La montée du radicalisme secoue toute l'Afrique et menace même des pays comme le Sénégal cité en exemple en termes de cohabitation entre les religions. Pour anticiper sur ces menaces, le Sénégal est appelé à faire face à, entre autres défis, l'intégration des faits religieux dans le système éducatif afin de préserver le dialogue inter-religieux qui est un socle essentiel de la stabilité du pays.
« Dans nos sociétés, il est temps d'intégrer les faits religieux dans le système éducatif pour freiner le radicalisme ». Cette assertion a été défendu par le professeur M. Abdoul Aziz Kébé, lors d'un panel que la fondation Open Society Initiative for West Africa (Osiwa) a tenu ce mardi 7 février à son siège à Dakar. Une journée de réflexion à laquelle ont pris part une quarantaine de religieux, d'universitaires et de membres de la société civile.
Réagissant sur la montée du radicalisme en Afrique, l'islamologue pense que cette situation relève de la responsabilité de l'État, des guides religieux, et de la presse.
Devant cet état de fait, il pense que l'Etat doit recentrer les choses sur l'éducation de façon à avoir une même offre qui peut être concédée à des entrepreneurs privés de l'école mais que l'éducation et l'enseignement soient uniques pour le modèle du citoyen voulu.
« Je crois que la pluralité des offres dans le secteur éducatif ne soit pas validée par l'Etat. Il y a plusieurs offres pour un seul citoyen et à la longue, il y aura divers citoyens qui vont regarder dans la même direction que leur maître et non dans la même direction que leur pays ».
Dans la même foulée, l'islamologue pointe du doigt les foyers religieux du pays qu'il classe dans le cercle des éléments de fragilité du dialogue inter-religieux.
De l'avis de M. Kébé, les familles religieuses ne doivent pas se limiter à se dire qu'ils sont des remparts contre le terrorisme ou le radicalisme en oubliant que le discours radical se puise dans la religion. « En tant que légataire d'un certain patrimoine, ils doivent regarder ce qui peut être poreux dans leur lègue et qui peut être une porte d'entrée pour les radicaux ».
L'harmonie interconfessionnelle est certes un atout sénégalais mais elle est ainsi appelée à faire sa mue pour échapper aux menaces de dislocation de sa société, la déstabilisation des structures sociales, le fait de casser les ressorts qui amortissent les chocs dans les sociétés, la dérégulation d'une façon générale…
Pour rappel, c'est en marge de la semaine mondiale de l'harmonie interconfessionnelle (célébrée chaque année durant la première semaine du mois de février), qu'Osiwa propose de décortiquer le dialogue inter-religieux au Sénégal. Une activité qui, selon Hawa Ba d'Osiwa, entre dans la stratégie 2017-2020 de la fondation dont l'un des axes est dédié à la lutte contre le radicalisme.