Sénégal: Ces contradictions qui étonnent les acteurs du numérique

1 Juin 2017

Les acteurs du numérique au Sénégal sont dans le désarroi. Ils ont listé une kyrielle de difficultés qui confortent leur étonnement. Face à la presse, ce jeudi 1er juin à Dakar, ils ont mis à nu les ratés du mode de gouvernance qui régit le secteur des technologies et des télécommunications.

Les professionnels sénégalais du numérique ont mis les pieds dans la manière dont leur secteur est gouverné. Réunis au sein de l’Organisation des Professionnels des Technologies de l’Information et de la Communication (Optic), ils disent être étonnés suites à de nombreuses mesures prises par les autorités. Ce qui suscite d’ailleurs leur étonnement.

Face à la presse ce jeudi 1er juin à Dakar, leur président Antoine Ngom, a listé les failles décelées dans les choix faites par les autorités publiques concernant le monde du numérique sénégalais. Ce qui, à son avis, dénote de l’absence d’une volonté politique structurée.

Dans une posture d’alerte, les responsables d’OPTIC tirent la sonnette d’alarme face à un certain nombre d’éléments qui risquent d’annihiler des programmes publics. C’est à l’image de la Stratégie SN 2025, adopté en fin 2016.

Cette « boussole numérique » constitue la composante digitale du Plan Sénégal Émergent (PSE). Il est constitué de 69 projets et 28 réformes. Il représente une enveloppe de 1361 milliards de F Cfa avec 73% secteur pour le privé, contre 17 pour le public et 10% sous forme de Partenariat Public-Privé (PPP).

Ce programme prévoit de générer 35000 emplois directs, assurer 10% contribution au PIB, contre 7% aujourd’hui. Il doit contribuer à 300 milliards d’augmentation du PIB par effet d’entrainement sur les autres secteurs.

Pour l’OPTIC, la principale menace à la réussite du nouveau plan se situe au niveau de son pilotage. « Le comité de pilotage prévu n’est toujours pas en place et nous craignons des actions dispersées, inefficaces, non coordonnées ». De l’avis de cette organisation, il urge de mettre en place ce comité qui sera présidé par le président de la République du Sénégal.

Le même désarroi est constaté avec le retard de deux ans relevé dans l’édification d’un Conseil National du Numérique. Le président de la république, dans un discours daté du 11 juin 2015, avait manifesté son grand intérêt pour un tel instrument. « Nous sommes donc devant une situation où la plus haute autorité donne des instructions et rien ne se passe », se désolé M. Ngom.

Pour les professionnels du numérique, cette situation illustre un problème institutionnel manifeste avec leur ministère de tutelle qui n’est pas en capacité de mener à bien la politique du secteur. « Il n’en a ni les moyens humains, ni les moyens financiers », lancent-ils.

Devant cet état de fait, l’OPTIC demande soit le renforcement du ministère, soit d’en faire un département délégué ou un Secrétariat d’État auprès du Premier ministre ou auprès du ministère de l’Économie, des Finances et du Plan.

Les camarades d’Eugène Niox, Secrétaire Permanent d’OPTIC n’ont pas occulté le volet infrastructure avec l’Agence de Développement de l’Informatique de l’État (ADIE).

Ils ont montré leur intérêt par rapport au projet d’extension du réseau fibre optique à une capacité totale de 4500 km sur le tout le territoire permettant au pays de passer un véritable cap dans la couverture nationale en fibre.

L’OPTIC dit être persuadée que le meilleur modèle consisterait à confier la gestion de cette infrastructure à un groupement d’entreprises privées dans le cadre d’une délégation de service public, à l’image de ce qui se fait avec la Sénégalaise des Eaux (SDE).

Les professionnels du numérique encourage ainsi l’ADIE à collaborer avec le secteur privés sur tous les projets de digitalisation de l’administration. Ils invitent cette structure étatique à « faire faire par son secteur privé plutôt qu’à faire » comme ce fût le cas récemment avec la plateforme « Girafe » de gestion des actes administratifs.

Concernant, le chapitre de Fournisseurs d’accès Internet (FAI), l’OPTIC s’est réjouit du recrutement de trois acteurs supplémentaires effectué par l’Etat du Sénégal. Un choix ayant coïncidé avec la revue d’une partie des textes législatifs et réglementaires qui fait passer l’activité du régime de licence au régime d’autorisation.

Cependant, réclament l’organisation, « il faudra rembourser aux attributaires de licences qui ont subi cette mutation, la somme de 950 millions de F Cfa ou la transformation de cette somme en avoir pour l’acquisition de fréquences nécessaires à leur activités de FAI ».

De plus, fait savoir l’OPTIC, « nous sommes en train de mener le plaidoyer pour que les cahiers des charges qui leur ont été soumis soient renégociés et que les coûts des fréquences soient revus ».

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