La protection sociale et les transferts monétaires à destination des populations vulnérables impactent considérablement dans la lutte contre la pauvreté.
Les spécialistes qui prennent part au 6ème atelier international de recherche sur les transferts sociaux en Afrique et au-delà qui s'est ouvert ce mercredi 7 juin à Dakar le démontrent. Plus de volonté politique, matérialisée par davantage d'investissements dans la protection sociale est souhaitée.
Environ 150 millions de personnes sont sorties de la pauvreté grâce à la protection sociale et aux transferts monétaires. Le Chef d'Equipe Régionale FAO pour la Résilience en Afrique de l'Ouest et au Sahel (REOWA), Mme Coumba Sow en a fait la révélation. C'était en marge du 6ème atelier international de recherche sur les transferts sociaux en Afrique et au-delà.
Le transfert monétaire social qui consiste à distribuer de l'argent directement aux populations vulnérables semble y jouer un rôle essentiel.
Coumba Sow estime qu'en injectant de l'argent dans les ménages, on attire les produits alimentaires sur le marché local. « Ce qui provoque un effet multiplicateur. L'économie locale commence à tourner avec des ressources financières additionnelles ».
La protection sociale, en général, et des instruments comme les transferts monétaires, sont considérés comme des outils qui permettent de lutter contre la pauvreté, l'insécurité alimentaire, la malnutrition. Elle ambitionne de sortir les populations d'une vulnérabilité.
« Quand nous sommes dans une situation de choc, par exemple, les transferts monétaires aident les populations, si les marchés locaux répondent ou fonctionnent correctement, à avoir accès aux aliments de base immédiatement », souligne Mme Sow.
La Représentante résidente de l'UNICEF au Sénégal juge cet instrument opportun pour l'Afrique, continent qui connaît un changement sans précédent et donc une opportunité critique avec le potentiel de transformer la transition démographique en un dividende dans les décennies à venir.
Selon Mme Laylee Moshiri, l'investissement dans les enfants, adolescents, et les jeunes d'Afrique est la meilleure stratégie du continent pour établir les bonnes conditions préalables à ce dividende potentiellement massif et transformateur.
Avant d'ajouter que : « réunir cette opportunité exigera, entre autres, la reconnaissance double que la protection sociale est à la fois un droit et une stratégie de croissance durable et inclusive ».
Ce qui colle avec la seconde étape de l'option transfert monétaire dont la suite logique est de permettre aux populations d'investir, et d'accroitre leur revenu à travers des produits agricoles qu'ils peuvent vendre sur le marché.
Cette option va, d'après les organismes internationaux, permettre d'impacter sur les taux de scolarisation, augmenter le nombre d'enfants vaccinés et impulser un développement local.
D'où la pertinente réponse à l'éternelle question qui, d'après Mme Moshiri, se pose dans le milieu des décideurs du continent africain qui est : Pourquoi investir dans la protection sociale, face aux priorités de développement et la compétition pour les ressources publiques ?
Selon elle, la meilleure réponse est toujours donnée par les résultats de la recherche et des évidences dans le monde. Thème centrale de ce conclave des 150 experts qui planchent pendant trois jours à Dakar.
La représentante résidente de l'UNICEF estime que « la protection sociale a un impact significatif sur le développement humain, un des facteurs productifs clés, et constitue un investissement essentiel dans l'émergence économique des pays ».
Même si l'Afrique est sur la bonne voie, elle est encore loin comparée au Brésil où, on parle de 40 millions de personnes sorties de la pauvreté grâce au programme Bolsa Familia.
Ce qui, en même temps, a permis à ce pays cité comme exemple en matière de protection sociale, de connaitre un développement agricole et économique reconnu à travers le monde.
L'espoir est tout de même permis, vu les résultats enregistrés dans certains pays comme la Tanzanie, le Malawi, la Ghana, la Zambie, le Lesotho, le Kenya, le Sénégal où 300 mille personnes sont ciblées en 2017 permettant une couverture de près de 80% du quintile le plus pauvre dans le pays.
Doper la volonté politique
Devant cet état de fait, la question de la pérennité de se pose avec acuité.
Pour le Chef d'Equipe Régionale FAO pour la REOWA, il ne faut pas voir les transferts monétaires uniquement sous l'angle d'un coût ou d'une dépense.
A son avis, c'est un investissement qui permet, pendant un moment, à une population vulnérable, non seulement d'arriver à survivre, s'occuper de leurs enfants, entre autres mais aussi d'arriver à investir. Ce qui les rend de moins en moins dépendants.
Cet atelier de Dakar ambitionne ainsi de dégager plus d'analyses particulièrement sur l'Afrique.
La volonté politique s'affiche comme grand défi avec l'objectif d'amener les gouvernements acceptant d'investir dans la protection sociale. « Nous sommes très optimistes parce que de plus en plus, les gouvernements considèrent la protection sociale, les transferts monétaires comme un outil clé de développement ».
Dans cette dynamique, le Secrétaire Général de la Délégation Générale à la Protection Sociale et à la Solidarité Nationale, plaide pour la mise en place de plateformes inter-pays pour, dit-il, mutualiser les efforts et en faire des instruments de développement.
Pour M. Ibrahima Faye, la protection sociale est à considérer comme un droit fondamental car il faut mettre le capital humain au cœur des politiques publiques.