Afrique: L'inefficacité de l'Aide publique au développement mise à nu

23 Janvier 2017

Compter sur l'Aide publique au développement (Apd) n'est pas gage de sécurité pour les pays africains. L'ingénieur en Géni-civile, M. Papa Modou Ndiaye l'a démontré dans sa thèse sur le thème «Facteurs de Risques dans la Gestion des Projets de Développement au Sénégal». Ce travail de recherche présenté le vendredi 20 janvier à Dakar a démontré l'inefficacité des fonds que les pays occidentaux accordent l'Afrique.

L'Aide publique au développement (Apd) destinée à l'Afrique a augmenté au fil des ans alors que la pauvreté et les inégalités suivent la même tendance. Le constat est fait par beaucoup d'observateurs, surtout de la société civile qui militent pour la réduction de la dette. L'ingénieur en géni-civil, M. Papa Modou Ndiaye fait le même constat dans sa thèse sur le thème «Facteurs de Risques dans la Gestion des Projets de Développement au Sénégal».

Présenté le vendredi 20 janvier 2017 devant à un jury présidé par le Pr. Amadou Lamine Dia, Professeur Titulaire, Doyen Honoraire, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ce travail de recherche qui est le résultat d'un processus de trois années, a confirmé l'inefficacité de l'Apd dans la lutte contre la pauvreté.

Prenant le cas du Sénégal, il a démontré que le problème est partagé par tous les pays africains surtout ceux de l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). M. Ndiaye a ainsi brandi une étude de la Banque mondiale qui a montré 25% des projets de développement au Sénégal se sont soldés par des échecs, 25% des réussites et le reste mi-réussite et mi-échec.

A son avis, cette situation est la résultante d'un déficit d'approche managériale dans la gestion des projets en question ainsi qu'une meilleure appréhension des facteurs de risque.

M. Ndiaye décèle  27 facteurs de risque dans la gestion des projets. Il pointe du doigt, par moment, le niveau des coordonnateurs de projet et des bailleurs qui, selon lui, sont des parties importantes dans la phase exécution.

Beaucoup de projets de développement en Afrique sont, au moment de leur évaluation, caractérisés par un dépassement de délai et un défaut de qualité. Si l'on sait que gérer un projet revient à régler le triptyque qualité – coût – délai. M. Ndiaye avise que « 55% des projets de développement au Sénégal dépassent les délais ».

D'après Papa Modou Ndiaye, au Sénégal, beaucoup de projets au développement sont entachés par des facteurs de fraude et de corruption, une mauvaise identification du projet, l'inexpérience des chefs de projet, des dysfonctionnements dans les passations de marché. A cela, s'ajoute l'absence de manuel de procédure.

Devant ce tableau sombre, M. Ndiaye ne s'est pas empêché de formuler des recommandations managériales.

Sur la question de passation des marchés, il invite les manageurs à bien choisir des critères d'évaluation clairs et la mise en place d'équipes qualifiées pour l'évaluation des offres. Cet ingénieur en géni-civil plaide aussi à la formation en passation des marchés avant la phase d'évaluation ainsi que la nécessité de garder la liste d'équipe d'évaluation confidentielle…

Sur l'identification du problème à résoudre, M. Ndiaye recommande la mise en place de bureau de gestion des projets, l'identification des bénéficiaires, la validation au niveau des différentes étapes, la revue des objectifs du projet avant sa mise en œuvre.

Face à la lancinante question de la fraude et de la corruption, il invite à l'amélioration des procédures internes, la formation des équipes et des prestataires mais aussi la mise en place d'un plan de lutte contre la fraude et la corruption. Sans oublier la nécessité de dénoncer les coupables et les traduire en justice.

Les membres du jury ont, à l'unanimité, accordé un satisfécit aux résultats de ce travail de recherche. Appuyant la posture de M. Ndiaye, le Pr. Jean Desmazes, de l'Université de la Rochelle, rapport du jury, relève des perspectives optimistes dans la façon de gérer les projets. Dans la même veine, l'autre rapporteur, le Pr. El Bachir Wade, Maître de conférences agrégé, de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, souligne l'actualité du thème dans un contexte d'harmonisation et de transposition des directives en matière gestion des finances publiques.

Un ensemble de « bonnes feuilles » qui, selon le Directeur de thèse, le Pr. Boubacar Baidari, Maître de conférences agrégé, font de Papa Modou Ndiaye qui a récolté les félicitations du jury, le premier Docteur du Centre africain d'études supérieures en gestion (Cesag).

Pour rappel, ce résultat est le fruit d'un partenariat entre le Cesag et le Business Science Institute (Bsi) dont l'objectif est d'offrir aux cadres de la région de l'Afrique francophone un programme doctoral exceptionnel.

A cet effet, le Pr. Michel Kalika, Professeur des Universités, IAE de l'Université de Lyon, et Président du Business Science Institute, souligne que ce programme innovant permet aux doctorants-managers, tous diplômés de MBA (ou d'un titre équivalent), de préparer un Executive Doctorate in Business Administration (Edba) à partir de leur expérience managériale. Ce qui, de l'avis du Cesag, permettra de susciter une réflexion sur les problématiques managériales africaines actuelles pour impulser le changement de leur environnement et être les acteurs du développement.

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