Addis-Abeba — Le 6ème Congrès mondial de l'hydroélectricité (WHC) a débuté ce lundi, à Addis-Abeba, en Éthiopie, avec Abdalla Hamdok, Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), exhortant le continent de trouver des politiques solides et cohérentes favorables à une croissance plus rapide et plus inclusive où l'énergie hydroélectrique et autres sources d'énergie renouvelable seraient exploitées de façon optimale.
Hamdok déclare que plus de 600 millions d'Africains vivent sans électricité et que les ménages continuent de compter sur la biomasse traditionnelle pour la cuisine, il est important pour l'Afrique de tirer parti de ses vastes sources d'énergies renouvelables.
« Dotée d'une vision claire associée à une action politique forte et cohérente pour promouvoir une croissance plus rapide et plus inclusive, l'Afrique a le potentiel d'être à la pointe de l'innovation, des technologies et des modèles d'activités qui utilisent l'énergie hydroélectrique de manière optimale et efficace », déclare-t-il.
Cependant, dit M. Hamdok, il est tout aussi important pour le continent de se protéger contre les impacts négatifs du développement hydroélectrique et de porter une attention particulière à la résilience climatique et à l'inclusion sociale.
« Cela est principalement lié à des préoccupations croissantes concernant la viabilité de l'hydroélectricité, y compris de la dépendance excessive à celle-ci qui pourrait compromettre la sécurité énergétique dans de nombreux pays, en particulier en cas de sécheresse », déclare-t-il.
« Je suis ravi de constater que les éléments d'impact sur l'environnement et la société dans le cadre du développement hydroélectrique figurent dans l'ordre du jour de ce congrès », ajoute M. Hamdok.
Il dit également qu'il est important de développer une approche intégrée pour la gestion de l'eau pour l'irrigation et la production d'énergie et ajoute que la CEA et la CUA travaillent en étroite collaboration avec les principaux acteurs sur un certain nombre d'initiatives qui consistent à promouvoir le développement d'une énergie à faible teneur en carbone ainsi que des régimes de financement novateurs pour des projets d'infrastructures énergétiques propres. Ces objectifs permettraient de soutenir la mise en œuvre à la fois de l'Agenda mondial sur les Objectifs de développement durable et de l'Agenda 2063 de l'Union africaine.
Le Premier Ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn qui a officiellement ouvert le congrès, dit aux délégués que le développement est impensable faute d'énergies adéquates et abordables.
Il informe les délégués des actions entreprises par l'Éthiopie pour promouvoir l'utilisation des sources d'énergie hydroélectrique et des sources d'énergies renouvelables et ajoute que l'Afrique n'atteindra pas les 17 Objectifs de développement durable (ODD) de l'Agenda 2030 pour le développement durable sans l'accès universel à l'électricité.
« Je voudrais réitérer la nécessité de fournir des efforts collectifs pour atténuer les effets du changement climatique », déclare-t-il en soulignant la nécessité pour le monde de s'y atteler.
L'hydroélectricité, déclare le premier ministre, est cruciale pour un développement énergétique fiable et durable avec pour objectif la transformation des économies africaines.
Le discours du Vice-Président de la Commission de l'Union africaine, Quartey Thomas Kwesi, a principalement tourné autour du rôle de l'énergie hydroélectrique dans la lutte contre les défis et les plans régionaux de l'Afrique dans le secteur de l'énergie, en particulier des centrales hydroélectriques, dans le cadre du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA).
« L'accès aux services énergétiques modernes et durables est essentiel pour parvenir à un développement durable, transformateur et inclusif », déclare M. Kwesi.
« Le développement et l'expansion des énergies renouvelables constituent l'une des stratégies les plus efficaces pour promouvoir à la fois le développement, l'accès durable à l'énergie et la sécurité énergétique ainsi que l'atténuation du changement climatique aux niveaux mondial, continental et régional ».
Le Président de l'Organisation mondiale pour le développement et la coopération en matière d'interconnexion énergétique (GEIDCO), Liu Zhenya, a présenté aux participants le concept « d'interconnexion énergétique mondiale » (GEI) comme « la sortie inévitable d'une transition énergétique propre et à faible émission de carbone ».
« Il est impératif que nous accélérions la transition vers une économie verte et à faible émission de carbone. La clé pour y parvenir consiste à proposer un nouveau système d'alimentation en énergie qui donnerait la priorité au développement d'énergie propre et à l'alimentation électrique avec une distribution optimale à grande échelle de la plate-forme GEI », déclare-t-il.
« Travaillons main dans la main pour les interconnexions énergétiques en Afrique avec plus de communication et un consentement commun, et apportons notre contribution au développement durable ».
Ken Adams, Président de l'Association international de l'hydroélectricité (IHA), déclare que l'hydroélectricité ne peut se faire isolément.
« Mon message aujourd'hui, concerne la réalisation des Objectifs de développement durable qui n'est envisageable que s'il y a entrave aux obstacles et si on élargit la portée de la collaboration entre toutes nos institutions. Nous reconnaissons le fait qu'une technologie unique ne résoudra pas les défis de notre génération », déclare-t-il.
« Nous avons besoin de plus d'énergie hydraulique de réseau, car elle joue un rôle de source de génération flexible et durable. Nous avons également besoin qu'elle joue le rôle souvent non reconnu de stockage d'énergie ».
Rachel Kyte, Directrice générale d'Énergie durable pour tous « Sustainable Energy for All (SE4All) » et Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU pour l'Énergie durable pour tous, déclare : « Une énergie hydraulique est un moyen important de respecter l'objectif d'une énergie durable convenue par tous les pays et l'ambition de l'Accord de Paris sur le climat. Elle offre une énergie abordable, plus propre et plus fiable, ainsi qu'un stockage qui peut être davantage une attraction pour le développement solaire et éolien.
« Le défi de sécuriser une énergie durable pour tous d'ici 2030 signifie que nous devons progresser avec rapidité et ampleur. Nous espérons que le Congrès mondial de l'hydroélectricité stimulera les progrès rapides ».
L'évènement s'inspire d'une réunion précédente tenue à Beijing, en 2015 où s'étaient réunis des dirigeants et des spécialistes, avec pour objectif d'examiner les initiatives mises en place par les gouvernements, les entreprises, les finances, la société civile et les milieux universitaires pour favoriser le développement durable.