La Première Dame du Mali appelle ses sœurs à faire moins d’enfants afin de mieux gérer leur famille et construire leur épanouissement. Elle l’a fait savoir lors d’un des panels de la journée réflexion que le Groupe AllAfrica Global Media a organisé le mardi 7 mars 2017 à Bamako. De concert avec le Groupe de Travail de Haut Niveau du Secrétaire Général des Nations Unies pour l'Autonomisation Économique des Femmes (Unhlp), la réflexion était convoquée autour du thème : « L’autonomisation économique des femmes et accès des filles à l’école : vecteur de l’émergence en Afrique ».
« Il faut faire moins d’enfants ». C’est l’invite que la Première du Mali a lancé aux femmes de son pays. Venue présider la journée de réflexion que le Groupe AllAfrica Global a organisé le 7 mars pour célébrer la journée internationale de la femme, Mme Aminata Maïga Keïta a attiré l’attention des Maliennes sur la nécessité de limiter les naissances pour espérer réaliser leur autonomisation économique.
Ce diatribe de la Première dame du Mali est motivé par le constat de la forte présence des enfants dans les rues de la capitale malienne mais aussi le boom démographique du pays compte tenu du faible niveau de développement économique. « Tous les enfants de Bamako sont dans la rue parce que la maison est pleine ». De grâce, a-t-elle supplié, « Dieu n’a pas dit de mettre au monde des enfants et de les laisser dans la rue. Aucune religion n’accepte ça ».
Cette recommandation de Mme Aminata Maïga Keïta va en droite ligne des objectifs d’atteinte du dividende démographique promu par des organisations du système des Nations Unies comme l’UNFPA et l’ONU Femmes. Le but visé est de permettre aux pays, surtout pauvres, de mieux tirer profit des perspectives de croissance économique à condition de maitriser leur niveau démographique.
Ayant partagé les moments de célébration du droit de la femme, la première dame du Mali s’est satisfait des avancées notées dans ce domaine tout en alertant sur les probables facteurs pouvant anéantir les efforts consentis. « Les femmes avancent et il y’a des progrès à faire. Particulièrement au Mali, je voudrais attirer l’attention sur la croissance démographique. Nous avons une natalité galopante et ça ne va pas de pair avec la croissance économique ».
Devant cet état de fait, la première dame du Mali invite ses sœurs et celles de l’Afrique tout entière, à prendre leur responsabilité et agir dans la sphère sociale et familiale, pour contribuer à apporter le changement recherché. « Beaucoup de gens disent que ce sont les femmes qui mettent au monde. Donc c’est à elles qu’il revient de faire en sorte, à la base, que le garçon et la fille soient pareils. Sexuellement, ils sont différents mais ils doivent faire les mêmes travaux ménagers et cela incombe aux femmes d’y veiller ».
A son avis, « au Mali, les femmes ont démissionné dans cet exercice. Je constate que nous faisons beaucoup d’enfants. Il y’a beaucoup de problèmes sociaux mais c’est aussi, les femmes, qui sont les contraintes sociales ». Et de rappeler amèrement : « comme c’est dit dans la tradition, rien ne se fait sans demander l’avis des femmes. Nous ne progressons pas aussi parce que les femmes dépensent trop et font dépenser ».
Mme Keita se réjouit du fait les femmes de son pays qui sont instruites, sont les plus enclin à mettre leurs enfants à l’école. Elle pense par contre qu’attirées par tout ce qu’il y a de social dans leur entourage, la grande majorité des femmes n’ont plus le contrôle de la famille, de leurs enfants. Devant cet état de fait, elle pense que les femmes doivent combattre les contraintes sociales. « C’est nous qui faisons les baptêmes, les mariages… C’est nous qui nous asseyons par terre lors des cérémonies. Et quand on est à terre, on perd plus de temps car c’est difficile de se relever », a-t-elle fait constaté à ses sœurs du Mali.
Etant fille d’enseignant, Mme Aminata Maïga Keïta pense dur comme fer qu’un changement de mentalité et de comportement est possible. « Il faut de l’argent pour beaucoup de choses mais souvent c’est une question de volonté. Quand on veut, on peut », s’est-elle réjouie.