Afrique Centrale: Accord pour une transition démocratique au Congo

18 Janvier 2017
tribune

Vers la fin de l'année dernière, la République démocratique du Congo a frôlé une crise constitutionnelle. Alors que le deuxième et dernier mandat du président Joseph Kabila tirait à sa fin, aucun plan n'avait encore été élaboré pour tenir des élections afin de choisir son remplaçant.

Des rumeurs ont circulé quant à la perspective d'un retard indéfini. Les forces de sécurité ont répondu aux manifestations pacifiques par la violence, et le pays a dû se préparer à une instabilité prolongée. Puis, littéralement à la 11e heure de la veille du Jour de l'An, le gouvernement et l'opposition ont conclu un accord afin d'éviter une crise.

En vertu de cet accord, les élections présidentielles, législatives et provinciales auront lieu au plus tard en décembre 2017. Le président Kabila ne peut briguer un troisième mandat, mais il restera en fonction jusqu'à ce que son successeur soit en poste. Dans l'intervalle, aucun amendement ne pourra être apporté à la constitution, et l'État annoncera un gouvernement d'unité dirigé par un premier ministre de l'opposition. Un nouveau conseil national, dirigé par le chef de l'opposition, Étienne Tshisekedi, supervisera la mise en œuvre de l'accord.

Cet accord ouvre la voie à la toute première transition démocratique en RDC. Il représente une grande victoire pour le gouvernement, l'opposition et les Congolais. Cependant, cet accord reste fragile et toutes les parties devront agir rapidement afin d'honorer ses modalités. Le choix d'un nouveau premier ministre et la mise en place d'un conseil directeur seront déterminants.

Cet accord n'aurait pas été possible sans la collaboration de la société civile congolaise, notamment le Conseil des évêques catholiques, qui a encouragé les négociations entre le gouvernement et l'opposition, lesquelles ont duré des mois. Le Conseil s'est joint à de nombreuses autres organisations, à des dirigeants municipaux et des citoyens ordinaires pour demander un avenir démocratique stable face au harcèlement, aux arrestations et à l'intimidation. Ces voix continueront de jouer un rôle vital pour encourager la poursuite des progrès, dont la mesure sera la capacité du gouvernement à tenir son engagement de respect des droits de l'homme, de restauration d'un espace de débat politique et de réouverture des bureaux des médias.

Les acteurs congolais de ce processus méritent de grands éloges pour ce compromis, mais l'engagement proactif de la communauté internationale a aussi joué un rôle décisif. En coulisse, les États-Unis, l'Union européenne et les partenaires régionaux ont invité les hauts responsables de la RDC à saisir l'occasion et les ont avertis des répercussions possibles de leur inaction. Cette menace ne fut pas vaine : tant les États-Unis que l'UE ont sanctionné plusieurs responsables de la RDC pour avoir sapé les procédés démocratiques et soumis les civils à de la violence. Cette combinaison de persuasion et de pressions a incité toutes les parties à négocier et à faire les compromis difficiles qui s'imposaient pour parvenir à un accord.

Un avenir plus stable et démocratique est maintenant à portée de main de la RDC, mais il repose sur la mise en œuvre de l'accord par toutes les parties. Les États-Unis espèrent ne pas avoir à imposer de nouvelles sanctions, mais cette option reste sur la table s'il advenait que les parties congolaises ne parviennent pas à respecter l'accord.

Il y a dix ans ce mois-ci, Ban-Ki Moon s'est rendu à Kinshasa lors de son premier voyage en Afrique en tant que Secrétaire général de l'ONU. Pendant les nombreuses années de guerre civile, des millions de Congolais ont péri dans le conflit le plus sanglant depuis la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, grâce au soutien de la communauté internationale, les Congolais se sont tracé une nouvelle voie en organisant les premières élections démocratiques de leur pays en une génération. S'adressant au parlement, l'ancien Secrétaire général a qualifié la RDC de « source d'espoir » pour le continent. Le mois dernier, le pays était au bord de la crise. Une fois de plus, grâce à l'appui de la communauté internationale, le peuple congolais a défié l'histoire en faisant primer la démocratie et la paix sur la division et les conflits. Ce peuple continue de nous donner de l'espoir, et le monde doit le soutenir dans son cheminement difficile mais chargé d'espoir.

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