Lomé, Togo — Les gouvernements africains et leurs partenaires devraient privilégier le développement d'infrastructures traditionnelles et soutenir les efforts des ministres en charge du commerce et de l'intégration dans la réalisation de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) qui englobe les règles pour faciliter le commerce intra-africain de biens et services ; et parmi les plus importants on retrouve l'énergie, les transports et la logistique.
Tel fut le discours prononcé par Stephen Karingi, Directeur de la Division du développement des capacités de la Commission économique pour l'Afrique lors de la première session ordinaire du Comité technique spécialisé de l'Union africaine sur les transports, les infrastructures transcontinentales et interrégionales, l'énergie et le tourisme (TIIIET) qui a débuté ce lundi, au Togo.
« Comme nous le savons tous, le coût du transport et la logistique y afférente est un élément clé de la compétitivité. Cependant, des stratégies et une gestion des infrastructures inadaptées sont responsables de ces coûts élevés, dit M. Karingi aux participants de la réunion.
Il dit que la plupart du continent est essentiellement rurale, mais la situation évolue rapidement. On estime que d'ici 2035, au moins 50 pour cent de la population africaine vivront dans les zones urbaines.
« Actuellement, les défis de l'urbanisation et la nécessité d'infrastructures essentielles sont déjà visibles », déclare M. Karingi ; « il faut maintenant privilégier uniquement les infrastructures ».
Il dit que le paysage des infrastructures en Afrique est en évolution mais pas à un rythme qui stimulerait la transformation rapide du continent. Les estimations montrent que le manque d'infrastructures coûte à l'Afrique entre 2 et 3 points de pourcentage de la croissance du PIB chaque année.
M. Karingi dit qu'il faut une meilleure coordination à travers les Communautés économiques régionales si l'Afrique veut profiter de tous les avantages provenant des investissements relatifs aux infrastructures ; et ajoute que la CEA continuera de travailler avec la CUA et d'autres partenaires sur le continent pour aider à développer ses infrastructures.
Il dit qu'il ne sert à rien de développer des infrastructures si l'offre de services associés est limité. Par exemple, la prestation de services d'électricité ayant été le plus grand défi en termes d'infrastructures, a limité les opportunités pour les entreprises et les industries d'avoir un rendement de fonctionner efficacement.
Le Cadre de suivi mondial de la CEA 2017 montre que l'accès à l'électricité reste le plus grand défi dans de nombreux pays africains, au risque de faire dérailler et inverser le rendement économique.
M. Karingi dit que les résultats en termes de logistique doivent également être débattus comme une priorité, en particulier dans les ports d'Afrique et les liens y afférents et ajoute que les coûts de transport aérien, qui sont essentiels pour le tourisme, le commerces et les produits à forte valeur ajoutée doivent également être étudiés.
« Ouvrir l'accès et supprimer les restrictions relatives à la propriété augmenteraient le nombre de vols, réduiraient les tarifs et amélioreraient le service », déclare M. Karingi. Il ajoute que c'est encourageant de constater que le financement national pour les infrastructures en Afrique a considérablement augmenté éclipsant ainsi le financement provenant de l'APD. Les pays africains financent environ 65 pour cent de leurs dépenses en infrastructures soit 60 milliards de dollars américains par an.
Au fil des années, la CEA a collaboré avec la CUA et d'autres organismes continentaux et sous régionaux pour faire avancer le programme d'infrastructures en Afrique.
Pour sa part, M. Cheikh Bedda, Directeur du Département des infrastructures et de l'énergie à la CUA, déclare que le thème de la première réunion du Comité technique spécialisé, « Financer les infrastructures en Afrique », prend en compte la grande difficulté du continent à mobiliser des ressources financières colossales nécessaires au renforcement des infrastructures en Afrique en vue de réaliser ses aspirations de développement dans le cadre de l'Agenda 2063.
« Nous devons faire des propositions concrètes sur les moyens de financement de projets d'infrastructures, y compris la mobilisation des investissements pour la préparation, la structuration, la mise en œuvre et l'atténuation des risques liés aux projets d'infrastructures résilients au changement climatique », dit-il.
Le Comité technique spécialisé sur les transports, l'énergie et le tourisme se réunit pour la première fois dans l'espoir de voir les contributions intersectorielles qui seront partagées au cours de la semaine enrichir la contribution de chaque secteur à la transformation de l'économie africaine.
Ledit Comité analysera les moyens d'augmenter les ressources financières nationales et régionales pour financer les projets régionaux de transports, d'énergie et de tourisme et adoptera de nouveaux plans d'action pour les programmes et les initiatives d'infrastructures à entreprendre pour la période 2016-2018 aux niveaux régional et continental, entre autres.