Une grande incertitude plane alors que l'année 2016 s'achève. Au niveau mondial, beaucoup de questions restent en suspens avec le Brexit et les élections américaines. En Afrique, beaucoup de nos économies subissent beaucoup de stress et les nouvelles concernant la baisse des prix des produits de base dans le monde, la menace du changement climatique et l'accès limité au financement agricole sont nombreuses. Ce n'est un secret pour personne que la croissance actuelle avec des taux des plus modestes qui sont prévus pour le continent ne suffit pas à soutenir le récit d'une Afrique en essor que nous avons connu les années précédentes.
Pourtant, à la CEA, nous restons convaincus que le temps que nous avons consacré à la transformation structurelle depuis la crise mondiale et financière de 2008 n'a pas été inutile. Nous avançons, après tout, avec de grandes idées, telles que la relance du rôle de l'État et l'urgence de planifier le développement, le renforcement du commerce interafricain et la valorisation des opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale dont les négociations sont bien engagées. Le fond de ces grandes idées bien documentées et des recommandations politiques est ce qui est déconcertant. Le mécontentement persistant à l'égard de l'augmentation du chômage continue de faire rage. Ceci demeure au cœur de l'agitation sociale et, à certains égards, contribue à l'incrédulité dans la promesse de grandes idées politiques. Il en ressort des résultats tangibles, tel que le fait de préserver nos jeunes de la rue et de les amener à percevoir des revenus décents et, par conséquent, assurer leur avenir, c'est ce que nous continuons à défendre et à promouvoir à la Commission économique pour l'Afrique. Les résultats tangibles restent au cœur d'une profonde transformation structurelle.
Pour inverser la tendance de l'augmentation du chômage et freiner les inégalités, nous apercevons une lumière au bout du tunnel et cette solution se trouve dans l'un des secteurs les plus prometteurs - l'agriculture - qui alimente le thème de la Conférence économique africaine 2016 - Nourrir l'Afrique : Vers une industrialisation agroalimentaire pour une croissance inclusive. Ce rassemblement annuel de chercheurs africains qui se déroule du 5 au 7 décembre à Abuja, est un cri de ralliement pour tourner résolument le dos à un secteur agricole qui repose sur une technologie obsolète et emprunter la voie de l'agro-industrie et du développement des liens entre les secteurs; accroître la productivité agricole et combler le déficit alimentaire et la croissance qui caractérisent actuellement le secteur. Sous le nuage d'incertitude de notre époque, nous ne pouvons pas faire face aux défis toujours présents et imminents de la transformation, en traitant les activités économiques comme d'habitude. Nous devons avoir un esprit ouvert; et une stratégie visant à défendre et à développer des industries agroalimentaires qui favorisent une croissance plus solide, inclusive, verte et peut être une solution viable pour inverser les tendances d'une croissance au ralenti que nous connaissons aujourd'hui.
À la CEA, nous sommes vivement encouragés par le Nigéria, qui, en dépit de ses défis économiques actuels, ouvre la voie à la transformation agricole. Nous ne saurions trop insister sur le fait que manquer de nous défaire des moyens traditionnels de travailler dans l'agriculture nous fragilisera face aux menaces, comme le changement climatique.
Alors que les chances peuvent sembler empirer contre l'Afrique, la seule façon, est que nous nous réveillions et examinions le potentiel d'agroindustrialisation et l'intégrions dans les stratégies nationales de développement et que nous en assurions la cohérence avec toutes les politiques nationales. Il faut se concentrer, comme toujours, sur la transformation structurelle à long terme. En mettant davantage l'accent sur les liens entre les stratégies agricoles et industrielles, nous pouvons progresser continuellement selon une approche graduelle vers une industrialisation et une mise à niveau le long des chaînes de valeur.
En fin de compte, la voie à la realization du traité d'Abuja datant de plusieurs décennies, où se déroulera également la prochaine Conférence économique africaine de cette année, va au-delà des attentes du renforcement du commerce intra-africain. Il s'agit d'une approche intelligente à l'égard de la transformation du continent et de l'exploitation des possibilités illimitées se trouvant dans les marchés agricoles et alimentaires mondiaux.
Les vagues économiques mondiales et nationales, les marées et les tensions continueront de persister, mais nous pouvons continuer à progresser en tant que Continent, en intensifiant la transformation et en entreprenant une industrialisation orientée vers l'agroalimentation.
L'auteur est le Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l'Afrique, dont le siège se trouve à Addis-Abeba. Pour en savoir plus: www.uneca.org