Afrique de l'Ouest: Paroles des jeunes leaders…

Photo de famille du Forum Régional de Formation et de planification avec les organisations de jeunes de l'Afrique de l'Ouest
31 Mai 2017

Au terme des cinq jours du Forum Régional organisé par le Bureau Régional de Plan Afrique de l'Ouest et du Centre, les jeunes ont donné leur avis. Après leur mise à niveau sur les thématiques prioritaires, ils ont montré leur détermination à porter leurs voix dans les instances de décision. Réactions…  

Mlle Rabiyatou DIALLO, journaliste et animatrice d'émission pour enfant (Guinée Conakry): « Il faut passer par l'éducation pour parvenir à la participation à la prise de décision »   

« Le partage d'expérience nous a permis de remarquer que les préoccupations sont les mêmes dans tous les pays. Je suis impressionnée par le sens de l'engagement des uns et des autres mais aussi par les mécanismes enseignés pour remédier aux difficultés qui empêchent au continent africain d'avancer.

Pour que les choses bougent en Guinée, il faut mettre l'accent sur l'éducation des jeunes. Ce qui nous permettra, par la suite, de parler d'émancipation, participation des jeunes et des femmes à la prise de décision. L'éducation c'est la base car elle permet aux jeunes d'incarner des valeurs, de s'intégrer dans la société et la défendre.

Il faudrait que les États réfléchissent à mettre en place des mécanismes pour instaurer une éducation inclusive, accessible pour les enfants et surtout pour les jeunes filles afin qu'elles puissent s'intégrer et participer au développement de leur pays ».

Mlle Edith SAWADOGO, membre du Conseil Consultatif National des Enfants et des Jeunes du Burkina Faso : « Il faut que les jeunes s'engagent davantage… »

« Pour que les jeunes puissent être entendus, il faut un plaidoyer fort sur des thématiques essentiels comme l'éducation inclusive et de qualité. C'est cette stratégie que je compte utiliser dans mon pays pour adresser mon message, influencer les décideurs, amener le gouvernement à prendre conscience de ce qui se passe et de ce qu'ils doivent réaliser en matière d'éducation.

Il faut aussi que les jeunes s'engagent. Il ne faut pas baisser les bras. Il faut se lever et revendiquer nos droits, s'exprimer, montrer une détermination pour faire savoir les changements que nous voulons. On peut le faire à travers plusieurs stratégies ».

Mlle ATAKPAMEY Amivi Elise du Conseil Consultatif du Togo : « Si on doit agir, c'est maintenant »

« Je vois que le problème qui touche mon pays est fortement partagé par tous les autres de l'Afrique Centrale et de l'Ouest. Ce qui montre que nous avons beaucoup de défis à relever en tant que jeunes pour vraiment arriver à leur éradication.

Ce forum m'a permis d'avoir des éclaircissements sur la notion de leadership et du management des jeunes. On nous a donné les outils, en tant que jeune, pour assumer nos responsabilités et ce que nous devons faire pour y arriver. A mon retour, je vais partager avec mes pairs tout ce que j'ai acquis comme expérience.

Pour un plan d'action à mettre en œuvre au Togo, je mettrais l'accent sur l'emploi des jeunes. C'est parce qu'ils ne trouvent rien à faire que les jeunes togolais s'adonnent à la violence, l'immigration clandestine à la quête d'un meilleur quotidien.

Il faut aussi un plaidoyer sur le mariage des enfants car ça engendre beaucoup de conséquences avec des cas de décès. On doit protéger les enfants face à ce phénomène et leur donner l'occasion de contribuer au développement de leur société.

Il faut aussi que nous jeunes nous soyons conscients des défis qui nous attendent et nous sommes les propres acteurs de notre développement. Si on doit agir, c'est maintenant ».

Mlle Aïssata BOCOUM, Présidente du Conseil Consultatif Nationale des Enfants et Jeunes du Mali : « Les autorités nous entendent mais est ce qu'ils acceptent nos recommandations ? »

« La problématique du mariage des enfants prend de l'ampleur et nous sommes d'accord qu'il faut se donner la main pour développer ensemble des stratégies communes. Il faut faire la promotion de l'abandon de ce fléau qui touche plusieurs milliers de filles en Afrique. Ce qui les empêche de s'épanouir, de suivre leur croissance normale et de participer à la vie publique.

Au Mali, à chaque fois, les jeunes initient des activités pour se faire entendre. Ce qui est sûr est que les autorités nous entendent mais est-ce qu'ils acceptent nos recommandations ? Si c'est une jeunesse engagée, le Mali est en avance par rapport à beaucoup de pays. Les jeunes utilisent tous les canaux de communication pour faire entendre leur voix. Nous avons fait des plaidoyers auprès des leaders communautaires et locaux. Nous avons fait des sensibilisations. Maintenant, nous attendons la réaction des autorités et de la société par rapport à nos préoccupations.

On ne va pas baisser les bras car c'est un combat de longue haleine. On n'aura pas les résultats aujourd'hui mais ce qui est sûr c'est qu'on a espoir de parvenir, un jour, à instaurer un monde sans enfants mariés ».

Mlle Marisa Fernandes du Réseau Ouest Africain des Jeunes Femmes Leaders (ROAJELF) de Guinée Bissau : « On doit faire une révolution pour hisser les jeunes dans les instances de décision »     

« Ce forum nous a permis d'avoir plus d'éclairage dans l'éducation inclusive des filles. On a compris que ce soit garçon, fille ou personne handicapée, tout le monde doit aller à l'école.

