Cible des groupes armés qui sèment l’insécurité depuis deux décennies, la République démocratique du Congo a été transformée en foyer des violences sexuelles, utilisées comme armes de guerre pour fragiliser une population déjà meurtrie et victime de ses ressources. C’est dans ce contexte que le pays a été taxé de « capitale mondiale de viols » lors de la visite, en 2010, de Margot Wallström, alors Représentante spéciale sur les violences sexuelles aux Nations Unies. La RDC est aujourd’hui en passe de devenir une référence dans les efforts de lutte contre cette pratique déshumanisante. C’est du moins l’avis de Mme Zainab Hawa Bangura, Représentante spéciale du Secrétaire Général de l’ONU en matière des violences sexuelles au conflit, qui s’en est félicité lors de son séjour à Kinshasa en octobre 2016.
Venue prendre part à la conférence organisée du 11 au 13 octobre dernier dans la capitale congolaise, portant sur l'état de mise en œuvre du communiqué conjoint signé entre le Gouvernement de la RDC et les Nations Unies sur la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits, Mme Zainab Hawa Bangura a salué les efforts fournis par les différents partenaires, après d’âpres efforts, qui ont permis de réduire de moitié les cas de viols enregistrés. Elle a particulièrement rendu hommage au Bureau du représentant personnel du Chef de l’Etat en charge de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants (BRP), présidé par Mme Jeanine Mabunda, qui, en trois ans, s’est investi pour que les cas de viols recensés soient systématiquement punis par la Justice.
Pour Mme Zainab Hawa Bangura en 2016, le progrès réalisé fait aujourd’hui de la RDC «un laboratoire d’expérimentation des expériences réussies et des modèles à partager avec les autres nations du monde».
Une synergie pour coordonner les efforts de lutte
Les organisations non gouvernementales impliquées dans la lutte contre les violences sexuelles reconnaissent que les efforts conjoints avec les institutions publiques nationales et internationales ainsi que le secteur privé ont contribué à certaines avancées sur terrain.
Le Bureau du Représentant Personnel, en coordonnant les actions menées par les acteurs impliqués dans la lutte contre les violences sexuelles, a impulsé une synergie entre différents partenaires, tant nationaux qu’internationaux. Bien que ce combat croisé nécessite encore des efforts appuyés, leur étroite collaboration a favorisé la mise en place de plusieurs initiatives (cf. Annexes) :
- le renforcement de la coordination des interventions sur la lutte contre les violences sexuelles avec un accent particulier sur la publication des statistiques ;
- l’intensification des poursuites en justice ;
- l’intensification des actions de réinsertion socio-économiques des survivantes des violences sexuelles ;
- et l’intensification des actions de prévention et de vulgarisation sur les lois de violences sexuelles.
« En Décembre 2016, des audiences foraines, appuyées par le Bureau du Représentant Personnel ont été organisées et la Cour Militaire Opérationnelle a jugé huit dossiers des viols dont six dossiers ont été condamnés et deux militaires acquittés » a déclaré Mme Vinciane Sibka Sibka, de l’ONG ACOPE/Béni.
Elle renchérit en disant « Grâce au projet d’élevage de petits bétails, solution à la pauvreté de la femme rurale en territoire de Lubero, financé par le Bureau du Représentant Personnel, l’UEFR, Associations travaillant pour le respect des Droits de la femme et l’éducation de la femme rurale ainsi que l’AFFEPSAE ont organisé des séances de formations des Femmes de 6 villages du territoire de Lubero sur les techniques de l’élevage. Le même projet a doté à 50 femmes formées, de kit d’élevage et des cobayes qu’elles vont élever en groupes ».
En outre, « Grâce à cette lutte engagée et au plaidoyer mené par le Bureau du Représentant Personnel, l’ONG AMAB a pu réinsérer à Bunia et ses environs, 283 bénéficiaires dont 55 élèves pour la réinsertion scolaire, en octobre/2016 », a déclaré Mme Béatrice Dive, de l’ONG AMAB, basée en Ituri.
Des résultats concrets
Cet engagement institutionnalisé s’est traduit par des résultats concrets, évoqués lors de la conférence sur les violences sexuelles, tenue en octobre 2016. Ces progrès enregistrés se basent sur des statistiques émanant essentiellement de différents rapports du Secrétaire général des Nations Unies. Ces données sont recueillies par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), le FNUAP et le HCR. Avec un accent particulier sur les viols liés au conflit et l’accord international signé entre la RDC et les Nations Unies, ces rapports restent la seule source publique prise en compte pour apprécier en toute neutralité l’évolution de ce phénomène présenté jadis comme « capitale mondiale de viols » et devenu « laboratoire des expériences réussies » , aux dires de Madame Zainab Bangura, la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour la lutte contre les violences sexuelles liées aux conflits.
