Les gouvernements africains priés d'abroger les lois discriminatoires contre les femmes

26 Janvier 2017

Addis-Abeba — La Réunion ministérielle africaine de pré-consultation sur la 61ème Commission sur la condition de la femme (CSW 61) sur le thème « L'autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en mutation » a débuté ce jeudi, à Addis-Abeba, avec la Secrétaire exécutive adjointe, Giovanie Biha de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), qui exhorte l'Afrique d'abroger une législation discriminatoire à l'égard des femmes et des filles.

Mme Biha souhaitant dans son allocution, la bienvenue aux ministres africains en charge des questions de genre lors de ladite réunion, déclare que des actions doivent être prises pour s'assurer de la pleine garantie et de la protection des droits des femmes à l'emploi car cela améliorerait leurs perspectives dans un monde du travail en évolution. Elle souligne la nécessité pour les gouvernements africains d'appliquer la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) et la Charte africaine des droits de l'homme et d'en supprimer toutes les lois nationales discriminatoires.

Mme Biha déclare que les femmes sont depuis longtemps les victimes de la législation discriminatoire et les lois doivent être modifiées pour les aider à accéder librement et à leur tour au marché du travail et à améliorer leur bien-être social et économique.

« L'investissement dans l'enseignement secondaire et supérieur ainsi que la formation professionnelle, en accordant une attention particulière à leur accès et à leur réussite dans les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques (STEM), est important », déclare-t-elle aux délégués. Et ajoute que les gouvernements doivent faire face aux tâches non-rémunérées des femmes et des filles en matière de prestation de soins en mettant en œuvre la stratégie du triple R à savoir, la Reconnaissance par la mesure, la Réduction par l'investissement dans les infrastructures et les services sociaux et la Redistribution en encourageant une allocation intra-ménage plus équitable ».

« Les disparités généralisées entre les sexes empêchent les femmes, en particulier les jeunes femmes, d'acquérir les compétences requises pour accéder à des opportunités d'emploi moyen, élevé et technique. En conséquence, la majorité des femmes africaines (plus de 70%) occupent un emploi informel, caractérisé par une précarité, des salaires endémiques et des conditions de travail difficiles », dit-elle. « Cette situation expose les femmes à des risques car elles n'ont pas accès à la protection sociale ou aux services de sécurité sociale qui sont liés à un emploi formel, ce qui entraîne une double discrimination liée à l'égalité des sexes et à la discrimination inhérente à la nature du secteur informel.

Pour sa part, la Ministre éthiopienne des affaires féminines et de l'enfance, Demitu Hambisa, déclare : « Comme le montre une évidence croissante, la participation des femmes dans la sphère économique est infime et limitée au travail domestique ». Elle dit qu'en Éthiopie, alors que les femmes contribuaient à l'économie du pays, elles sont restées en grande dans l'ombre de leurs homologues masculins en termes de statut économique et ajoute que les efforts sont fournis par le gouvernement qui doivent faire face à ces questions afin de renforcer leur autonomisation politique, sociale et économique.

Dans un discours prononcé en sa faveur, la Présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma déclare que le thème est crucial pour l'Agenda 2063 et l'Agenda 2030 pour le développement durable.

« Il est également opportun que nous discutions de l'autonomisation économique des femmes dans un monde du travail en évolution, étant donné que le thème du Sommet de cette année est sur le dividende démographique. Les deux thèmes sont étroitement liés. Dans un tel monde du travail, les femmes africaines sont les plus touchées car elles sont déjà défavorisées », fait savoir Mme Dlamini-Zuma et ajoute qu'il est temps de prendre des mesures sérieuses pour combattre les problèmes touchant les femmes et les filles, surtout dans les régions rurales d'Afrique.

Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice générale de l'ONU-Femmes déclare que la Commission sur la condition de la femme CSW est une occasion pour l'Afrique de parler d'une seule voix sur les questions touchant les femmes et ajoute que le continent a tout à gagner d'un environnement de travail en évolution.

« Sans parler d'une même voix en Afrique, le danger que les femmes et les filles dans les zones rurales soient laissées pour compte, existe », dit-elle. « Nous devons discuter ici des défis et tirer le meilleur parti des possibilités qui nous attendent à mesure que nous nous approchons du CSW61 ».

Elle appelle également les dirigeants africains à ratifier la Convention des travailleurs domestiques pour les protéger contre les longs horaires de travail aux rémunérations et avantages réduits.

Partageant également l'importance du thème, Mlambo-Ngcuka et Karen Ellemann, Ministre de l'égalité des chances du Danemark, ont prononcé un discours d'ouverture et ont promis que le Danemark continuerait à travailler en étroite collaboration avec l'Afrique qui cherche à autonomiser ses femmes et ses filles.

« Encourager la participation des femmes au marché du travail est cruciale pour le PIB, cruciale pour la croissance économique et de façon générale, pour assurer la pleine utilisation de tous les talents et ressources humaines disponibles », dit-elle et ajoute que la participation des femmes dans le marché du travail est indispensable pour leur indépendance.

Thokozile Ruzvidzo, Directrice du Centre africain pour le genre de la CEA, déclare que la réunion préalable à la consultation, organisée par la CEA, l'ONU-Femmes et l'Union africaine, est cruciale pour garantir une position commune pour le continent avant le CSW61, en mars, à New York.

« Notre objectif ici est de parvenir à un consensus parmi les pays africains autour des questions relatives à l'égalité entre les sexes dans le monde du travail en Afrique dans le but de promouvoir une voix africaine essentielle pour façonner et influencer les conclusions globales du CSW61 ».

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