en collaboration avec le Gouvernement Sénégalais, une réunion ad'hoc de groupe d'experts sur le thème " les infrastructures de transport et le commerce en Afrique de l'Ouest".
L'objectif principal de la réunion était de faire l'état des lieux des infrastructures de transport en Afrique de l'Ouest et d'apprécier leur incidence sur le commerce intra-régional, la compétitivité de la sous-région et l'intégration régionale.
Ont participé à cette réunion des experts venus des Etats membres de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), des représentants des institutions des Nations Unies et des opérateurs du secteur privé œuvrant dans le domaine du transport, du commerce ou des infrastructures.
Dans son allocution d'ouverture, le Professeur Dimitri Sanga, Directeur de la CEA/BSR-AO, a souligné que les infrastructures de transport constituent un important facteur dans la production des biens et services et participent activement à l'amélioration de la compétitivité. Elles assurent l'accès aux ressources clé, réduisent les barrières à la libre circulation des personnes et des biens et améliorent l'accès aux marchés des biens et services. Il a ajouté que les infrastructures de transport accompagnent le développement des échanges transfrontaliers, réduisent sensiblement le coût de certains facteurs de production, favorisent le développement des échanges intracommunautaires et donnent aux économies un meilleur accès aux marchés sous régionaux, régionaux et globaux.
Le Professeur Dimitri Sanga a en outre déploré le fait qu'en Afrique de l'Ouest, le déficit d'infrastructures génère chaque année une perte de 2 points de pourcentage de croissance et entrave fortement la productivité des entreprises. En effet, la sous-région n'enregistre qu'une densité de 2,8 Km/100Km² de réseau routier et occupe la dernière position parmi les cinq sous-régions du continent, loin derrière l'Afrique Australe qui affiche 13,5 Km/100Km² contre une moyenne africaine de 7,6 Km/100Km². De plus, le taux d'accès à une route en Afrique de l'Ouest est seulement de 34 %, contre 50 % en moyenne dans les pays en développement.
Somme toutes, les statistiques disponibles nous renseignent que l'Afrique de l'Ouest accuse un grand retard en matière d'infrastructure en général et d'infrastructures de transport en particulier. La densité du réseau ferroviaire n'est que de 1,9 km/1000 km2 contre une moyenne continentale de 2,5 km/1000 km2. En matière de transport maritime, la sous-région représente moins de 1 % du trafic mondial par conteneurs et un peu plus de 2 % de l'ensemble du trafic africain. Par ailleurs, le marché domestique du transport aérien, bien qu'étant le plus vaste de l'Afrique après celui de l'Afrique Australe, cache un marché intra-Ouest Africain relativement faible.
Pour terminer Professeur Sanga a indiqué que la construction et l'entretien des infrastructures de transport pèsent énormément sur les budgets des Etats et nécessite de ce fait des stratégies innovantes pour leur financement au regard de la faiblesse des espaces fiscaux nationaux et de la participation encore timide du secteur privé. Il a ainsi loué l'initiative de certains pays de la sous-région qui ont commencé à donner un signal fort au cours de ces 5 dernières années en matière de promotion du financement des infrastructures de transport par l'approche PPP, notamment la Côte d'Ivoire et le Sénégal; une nouvelle dynamique qui mérite d'être renforcée et encouragée.
Dans son discours d'ouverture de la réunion, monsieur Amadou Ciré Touré représentant du ministre sénégalais de l'économie, des finances et du plan empêché, a rappelé que la CEDEAO ambitionne d'accroître progressivement les échanges intra-communautaires de moins de 12% en 2012 à 40% en 2030. Une telle intensification des échanges intra régionaux dépendra largement de la capacité de la sous-région de se doter des infrastructures de transport nécessaires pour réduire le coût de transaction et accroître la compétitivité.
Il a relevé que les routes le long des corridors ouest africains, bien que pour la plupart en bon état, se caractérisent par un certain nombre de goulots d'étranglement notamment incluant de longs retards de livraison, une faible harmonisation institutionnelle entre pays et des charges à l'essieu occasionnant la dégradation des infrastructures déjà très peu développées.
Le représentant du ministre a aussi fait remarquer que les tarifs de fret sont les deuxièmes plus élevés en Afrique après ceux de l'Afrique centrale, et l'évolution du réseau ferroviaire a connu un déclin face à la forte concurrence du transport routier.
Pour terminer Monsieur Amadou Ciré Touré a indiqué qu'au-delà de l'élimination des obstacles au commerce, il est important de renforcer les capacités productives et améliorer les procédures douanières pour développer le commerce sous régional. D'où la nécessité impérieuse de faire face aux défis transversaux liés au développement du transport et à la facilitation du commerce dans la zone CEDEAO, notamment la promotion du développement des ressources humaines en appui au secteur et l'adoption d'une approche plus globale et intégrée dans le renforcement des liens infrastructures de transport et commerce en Afrique de l'Ouest.