Les données statistiques de ces rapports de 2013 à 2015 font apparaître un recul du nombre de cas des violences sexuelles liées aux conflits en RDC. Ainsi, lors de la conférence sur les violences sexuelles liées aux conflits en RDC, les Nations Unies, par la Représentante Spéciale, Madame Bangura, ont rendu public qu’on a observé une baisse de 50% de nombre de violences sexuelles liées aux conflits (voir figure 2). Le nombre de cas de violences sexuelles liées aux conflits dans les zones cibles est passé de 15 352 à 7 751.
Convaincues toutefois que beaucoup reste encore à faire, les organisations non gouvernementales suggèrent toutefois de prioriser notamment une politique nationale centrée sur la meilleure coordination effective des réponses de tous les acteurs nationaux et internationaux dans cette lutte; d’insister par des lois pour l’indemnisation effective des victimes des violences sexuelles et de maintenir le cap sur une collaboration persistante avec l’armée et la police, facteur de risque plus élevé pour la propagation des violences sexuelles.
Signataires :
Les Ongs de Kinshasa, réunies le 05 janvier 2017 :
1. Comité National des Femmes et Développement « CONAFED »
2. Agence pour la Promotion de la Nouvelle Citoyenneté et le Développement « APNCD »
3. Centre d’Aide Juridique et Judiciaire aux Enfants et Mères « CAJEM »
4. Réseau Genre et Droits de la Femme « GEDROFE »
5. Réseau Femme et Développement de Kinshasa « REFED »
6. Coalition des Femmes pour la Paix et le Développement « CFPD »
7. Femmes des Médias pour la Justice au Congo « FMJC »
8. Union Nationale des Femmes « UNAF ».
9. Organisation pour l’intérêt de la population « OPIP »
10. « CAMPAGNE NOUS POUVONS »
11. « HOPITAL GENERAL DE REFERENCE DE KINTAMBO.
12. « PATHFINDER INTERNATIONAL »
13. « ASSOCIATION DES FEMMES MUSULMANES ».
14. Aide médicale ici et maintenant « MAGNA »
15. Femmes Chrétiennes pour le Développement et la Démocratie « FCDD »
16. Ligue de la Zone Afrique pour la défense des Droits des Enfants et des élèves « LIZADEEL »
17. Association pour le Bien-être Familial-Naissance Désirables « ABEF-ND ».
18. Centre pour l’Encadrement et Promotion des Initiatives Communautaires « CEJEPIC »
19. Club pour La Petite Fille « CLAPEF »
20. Eveil des Femmes Educatrices pour le Développement « EFED ».
21. Groupe d'Etudes Environnementales du Congo « GEEC »
22. Conseil de Recherche Appliquée en Management « CRAM »
23. Ministère International des Organismes Divers « MIOD »
24. « LISALISI »
25. Coalition des Femmes pour la Paix et le Développement « CFPD »
Les Ongs de la province du Nord Kivu, réunies à Goma le 24 janvier 2017 :
26. Division Genre Famille et Enfant « DIVIGEFAE »
27. Action pour l’auto-Promotion paysanne des Villageois « APROVI »
28. Association pour la Promotion de la Famille « APROFA »
29. Association de la Promotion et d’assistance pour l’amélioration du niveau de Vie des Populations « APANIVIP »
30. Oxford Against Famine « OXFAM NOYIB »
31. « MERCY CORPS » 32. Entraide Protestante Suisse « EPER SUISSE »
33. Action Chrétienne pour le Développement et Encadrement des Orphelins « ACDEO »
34. Programme National de Santé de la Reproduction / Nord Kivu « PNSM/NK »
35. Solidarité pour la Promotion Sociale et la Paix « SOPROP »
36. Programme de Promotion des Soins de Santé Primaire « PPSSP »
37. « CHILDREN’S VOICE »
38. Fond Mondial pour la Nature « WWF/KACHESHE »
39. « HEAL AFRICA »
40. Femmes Unies pour le Progrès Social « FUPROS / WALIKALE »
41. « SOCIETE CIVILE NORD-KIVU »
42. Ligue des Organisations des Femmes Paysannes du Congo « LOFEPACO »
43. « FONDS SOCIAL DE LA RDC »
