La Gambie, inaugurant une ère nouvelle en tant que République démocratique, a fêté ce 18 février le cinquante-deuxième anniversaire de son accession à la souveraineté internationale.
La Gambie, inaugurant une ère nouvelle en tant que République démocratique, a fêté ce 18 février le cinquante-deuxième anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Cette fête se passe dans un contexte de fort élan de gratitude au Chef de l’Etat du Sénégal voisin, le Président Macky Sall, par ailleurs invité d’honneur, et de présence des forces militaires de la CEDEAO. Ces deux situations se justifient par le rôle joué dans la restauration d’un Etat de droit en Gambie et la sécurisation du pays et du processus d’installation du Président Adama Barrow.
Si le Sénégal est un Etat voisin avec lequel la Gambie doit collaborer, cette dernière n’en demeure pas moins un Etat souverain qui, passé l’euphorie de cette nouvelle indépendance doit retourner immédiatement à la gestion de ses intérêts et, regarder, à partir de ce moment, son voisin comme un partenaire qui peut certes être privilégié, mais reste un partenaire au sens où l’entendent les relations géopolitiques internationales.
La CEDEAO elle, garant des conventions et accords qui lient les Etats membres qui la composent, tient là une occasion de démontrer son efficacité en tant qu’instrument de contrôle, de veille et de gestion des conflits dans la zone. C’est à ce titre qu’elle est intervenue dans tout le processus de restauration de l’Etat de droit et de la démocratie en Gambie depuis le refus affiché de Yaya Jammeh de céder le pouvoir au Président élu du scrutin de décembre dernier, Adama Barrow. C’est, fidèle à cette même ligne qu’elle a envoyé ses troupes sur place pour sécuriser Banjul et environs pour permettre à Monsieur Barrow qui était jusqu’ici à Dakar où d’ailleurs il a prêté serment la première fois avant de rentrer au pays tranquillement et de jouer pleinement son rôle de Chef d’Etat. Ce que, ce dernier reconnaissant a accepté et même souhaité en validant la prolongation de trois mois la présence sur son territoire des forces militaires de l’institution ouest africaine.
Seulement voilà, cette prolongation et cette présence trop marquée des militaires de la CEDEAO et du Chef de l’Etat sénégalais en territoire gambien en ce jour de célébration de l’accession à la souveraineté internationale de la Gambie, ajoutées à la prestation de serment à Dakar d’Adama Barrow commencent à prendre les contours d’un grand point d’interrogation chez certains observateurs. Tout est dans la durée du stationnement de ces forces. Autant les autorités gambiennes pensent les garder tout le temps que cela le nécessitera, autant ce maintien paraîtra, à la longue, comme une force d’occupation qui ne dit pas son nom. L’alibi est fort : tout le monde redoute quelques velléités de reprise ou de sabotage du pouvoir de la part de partisans embusqués du président déchu. Ce qui installerait une situation beaucoup plus préjudiciable à la sécurité des gambiens et de leurs biens et serait plus compliqué à résoudre par les voisins.
La stratégie consisterait, dés lors, à limiter dans le temps et dans l’espace cette force militaire de la CEDEAO en réfléchissant à une rapide restauration d’une armée gambienne patriote et loyale. Une opération qui nécessite, non pas une chasse aux sorcières qui viserait les fidèles de l’ex-président, car il ne peut pas ne pas en exister à l’heure actuelle, mais un isolement méthodique des soldats de Jammeh les plus influents. Ceci fait, il faudra penser à réorganiser l’ensemble des forces de sécurité gambiennes en mettant à leur tête des hommes et des femmes suffisamment outillés et recapacités à la chose républicaine et citoyenne sur fond d’intérêt national.
Rendez-vous le 18 février 2018 à la célébration de la 53ème fête nationale vraiment gambienne où les non gambiens, militaires ou civils, ne seraient que des invités, ni plus ni moins.
http://www.amaani.info/actualite/actualite/souverainete-de-la-gambie--quitter-vite-le-paradoxe-alienant_a_281.html