Dakar — Le rythme rapide d'urbanisation de l'Afrique - l'un des plus rapides au monde - donne aux décideurs africains l'occasion de repenser la trajectoire d'urbanisation jusqu'ici envisagée et de choisir celle qui contribuera à atteindre des objectifs continentaux de croissance inclusive et de transformation.
L'édition 2017 du Rapport économique sur l'Afrique, qui a été lancé ce samedi, lors de la Semaine du développement africain, à Dakar, au Sénégal et qui a pour thème « Urbanisation et industrialisation pour la transformation de l'Afrique », affirme que l'Afrique a jusqu'ici suivi sa propre voie en matière d'urbanisation, qui n'a pratiquement pas de liens avec la transformation structurelle. Cela a entraîné la perte de nombreuses opportunités de croissance et de productivité qui dans le même temps aurait réduit la pauvreté et le développement social.
« L'urbanisation dans beaucoup de pays africains n'a pas été induite par l'amélioration de la productivité agricole », dit le rapport. « La plupart des pays s'urbanisent rapidement en raison de la baisse et de la stagnation de la production industrielle et de la faible pauvreté agricole ».
Mais avec l'Afrique qui avoisine maintenant 50% du taux d'urbanisation, les gouvernements à tous les niveaux doivent faire des choix difficiles en ce qui concerne l'ampleur et le type d'investissements requis et de l'aménagement qu'ils voudraient voir, dit le rapport.
Les gouvernements sont priés de tirer parti de l'évolution de la consommation urbaine et de la demande croissante de biens manufacturés et transformés pour concevoir et mettre en œuvre des politiques d'industrialisation pour répondre à ces besoins. Les besoins en logements urbains qui ne suivent absolument pas offrent également l'occasion d'améliorer les conditions de vie et de générer des emplois dans la construction et les services.
Le rapport fait valoir qu'en raison de ses implications multidimensionnelles, l'urbanisation devrait s'inscrire dans des plans de développement nationaux qui au moyen d'un cadre stratégique intersectoriel l'exploiterait.
Les gouvernements doivent également mieux gérer l'aménagement territoriale, améliorer la gestion des terres publiques et le fonctionnement efficace des marchés immobiliers, rationaliser les programmes de logement social, donner la priorité aux investissements stratégiques dans les infrastructures et placer l'industrie au premier plan du développement économique local.
Il est également important de soutenir les politiques d'urbanisation et d'industrialisation grâce à des financements et des mécanismes institutionnels qui permettent une mise en œuvre coordonnée et un appui budgétaire.
Il faudrait également prendre en considération le renforcement des capacités dans les projets d'urbanisation et d'industrialisation, car le manque de connaissances et de preuves reste un des plus grands défis pour harmoniser le développement urbain et industriel. « Il est primordial de développer des outils en vue d'orienter les décideurs, les planificateurs et les praticiens dans la formulation et la mise en œuvre des politiques urbaines et industrielles et ce de façon coordonnée, pour se concentrer sur les objectifs nationaux de croissance et de transformation », conclut le rapport.