La région d'Afrique avec la croissance la plus rapide souffre d'une transformation structurelle lente

31 Mars 2017

En dépit d'être la sous-région qui connaît la croissance économique la plus rapide du continent avec un taux de 6,7% - deuxième au monde après l'Asie de l'Est, l'Afrique de l'Est est en retard par rapport à sa transformation structurelle. Selon les Profils de pays de la Commission économique pour l'Afrique, qui ont été lancés ce samedi, lors de la Semaine du développement africain à Dakar, au Sénégal. Les rapports de 2016 montrent que le niveau d'industrialisation et de transformation au Burundi, à Djibouti, à Madagascar et en Somalie est particulièrement faible et ne semble pas avoir progressé au cours de la dernière décennie.

Au Burundi, 87% de la population reste tributaire de l'agriculture et le secteur secondaire ne représente que 14% du PIB. En Somalie, la part de la population active occupée dans le secteur agricole diminue régulièrement et est estimée à 64% de la population. Le secteur secondaire reste sous-développé, ne représentant que 7,2% du PIB.

À Djibouti, la transformation structurelle se manifeste principalement par le développement du secteur des services, qui contribue à 89% du PIB - y compris le secteur de la construction. Les secteurs industriel et agricole sont peu développés et ne représentent respectivement que 8% et 3% du PIB. Les efforts de transformation structurelle à Djibouti sont limités par les faibles niveaux de capital humain, seuls 2% de la population ayant accès à l'enseignement tertiaire.

Entre temps, Madagascar est le pays qui semble avoir le secteur industriel le plus dynamique, grâce à l'essor des mines au cours des dix dernières années et à l'activité dans les zones franches - où opèrent surtout les industries des textiles et les exportations de crevettes. Les zones franches sont l'un des secteurs les plus dynamiques de l'économie malgache, avec un taux de croissance attendu de 10% au cours des prochaines années. Toutefois, ils sont principalement orientés vers l'exportation - représentant environ 60% des exportations - et ne sont pas suffisamment intégrés au reste de l'économie.

Dans les quatre pays, les pressions démographiques constituent une contrainte majeure. Le taux de croissance démographique est de 3% au Burundi, de 2,8% à Madagascar et de 2,4% en Somalie. Seul Djibouti connaît une croissance plus lente de 1,6%. La croissance de la population induit des pressions sur les terres, en particulier au Burundi, où la taille moyenne des parcelles (0,5 hectare), déjà faible, devrait diminuer de moitié au cours des 30 prochaines années. Les pressions démographiques représentent également un défi en termes de formation et d'emploi pour les jeunes. Au Burundi, le chômage des jeunes est estimé à 50%. À Djibouti, 62% de la population est inactive. En Somalie, ce défi est lié à l'insécurité et au phénomène d'Al Shabaab, qui recrutent des jeunes sans emploi.

Outre les performances macroéconomiques et la transformation structurelle, les Profils de pays de 2016 utilisent également des indicateurs pour examiner les performances des quatre pays d'Afrique de l'Est dans les domaines de l'intégration régionale, de la santé, de l'éducation, de la réduction de la pauvreté, des inégalités, de l'emploi et du genre.

Les Profils de pays de la CEA ont été initialement conçus en 2015 conformément à la Résolution 917 de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique (Abuja, 2014), afin de fournir aux décideurs africains une analyse indépendante du développement économique et social de leurs pays, y compris des progrès réalisés pour parvenir à l'intégration régionale.

Les profils de pays sont établis à partir des données fournies par les États membres et complètent les efforts en cours de la CEA dont l'objectif est d'améliorer la collecte et l'utilisation des données statistiques en Afrique.

Ils comportent diverses innovations telles que: l'Indice de développement social africain (ASDI), qui mesure l'exclusion humaine dans six dimensions clés du bien-être au cycle de vie à savoir, la survie, la santé, l'éducation, l'emploi, les moyens de subsistance et la capacité de vivre une vie décente après l'âge de 60 ans, l'Indicateur de développement et des inégalités entre les sexes en Afrique et l'Indice africain d'intégration régionale, basé sur les cinq piliers de l'intégration régionale (intégration commerciale, infrastructure régionale, intégration productive, libre circulation des personnes et intégration financière et macroéconomique ).

Les pays concernés dans les profils de pays de 2016 sont l'Algérie, l'Angola, le Burundi, le Cap-Vert, le Tchad, la République centrafricaine, Djibouti, la Guinée équatoriale, le Gabon, la Gambie, le Ghana, Madagascar, le Malawi, la Mauritanie, l'Afrique du Sud, le Swaziland et la Tunisie.

Pour plus d'informations sur les profils de pays de la CEA, veuillez consulter : http://www.uneca.org/fr/publications/profils-de-pays-2016.

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