Développer des stratégies devant permettre de lever les obstacles qui freinent l'autonomisation économique des femmes et l'accès des filles à l'éducation, c'est le point commun relevé dans tous discours prononcés à l'ouverture du panel de haut niveau du groupe AllAfrica Global Media qui a eu lieu dans la matinée de ce mardi 7 mars à Bamako, la capitale malienne. Un appel qui reflète l'ampleur des défis qui subsistent malgré les nombreux efforts consentis dans ce domaine.
La Première dame du Mali, Mme Keita Aminata Maïga, a donné le ton sur la vision que les pays africains doivent suivre pour parvenir à l'accès des filles à l'éducation et l'autonomisation économique des femmes, vecteurs d'émergence. Elle l'a fait savoir à l'ouverture, ce mardi 7 mars à Bamako, de l'atelier de réflexion sur l'autonomisation économique des femmes et l'accès à l'éducation des filles : vecteur d'émergences.
Saluant les efforts du gouvernement malien pour toutes les mesures politiques et institutionnelles prises dans le domaine de l'autonomisation des femmes, elle souligne que les défis persistent. « En ce 21ème siècle, en dépit des progrès notoires, il est aisé de constater que les femmes et les jeunes filles restent victimes d'inégalités dans des formes à la fois perverses et néfastes ».
De l'avis de Mme Keïta, « beaucoup de filles n'ont pas la chance d'aller à l'école et celles qui y ont accès n'arrivent pas toutes à achever le niveau fondamental pour de multiples raisons parmi lesquelles les contraintes socioculturelles occupent une place prépondérante ».
La première dame du Mali a magnifié la capacité d'entreprendre des femmes de son pays, à l'image des Femmes du continent, dans tous les domaines surtout dans les filières liées à l'agriculture. Cependant, a-t-elle souligné, « l'activité entrepreneuriale au féminin, reste caractérisée par la prédominance de l'informel, souvent non créatrice d'emplois, moins rentables et peu résistantes aux conjonctures économiques ».
Mme Keïta de rappeler qu'il est sans conteste que l'atteinte des Objectifs pour le Développement Durable, passe inévitablement par une autonomisation de la Femme et la scolarisation de la fille, vecteurs d'un équilibre économique et social. A son avis, « si la Femme est dotée de ressources nécessaires, elle est prête à améliorer la qualité de sa vie et celle de ses enfants ».
Dans cette même veine, elle met le focus sur l'éducation qui, à son avis, joue un rôle clé dans les progrès pour atteindre l'égalité des sexes. « L'éducation permet d'émanciper les filles, leur apporter les compétences et connaissances nécessaires pour rester en bonne santé, être en capacité de prendre des décisions quant à leur vie, sécuriser un emploi mieux rémunéré et être actives dans le développement de leur communauté et de la société en générale ».
Ce qui l'amène à dire que « l'éducation de la fille est donc un droit humain fondamental et une exigence pour le développement harmonieux de nos pays ». Avant de souligner : « Donner à nos sœurs et à nos filles, la chance d'acquérir un minimum de savoir et de savoir-faire, c'est accroître leur part dans l'économie nationale ; c'est aussi, contribuer à une meilleure prise en charge des questions de santé, d'éducation, d'environnement, de création de revenus et de réduction de la pauvreté, voire briser le cycle de la pauvreté intergénérationnelle. En un mot, c'est consolider l'assise et l'équilibre de la famille ».
Enfilant son manteau de « mère de famille », la Première dame du Mali, s'engage aux côtés de AllAfrica Global Media, co-organisateur de ce panel avec le Groupe de Travail de Haut Niveau du Secrétaire Général des Nations Unies pour l'Autonomisation Économique des Femmes (Unhlp) dans ce combat en faveur des femmes. Un engagement qu'elle justifie par le fait que « les Femmes et les filles constituent aujourd'hui l'un des nouveaux leviers de la croissance économique. Et que Répondre à leurs préoccupations c'est créer la force dynamique d'une Afrique émergente sur la scène mondiale ».
Cette position de la Première dame du Mali est épousée par l'ensemble des panélistes qui ont pris part à ce panel de haut niveau de AllAfrica. C'est à l'image de Mme Sy Mariama Ba, Directrice Régionale de AllAfrica qui partage la conviction de son groupe qui avance « l'émergence de notre continent passe résolument par un leadership affirmé de nos femmes, l'accès à l'éducation pour nos filles, une égalité de sexes, de chance réelle effective à tous les niveaux et une autonomisation des femmes comme un idéal de société ».
Mme Binta Diop, Envoyée Spéciale de la Présidente de la Commission de l'Union Africaine Pour les Femmes, la Paix et la Sécurité. Cette dernière juge ce changement de paradigme pertinent du moment que 22 ans après la ratification des résolutions africaines sur la femme, des progrès considérables ont été faits dans le domaine de l'éducation, de la santé, de la participation au pouvoir politique, l'accès à la terre… « Malgré tout cela, la bataille pour l'autonomisation des femmes est loin d'être gagnée ».
A son avis, l'Afrique est certes déterminée à changer la donne mais les résultats trainent surtout dans des domaines comme l'accès au foncier, la résolution sur paix et sécurité … Mme Diop qui est par ailleurs président de l'Ong Femme Africa Solidarité (Fas), invite une fois de plus les Etats africains à mettre en œuvre les engagements pris dans ce sens. Mme Diop suggère aussi plus d'engagement des filles dans les sciences et les technologies mais aussi la redéfinition des priorités pour aller vers l'égalité des sexes.
Un ensemble de suggestions qui entre en droite ligne dans les conclusions du deuxième rapport du Groupe de Travail de Haut Niveau du Secrétaire Général des Nations Unies pour l'Autonomisation Économique des Femmes (Unhlp) qui sera présenté le 14 mars prochain au nouveau secrétaire général de l'Onu. M. Amadou Mahtar Ba, a profité de ces assises de Bamako pour dérouler les sept forces motrices majeures de l'Autonomisation économique des Femmes. Pour illustrer l'appel lancé pour un investissement en faveur de la femme, il a brandi une étude de McKinsey Global Institute (MGI) qui a démontré que « si l'on accorde les mêmes égalités aux femmes que les hommes, à l'horizon 2025, on pourrait ajouter 25 billions de dollars à l'économie mondiale et surtout dans nos pays en développement ».