44. Institut National des Statistiques « INS / NORD KIVU »
45. « CONGO NOUVEAU »
46. « TETRA TECH – CBRNT »
47. « ALARM »
48. Collectif pour l’Encadrement des Personnes de Troisième Age « CAEPA »
49. Femmes Unies pour la Promotion des Droits et du Développement Intégral « FUPRODI »
50. Ligue pour la Solidarité Congolaise « LSC »
51. Collectif des Associations Féminines pour le Développement « CAFED/NORD KIVU »
52. Plaideur des Enfants et des Personnes Agées à risque « PEPA »
53. « DIVISION DUPLAN »
54. Programme National de Stabilisation et Reconstruction « STAREC »
55. Division des Affaires Provinciales du Nord Kivu « DIVAS/ NORD KIVU »
56. « ETN »
57. « GEFAE-MOSS »
58. Centre Médical Groupe d’Entraide et Solidarité Médicale « CM GESON »
59. « FEMMES JURISTES »
60. Actions Concrètes pour la Protection de l’Enfant « ACOPE BENI »
61. Dynamique des Femmes pour la bonne Gouvernance « DYFEGOU /TERRITOIRE DE LUBERO »
62. Femme Engagées pour la Promotion de la Santé Intégrale « FEPSI »
63. Association des Femmes Magistrates « AFEMAG »
Les Ongs de la province du Sud Kivu, réunies à Bukavu le 31 janvier 2017 :
64. Programme National de Santé de la Reproduction / Division Provinciale « PNSR/DPS »
65. Division des Affaires Provinciales « DIVAS/SUD KIVU »
66. Division de la Justice « DIVIJUSTICE »
67. « FONDATION PELAGIE »
68. Conseil des Femmes agissant en Synergie « COFAS »
69. « HEALTH FOCUS »
70. Centre d’Ecoute et d’Accompagnement des survivants des VSBG « CEA ASBL »
71. Women for Women International “ WFWI”
72. Synergie des Femmes pour la Paix dans la Région des grands lacs « SPR »
73. Cadre Permanent de concertation des Femmes Congolaises « CAFCO »
74. « ECOS »
75. Fonds Social de RDC « FSRDC »
76. Synergie des Femmes pour la Paix dans la région des grands lacs « SPR »
77. Association des Femmes Juristes du Congo « AFEJUCO/SK »
78. « CENTRE OLAME »
79. Escadron de la Protection l’Enfants et de la Prévention des Violences Sexuelles « EPEVS BUKAVU »
80. Division Genre Sud Kivu « DIVIGENRE/SK »
81. Réseau Inter-Organisationnel de l’Eglise du Christ au Congo « RIO/ECC »
82. Observatoire de la Parité « OP »
83. International Rescue Comitee « IRC »
84. Association des Femmes des Médias « AFEM »
85. Action pour le Développement Intégral de la Jeune Fille « ADIJF »
86. « FONDATION PANZI »
87. Réseau des Femmes pour le Droit et la paix « RFDP »
88. Institut Supérieur de Développement Rural « ISDR-BKV »
89. Société Civile du Sud Kivu « SOCIETE CIVILE/SK »
Les Ongs de la province du Kasaï Oriental, réunies à Mbuji Mayi le 18 janvier 2017 :
90. C.S./GEFAE/BIP
91. C.S./DIULU/GEFA
92. Conseil des Agriculteurs, des Pêcheurs et des Eleveurs « CAPE »
93. Union des Droits de l’Homme « SNIR/DERU »
94. Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains « ACIDH »
95. Coordination des Organisations des Refoulés et Vulnérables « CORV »
96. SYNERGIE DE LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES AU KASAÏ ORIENTAL
97. C.B/DIVI GEFAE
98. C.S/GEFAE/KANSHI
99. Programme National de Santé de la Reproduction « PNSR/CIVVS »
100. COMMISSION MEDICO-SANITAIRE SYNERGIE
101. C.S/GEFAE/MUYA
102. Fondation Jean-Pierre Live Bena Muku « FJLB »
103. Union des Femmes pour les droits de l’Homme « UFDH »
104. Confédération Congolaise pour le Développement Intégral de la Femme « CODIF »
105. Réseau International des ectivistes des Droits de l’Homme « RIADH »
106. Enfants, Jeunes et Traumatisme « EJT-CHADELI »
107. « Hôpital Général de Référence de la MUYA »
108. Congo Justice RDC « CONGO.JU/RDC »
109. « CS Urbain GEFAE » 110. UNION DES CONSOMMATEURS