Dans mon pays, lors des campagnes électorales, les jeunes sont mobilisés et assurent l'animation mais ils sont totalement absents des instances de décision. Ce qui n'est pas acceptable si l'on sait que la plupart de la population est constituée de jeunes. Pourquoi ne pas leur confier la direction du pays.

Pour hisser les jeunes dans les instances de décision, on doit faire une révolution. Les jeunes ne doivent pas rester derrière. Ils doivent participer activement dans la vie politique et la construction de notre pays.

Pour y parvenir, on doit investir dans l'éducation de qualité. Mais aussi on doit prétendre à des postes électives. Moi j'admire le fait qu'Emmanuel Macron, un président de 39 ans dirige un grand pays comme la France. Nous les jeunes de la Guinée Bissau, on peut rêver qu'un jour cela se produise dans notre pays. Mais en Afrique, on voit des vieux de 72 voire 80 ans s'accrocher au pouvoir et ça compromet les espoirs des jeunes ».

Mlle Fatoumata Bintou Massaly, Présidente du Réseau Africain des Jeunes Filles Leaders pour la Population et le Développement (AfriYAN Girls) « Il est temps qu'on investisse sur les jeunes… »

« En tant que leaders, activistes ou volontaires, ce forum nous a permis d'avoir des idées claires sur plusieurs thématiques touchant les jeunes notamment la santé de la reproduction, l'emploi, l'éducation inclusive de qualité, la participation au niveau politique. Nous avons donné nos positions par rapport à ces questions pour qu'on puisse parvenir à un changement.

Au Sénégal, on note des avancés par rapport à l'engagement des jeunes à travers plusieurs organisations. Mais, notre implication et notre intégration n'est pas de manière effective. On décide à notre place alors que les jeunes sont des facteurs de développement. On n'a plus besoin de ça.

Il est temps qu'on investisse dans la jeunesse à travers une éducation inclusive et de qualité qui cadre avec nos réalités sociales. Quand on parle de Dividende Démographique, d'Objectif de Développement Durable, l'atteinte des objectifs de l'Union Africaine, on ne peut pas occulter l'éducation qui est à la base de tout.

C'est le temps de l'action. Il faut des choses concrètes pour la jeunesse avec la participation des jeunes qui vont proposer des solutions concrètes ».

Mlle Marcelle Annie Matsida KAMTA, point focal AfriYAN Camerou : « Le plus important c'est de se faire entendre d'abord dans son pays avant de prétendre voyager »

« Les enseignements tirés de ce forum incitent à l'estime de soi. Le plus important pour moi dans cette formation c'est de savoir que pour résoudre les problèmes des jeunes, il fallait avoir un arbre à problème qui va permettre de voir les causes et conséquences.

Sur la problématique de l'emploi des jeunes, nous avons élaboré un plaidoyer étalé sur trois ans. Nous allons essayer de voir dans quelle mesure avoir des projets SMART qui seront réalisés respectivement dans chaque pays.

L'emploi des jeunes est une priorité pour les jeunes du Cameroun dont la majorité est comprise entre 18 et 35 ans. La plupart d'entre eux ont des diplômes universitaires mais n'ont pas d'emploi. Il y a aussi un problème de compétence qui se pose. Le volontariat n'est pas cultivé. Ils ne savent pas qu'ils peuvent d'abord travailler en engrangeant de l'expérience avant de prétendre à l'argent.

Nous allons essayer de continuer le plaidoyer au niveau international en collectant des signatures, des pétitions pour que la voix des jeunes camerounais soit entendue. Il faut aussi travailler à inculquer l'esprit entrepreneurial aux jeunes et développer l'auto-emploi. Il faut former les jeunes sur des thématiques qui ont été abordées lors de ce forum. Il faut que les jeunes comprennent que le plus important c'est d'abord de se faire entendre dans son pays avant de prétendre à voyager ».

M. Mamoudou Babi Mahamadou d'AfriYAN Niger : « Il faut impulser un mouvement d'ensemble obligeant les Etats à accepter les programmes élaborés avec les jeunes »

«  Nous sommes maintenant édifiés sur beaucoup de choses notamment sur des points qui renforcent le leadership et le management des jeunes. Sous l'influence de Plan International, le système de réseautage va nous permettre d'avoir des plans consolidés afin qu'une fois retourner dans nos pays respectifs, nous puissions mettre l'accent sur les actions de plaidoyer afin que les autorités puissent avoir une considération pour les programmes des jeunes.

Il faut agir prioritairement sur les phénomènes de mariages d'enfants, l'éducation, les grosses précoces, l'éducation sexuelle complète qui est un aspect tabou. Au Niger, il ne faut pas ignorer que nous avons la problématique avec les leaders religieux qui parfois constituent des barrières pour l'exécution d'un certain programme.

Il faut relever le défi de mettre tous les acteurs autour d'une table pour mener un plaidoyer et que les jeunes soient au cœur de l'ensemble de leur programme. Ce qui va permettre de changer les ondes.

Nous sommes dans la phase de capture du Dividende Démographique. Nos pays ont pris des engagements. Donc pour y arriver, il faut véritablement un travail d'ensemble. Ce qui doit passer par une concertation pour impulser un mouvement d'ensemble, pour obliger les États à accepter les programmes qu'ils ont élaboré avec les jeunes.

Ces plaidoyers qui doit être porté au plus haut niveau que ça soit au niveau des parlementaires, au niveau des présidences, des communautés, des leaders religieux et coutumiers pour l'élaboration de plusieurs argumentaires. Ce qui nous permettra de regarder dans la même direction et d'avoir en temps réel nos objectifs ou résultats escomptés ».

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