Des combats récurrents de combats dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) continueront à annihiler les efforts déployés dans la lutte contre le viol et les violences sexuelles commis contre les femmes et les enfants de la région.
Mais, comme le révèle un livre lancé par la Haute Cour militaire du pays lors du 29ème Sommet de l'Union africaine qui vient juste de se clôturer à Addis-Abeba, beaucoup de travail a été accompli pour rendre justice aux victimes et mettre fin à l'impunité en punissant les personnes qui commettent des crimes et utilisent le viol comme arme de guerre. L'engagement pris par le gouvernement de la RD Congo visant la tolérance zéro sur cette atrocité pandémique est bien documenté, et pourtant l'essentiel de ses efforts fournis pour éradiquer les horreurs de violences sexuelles liées au conflit, restent non signalé.
Mme Jeanine Mabunda – un champion prolifique des droits de la femme et représentante personnelle du Président Joseph Kabila en matière de violences sexuelles et le recrutement des enfants – est la première à admettre que la situation instable qui prévaut dans son pays demeure encore un monstre encombrant dans la lutte pour mettre fin aux viols, aux violences et aux atrocités perpétrés contre les femmes dans les régions touchées.
« J'ai eu le privilège de mener la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants en RDC depuis près de trois ans maintenant, et je ne vais pas nier que c'est une tâche extrêmement difficile. La RDC se remet d'un des plus violents combats que l'Afrique ait eu le malheur de vivre... et il y a ceux qui ont profité de ce conflit pour commettre des crimes terribles, y compris des actes de violences sexuelles et l'enrôlement forcé d'enfants dans l'armée et les groupes armés, » s'est-elle lamentée en ajoutant :
« Nous ne sommes pas sans nos problèmes aujourd'hui et des foyers d'agitation continuent, pour exemple de récents combats, notamment dans la province du Kasaï. Mais nous prenons des mesures importantes dans la lutte contre l'impunité en punissant ceux qui commettent ces actes de violences sexuelles... nous ne sommes pas complaisants, même si nous avons encore un long chemin à parcourir. Nous continuerons à lutter pour rendre justice aux victimes et mettre fin à l'impunité dont bénéficient les auteurs de ces crimes ».
Le livre de 369 pages, écrit par les magistrats de la Haute Cour militaire de la RDC en partenariat avec le Bureau de Mme Mabunda – a été lancé le 4 juillet dans lors d'un activité qui a réuni le Président du Gabon Ali Bongo Ondimba, le commissaire de l'Union africaine pour la paix et la sécurité Smail Chergui et d'autres voix influentes dont celle de Mme Bineta Diop, envoyée spéciale de l'UA pour les femmes, la Paix et la sécurité.
Dans ses commentaires M. Chergui a félicité le gouvernement de la RDC pour les efforts qu'il déploie pour mettre fin au fléau tout en déclarant : « L'Union africaine félicite le Président Joseph Kabila pour son engagement personnel à mettre fin à des pratiques barbares qui consistent à subjuguer les plus faibles dans la société –femmes et enfants – à toutes les formes de violences sexuelles. »
Le Président Kabila se trouvait au siège de l'Union africaine lors du lancement et a momentanément salué l'équipe organisatrice en dehors du lieu de l'événement dans une expression de soutien. Il était représenté par son ministre des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, qui a déclaré dans son discours que le livre était « un important jalon marquant l'intolérance totale du pays pour ceux qui commettent des actes de violences sexuelles. »
Le livre, dont l'avant-propos est écrit par Zainab Bangura – l'ancien représentante spéciale des Nations Unies sur les violences sexuelles dans les zones de conflits, a documenté et rassemblé des cas de violences sexuelles commis par des hommes qui servent dans l'armée, cas portés devant la Haute Cour militaire. Il met en lumière le travail du système judiciaire congolais dans la lutte contre le fléau conformément au Statut de Rome, travail rendu possible par les amendements de deux lois qui mettent en place un cadre juridique adéquat – y compris les amendements au Code pénal afin d'assurer la protection juridique des victimes de violences sexuelles, et de modifier le Code de procédure pénale permettant ainsi de faciliter l'accès des victimes à la justice.
Nous voulons changer la perception et améliorer l'éducation sur ces crimes au niveau local. Et nous voulons informer les victimes que la prise en charge est disponible, et qu'il n'y a aucune honte à se présenter... et qu'ils ne sont pas seuls dans cette lutte.
Certaines des principales poursuites y compris les tristement célèbres comme celles du général de brigade Jérôme Kwakavu et plusieurs autres colonels (il est devenu le premier général congolais à être déclaré coupable de viol et de meurtre en 2014) et la poignante saga de Songo Mboyo qui a vu un certain nombre de militaires condamnés pour des crimes de violences sexuelles et les victimes être indemnisées.
« Le message est clair. Personne, personne du tout, quel que soit le niveau de son grade ou quelle que soit l'étendue de son influence, n'est hors de portée de la Loi... nous sommes fermement convaincus que la poursuite des auteurs, tous grades confondus dans l'armée, est une étape cruciale dans la lutte pour la justice en faveur des victimes et il est donc important de mettre en évidence les progrès que nous accomplissons et c'est exactement ce que ce livre a fait », explique Mme Mabunda
Dans l'avant-propos de l'ouvrage, Zainab Bangura a écrit : « ces dernières années, la question de la responsabilité pour les crimes de violences sexuelles en RDC est restée au centre des efforts nationaux et internationaux... en 2013 le gouvernement et l'ONU ont signé un communiqué conjoint sur la lutte contre les violences sexuelles dans lequel le gouvernement a réaffirmé son engagement à renforcer une politique de « Tolérance zéro » envers les crimes de violences sexuelles et d'adopter des mesures visant à lutter contre l'impunité en tenant les auteurs de violences sexuelles responsables de leurs actes. »
Elle ajoute : « je suis convaincue que les avocats, les étudiants, les citoyens congolais et la communauté internationale vont trouver cette publication utile... et apprécier les efforts déployés par les législateurs congolais et les autorités militaires dans la lutte contre les crimes de violences sexuelles. » Et les progrès sont en train d'être réalisés. La marée de ces atrocités est également est en régression.
« Récemment, nous avons reçu des informations motivantes émanant d'un rapport des Nations Unies sur les violences sexuelles liées au conflit, dit Mabunda. » Le rapport a constaté qu'il y a eu une baisse de 85 % des cas de violences sexuelles liées au conflit en RDC au cours des trois dernières années. Il s'agit d'une amélioration significative [et] c'est un témoignage non seulement de nos efforts, mais aussi pour ceux de nos estimées organisations partenaires locaux et internationaux, dont le soutien est inestimable. »
Pour imprimer encore un élan aux travaux en cours de lutte contre l'impunité, beaucoup d'activités se passent dans tout le pays, y compris au cours de la Journée internationale pour l'élimination des violences sexuelles dans les zones de conflits, organisée le 19 juillet, avec l'ouverture d'un centre de gynécologie spécialisé dédié aux victimes de violences sexuelles à l'Hôpital général de référence de Kintambo. Il y a aussi des ateliers en cours en faveur des troupes sur les lois en matière de violences sexuelles, ainsi que des sessions de formation pour les officiers des FARDC basés à Kasai, sessions organisées par le Service d'éducation civique, et d'Action sociale.
« Nous voulons changer la perception et à améliorer l'éducation sur ces crimes au niveau local. Et nous voulons informer les victimes qu'une prise en charge est disponible, et qu'il n'y a aucune honte à se présenter... et qu'ils ne sont pas seuls. » Explique Mme Mabunda.