111. Division Provinciale des Affaires Sociales
112. Conseil Provincial de la Jeunesse « CPJ »
113. Association des Barreaux Américains « ABA/ROLI »
114. « FEMMES PLUS »
115. « CS/GEFAE/DIBINDI »
Les Ongs de la province de l’Ituri, réunies à Bunia le 28 janvier 2017 :
116. « JUSTICE PLUS »
117. Association de protection de l'enfant du Congo « APEC »
118. Police Nationale Congolaise / Protection de l’Enfant et Violences sexuelles « PNC/PSPEF »
119. Division Provinciale de Santé « DPS »
120. Association des Mamans Anti-Buaki « AMAB »
121. Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral « SOFEPADI »
122. Tribunal pour Enfants «TPI »
123. Action Justice Paix « AJP »
124. Association Nationale des Mamans pour l’aide aux Déshérités « ANAMAD »
125. Femme Congolaise pour le Développement « FECONDE »
126. « CENTRE PELICAN »
127. Réseaux Provinciaux Femmes et Développement « REFED »
128. Le Bon Samaritain « L.B.S. »
129. Association des Ituriens pour le Développement « ASOCITURI »
130. Programme d’Actions pour le Développement Intégral « PADI »
131. Programme de Promotion de Soins de Santé Primaire « PSPEF »
132. « FEDERATION DES FEMMES »
133. Fédération des Femmes Protestantes de l’Ituri « FFPI »
134. Association des Jeunes pour le Développement Communautaire « AJEDEC »
135. Genre Famille Enfant Ituri « GEFAE/ITURI ».
Annexes :
- La traque contre les auteurs de violence
- Réinsertion socio-économique des survivants des violences sexuelles
- Un numéro vert pour assister les victimes
La traque contre les auteurs de violence
Avec la fin de la guerre à l’Est du pays, en 2013, marquée par la réédition des rebelles du M23, les efforts de la justice militaire et civile ont été rendus possibles. Les investigations sur les cas de violences sexuelles perpétrés durant le temps de conflit et dans les zones difficilement accessibles ont pu être engagées. Avec une orientation du Ministère de la Justice, s’appuyant fortement sur le Bureau du Représentant Personnel, l’appareil judiciaire a mis en place une stratégie de priorisation des cas pour permettre un suivi accéléré.
Les cas de violences sexuelles flagrants ont été privilégiés comme des cas emblématiques qui ont mobilisé l’attention des autorités judiciaires. D’un autre côté, à titre pédagogique, et pour redonner confiance en la justice, des audiences foraines ont été lancées dans des endroits éloignés et difficiles d’accès avec le financement de certaines ONGs locales, en collaboration avec le Bureau du Représentant Personnel et les Nations - Unies.
En ce qui concerne la gestion des cas urgents, plusieurs affaires de viols, souvent de masse, commis principalement dans des territoires du Nord et du Sud Kivu sont considérées comme des cas prioritaires. Il s’agit notamment des viols massifs du territoire de Walikale où, en 2010, à Walikale, contrée située à 200km de Goma (Nord-Kivu), il y a été rapporté des viols sur environ 300 femmes et enfants. C’est le cas aussi des viols massifs des bébés dans le territoire de Kavumu : en 2013 à Kavumu (dans le Sud Kivu). Personne ne pouvait comprendre l’horreur et l’intérêt de tels agissements.
Sur le viol de très jeunes enfants de Kavumu, la Présidente de ce tribunal à l’époque, Mme ... souligne qu’en 2013, plusieurs dossiers judiciaires avaient été ouverts et avaient donné lieu à la condamnation de M. Byamungu Ntazo à une peine de prison de 10 ans, plus 1 000 $ d’amende en date du 16 octobre 2013, à la condamnation de M. Rukara Batiaka, aux mêmes peines de prison et amende en date du 29 mai 2014 et à celle de M. Zaïrois Sumahili, à une peine de prison de 10 ans et à 1 000 $ d’amende.
