Sénégal: 125 formateurs à l'assaut des abus sexuels dans les rangs du personnel de mission du maintien de la paix

17 Mai 2017

125 responsables des forces de défense et de sécurité du Sénégal ont la charge d’aller former  le personnel préposé aux missions de maintien de la paix à l’aide d’un module et des outils développés pour la circonstance. Ceci est la résultante du projet pilote « Formation des missions de maintien de la Paix sur la Prévention et la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels » qui est en sa phase finale. Cette initiative qui a abouti au lancement d’une campagne « Zéro abus » est de l’ONG Femmes Africa Solidarité (Fas) et du Centre PanAfricain pour le Genre, la Paix et le Développement (Pac), avec l’appui des Ambassades de la Grande Bretagne et du Japon au Sénégal. Une démarche qui fera face au défi de la démultiplication au niveau de la Cedeao et de l’Afrique.   

Le Sénégal vient de finaliser un module de « Formation sur la Prévention et la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix » dans les programmes d’instruction et de pré-déploiement. L’outil est dévoilé dans le cadre d’une session de trois jours d’appropriation et de clôture du projet des Forces de Défense et de Sécurité, ouvert ce 17 mai à Dakar.

Ce travail est le résultat d’un long processus matérialisé par une série de trois ateliers de formation de réplication à travers le pays notamment à Thiès, Kaolack et Dakar. Des sessions au terme desquelles 125 formateurs initiés devront continuer le travail sur le terrain.

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Le module en question qui est le condensé des échanges de trois sessions de formation ayant permis la préparation et l’élaboration d’un « Livre du maître » qui va être mis à la disposition des formateurs, un « Guide du soldat » et le « Carnet du missionnaire ».

Le professeur Oumar Ndongo, Directeur des Etudes du Centre Panafricain pour le Genre, la paix et le développement (PAC) confie que le « Carnet du missionnaire » renferme la synthèse des éléments clés du module pour permettre aux éléments de s’en référer une fois sur le terrain.

M. Ndongo fait savoir qu’il est prévu de viser la formation initiale des forces de défense et de sécurité en intégrant ces modules dans les programmes des écoles de formation des officiers, sous officiers…

FAS et PAC comptent également aller au Centre d’instruction de Dakar-Bango de Saint-Louis pour faire en sorte que, les éléments des forces de sécurité soient imprégnés de ces valeurs dès le départ.

La Fondatrice de l’ONG FAS, Mme Bineta Diop, abondant dans le même sens, affirme que les contingents qui sont en phase pré-déploiement pour des missions sont également ciblés.

Le défi de démultiplication au niveau africain

En tant qu’envoyée spéciale de l’Union Africaine sur les questions de violence faites aux femmes, Bineta Diop s’engage à présenter ce modèle sénégalais en exemple qui, pour elle, pourra être perpétué et faire tâche d’huile dans les autres pays africains.

A son avis, après la confection du module de formation et le développement des outils sus cités, il reste à amener ce modèle dans d’autres pays.

Ce qui sera fait dans le cadre de la campagne « Zéro abus » contre les exploitations et abus sexuels.

Initiée par le Sénégal, cette campagne vise à encourager d’autres pays africains à adopter le même modèle face aux cas d’abus sexuels signalés dans les rangs du personnel des missions de maintien de la paix.

Ce qui, selon Mme Diop, va permettre aux contingents de maintien de la paix envoyés d’appréhender les questions d’abus sexuel.

Mme Diop renvoie cette initiative dans le contexte de la vision de l’Union africaine (Ua) qui ambitionne de faire taire les armes en 2020. « L’échéance est proche et nous devons faire en sorte que la tolérance zéro puisse être appliquée sur le terrain », fait-elle remarquer.

Elle assure que la sensibilisation au niveau du Conseil de sécurité des Nations Unies et du Conseil Paix et Sécurité de l’Union africaine va se poursuivre pour que cette formation puisse être répliquée partout en Afrique et « faire en sorte que le guide soit remis à chaque soldat qui sera déployé ».

Sur la suite à donner à cette initiative, Mme Diop estime que les formateurs qui vont continuer le travail doivent faire de sorte que chaque officier soit testé sur ces questions avant son déploiement sur le théâtre d’opération.

Une recommandation qui pousse, d’ailleurs, M. Ndongo a envisagé rebaptiser le « Carnet du missionnaire » du module sénégalais en « Memo du Casque Bleu ».

Pour arriver à toucher le niveau africain, Mme Bineta Diop ne doute aucunement du soutien et de l’assentiment des partenaires qui ont soutenu le projet pilote ainsi que ceux qui ont salué cette initiative notamment le Système des Nations Unies, l’UA, la CEDEAO, la société civile…

A l’en croire, en plus des gouvernements du Japon et de la Grande Bretagne qui en sont les principaux bailleurs, les partenaires qui prennent part à cet atelier de clôture ont tous témoigné de leur disponibilité à accompagner ce processus. Une idée magnifiée par M. George Hodgson de la Grande Bretagne et M. Shigeru Omori du Japon à l’ouverture des travaux de cet atelier de trois jours qui clôture le projet.

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