En juin 2016, cette affaire a connu un tournant décisif. La justice congolaise, usant des dispositions du traité de Rome, a arrêté un député provincial, M. BATUMIKE, chef de la secte mystico-religieuse, et 74 personnes appartenant à sa secte, dont 42 relaxées après instructions du Parquet militaire. M. BATUMIKE est considéré principal commanditaire des viols de Kavumu.
Ces avancées sur le dossier Kavumu ont été particulièrement saluées par les partenaires de la RDC dans cette lutte dont la Baronne Joyce Anelay, ministre d’Etat britannique, en charge des questions des violences sexuelles. Cependant, certains médias confondent trop souvent le temps médiatique et le temps judiciaire : ils soulèvent avant la fin de la procédure des préoccupations liées à l’organisation du procès et l’indemnisation des victimes. Ces préoccupations, si justifiables, ne peuvent aboutir qu’après la condamnation.
Sur le viol massif de Walikale, avec le retour à la paix, la justice militaire a fait de progrès en procédant à l’arrestation de l’un des commanditaires de ces crimes ignobles, M. Lionso Séraphin.
Par rapport à l’organisation des audiences foraines, elles ont été organisées dans plusieurs territoires, principalement à l’Est de la RDC, sur appui conjoint des Nations Unies, des ONG sur terrain et du Bureau du Représentant Personnel. En ce qui concerne ces audiences foraines appuyées par le Bureau du Représentant Personnel, on dénombre en 2016, une dizaine d’audiences prioritaires avec 70 décisions de justice.
De 2014 à 2015, la justice militaire congolaise a prononcé près de 250 décisions en matière de prévention des violences sexuelles. A titre comparatif, la CPI a prononcé sur la RDC 7 condamnations dont 1 seule de viol et le TPI d’Arusha en a prononcé en 10 ans, moins de 90.
Ce résultat est le fruit de plusieurs facteurs. Il s’agit notamment de l’augmentation des nombres des sollicitations des demandes d’appui judiciaire aux victimes de violences sexuelles (75%), l’amélioration de la récolte des preuves, la protection des victimes et l’amélioration qualitative et quantitative des décisions judiciaires. Il convient de signaler les décisions de la justice militaire sont sévères et exemplatives.
A ce titre, en novembre 2014, la justice militaire a condamné le général Jérôme Kakwavu, ancien chef des Forces Armées du Peuple Congolais (FAPC), devenu officier de l'armée congolaise par le processus de Désarmement Démobilisation et Réinsertion, à 10 ans de servitude pénale. En effet, entre 2003 et 2004, le général Jérôme Kakwavu s’est rendu coupable des violations graves, y compris les viols répétés sur deux filles mineures, deux meurtres et d'autres actes de torture sur deux autres personnes. Il avait également omis de prendre des «mesures nécessaires» pour prévenir et faire cesser des crimes de guerre par meurtre commis par des hommes armés sous son commandement.
Réinsertion socio-économique des survivants des violences sexuelles
De nombreuses organisations publiques et privées en RDC appuient de façon stratégique la prise en charge holistique des victimes de violences sexuelles et d’autres vulnérables. Passer de « victime » à « survivante » : voilà la requête des femmes abusées au Bureau du Représentant Personnel. Et en réponse à cela, plutôt que « punir », le Bureau du Représentant Personnel et les ONGs partenaires ont appliqué des actions de réinsertion socioéconomique des enfants sortis des forces et groupes armés et les survivants de violences sexuelles. Il s’agit notamment de : la mobilisation et la catalysation de divers fonds de bailleurs privés ou publics soit plus de 240,000 dollars de la Fondation « Nos vies en partage » d’une société minière de la place pour des actions de réinsertion socio-économique des jeunes démobilisés, des femmes et autres vulnérables des communautés à Aru, Bunia, Goma, Rutshuru et Dungu.
A Kibumba, territoire de NYIRAGONGO au Nord KIVU, 25 000 dollars ont été mobilisés en faveur de 78 enfants sortis des forces et groupes armés et survivants de violences sexuelles pour des formations par l’Institut National de Préparation Professionnelle, INPP en sigle, dans diverses filières avec des kits de réinsertion. A Aru et à Bunia, 600 survivantes de violences sexuelles et autres vulnérables ont bénéficié des formations techniques qui ont coûté environ 90 000 dollars.
A Rutshuru, au Nord Kivu, 150 000 dollars ont été mobilisés en faveur de 672 enfants sortis des forces et groupes armés, survivants de violences sexuelles et autres vulnérables pour bénéficier de la formation professionnelle avec des kits de démarrage économique. 38 jeunes sortis des FARDC, basés à Kamina et Lubumbashi, ont été réunifiés dans leurs familles dans l’ancienne province du Kasaï-Occidental. Le déplacement de ces jeunes ainsi que leur réunification a coûté un montant d’environ 20 000 dollars.
Parce que coordonner signifie aussi « réorienter » ou optimiser les initiatives, le centre d’hébergement « Vivre & Travailler Autrement », « VTA » en sigle, qui a bénéficié d’un appui via le Bureau du Représentant Personnel, par un donateur, se saisit de cette fillette recueillie ici à Kinshasa après qu’elle ait subi près de 4 interventions approximatives à l’hôpital de Heal Africa. Elle a été sauvée grâce à un appui médical de haute qualité, dont le cout a été de près de 20,000 dollars pour réparer les dégâts commis sur la fille par Heal Africa. Les ONGs admettent aussi que les sessions de sensibilisation sur terrain au sujet des violences sexuelles et auprès de 1,300 jeunes leaders des différents mouvements sociaux dans des quartiers populaires, des professionnels des médias et des étudiants en communication a pu permettre aux communautés d’avoir des informations sur la problématique des violences sexuelles, et de changer leur comportement et de dénoncer les cas des Violences sexuelles pour un cout global de 7,800 dollars.
Les ONGs ACOPE, FEPSI et FJDF, qui surveillent sur terrain pour le compte du Bureau du Représentant Personnel, la tenue des cours foraines, se sont mobilisées cette année pour 10 cours foraines urgentes organisées notamment à Beni, Butembo, Goma, Oicha, Lubero, Bukavu, Mbuyi Mayi, Kalemie et Kamina. De même, la réhabilitation programmée des 2 hôpitaux publics de référence notamment celui de Kintambo, deuxième hôpital le plus important à Kinshasa (en cours, coût de 83,000 dollars appuyé par l’ambassade du Japon en cours) et de Kansele, à Mbuji Mayi. A été aussi retenue l’amélioration du circuit de référence et de la prise en charge holistique des violences sexuelles en partant de la dénonciation jusqu’à la prise en charge judiciaire dans des cliniques juridiques à travers l’ONG CAJEM, actuellement 182 personnes ont été prises en charge et 70 condamnations.
Un numéro vert pour assister les victimes
« Mademoiselle Nathalie », conseillée par l’ONG CAJEM, les a connus grâce à la ligne SOS dédiée à la dénonciation des cas de violences sexuelles. Cette ligne d’appel d’urgence, mise en place par le Bureau du Représentant Personnel, permet aux victimes des violences sexuelles et à toute autre personne se trouvant en RDC de recevoir une orientation pour une assistance médicale ou juridique.
Que ce soit à Kinshasa ou dans les provinces, en composant le 0897000222 ou le 473333, une équipe d’opérateurs qui parlent les 4 langues et le français, pour interagir avec environ 20 millions d’abonnés enregistrés dans l’ensemble des réseaux téléphoniques en RDC, relaye les appels à des services médicaux et juridiques appropriés. Le call center est ouvert du lundi au samedi de 08h00’ à 18h00’.
En 2015, face au déficit d’information des communautés, la prévention a été renforcée à travers le lancement de la campagne « Brisez le silence » pour encourager la dénonciation des cas de violences sexuelles. En Mars 2015, la première édition a concerné la ville de Kinshasa avec des affiches de la campagne sur des grandes artères et les lieux publics. De septembre à décembre 2015, la campagne s’est étendue aux villes de Goma et Bukavu ainsi que sur les réseaux sociaux, avec la sensibilisation sur terrain et la distribution des supports de communication (tee-shirt, posters, flyers et sifflets).
Pour faire face à la perception de passiveté qui qualifiait la RDC de capitale mondiale du viol, à la demande du reste de la majorité de la population, le Bureau du Représentant Personnel et ses partenaires ont engagé un travail de pédagogie inlassable pour expliquer de manière méthodique à l’opinion, les efforts menés par la RDC pour éradiquer ces 2 fléaux. Cela a nécessité un travail profond et professionnel qui a conduit le Bureau du Représentant Personnel à faire de la communication, du plaidoyer et du lobby étant appuyé par une expertise internationale en vue de mobiliser des meneurs d’opinion pour porter et soutenir la cause de la RDC. Il convient de noter que cette stratégie agressive et continue entraine un coût.