Kampala - Ouganda 14 septembre 2017 (CEA)- Au cours des deux dernières décennies, l'économie ougandaise a connu une performance impressionnante et a réussi à réduire de plus de la moitié la proportion de personnes vivant dans la pauvreté. Cependant, en 2016, le pays a enregistré le taux de croissance économique le plus bas au cours des 30 dernières années. Cette question était au centre des discussions lors du forum de haut niveau sur la croissance économique tenu à Kampala.
La croissance moyenne de l'économie Ougandaise pour la période 2011-2015 était de 4,8%, inférieure à celle du Kenya voisin (5,5%), de la Tanzanie (6,9%) et du Rwanda (7,0%). Aussi, comme beaucoup d'autres pays africains, l'Ouganda, n'a pas pu créer suffisamment d'emplois pour sa population jeune et en croissance rapide.
Selon M. Andrew Mold, directeur par intérim en Afrique de l'Est de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (ECA), l'une des principales raisons de la croissance non inclusive de l'Ouganda est que son économie a été dirigée par le secteur des services au détriment de l'industrie et du secteur manufacturier. « Environ 59% de la force de travail de l'Ouganda opère dans l'économie informelle et la création d'emplois dans le secteur formel n'a pas suivi l'évolution rapide de la main-d'œuvre en pleine expansion », explique Mold.
M. Mold a dit au Forum de Kampala que la CEA soutient l'idée que l'Afrique doit atteindre un niveau d'industrialisation plus élevé. "Le manque de capacités de production en Afrique de l'Est provoque des faiblesses fondamentales dans la performance économique de la région", a-t-il- souligné.
L'étude récente de la CEA intitulée « Un ABC de l'industrialisation en Ouganda : réalisations, problèmes et défis » exprime que, le secteur manufacturier en Ouganda n'a joué aucun rôle dans l'accélération de la transformation structurelle de l'économie, parce que sa part du marché total de l'emploi est en baisse de 6,5% 2002 à 5,7% en 2013.
La promotion de l'industrialisation et du secteur manufacturier est l'objectif explicit dans de nombreux cadres politiques du pays, Cela ne suffit pas. L'étude de la CEA indique que la politique industrielle réussie doit être personnalisée et soutenue par un gouvernement efficace, flexible et pragmatique qui la met en œuvre.
Prenant un exemple de l'Asie, M. Mold a noté que depuis que l'Ouganda et le Vietnam ont entrepris une réforme de leurs économies à la fin des années 1980, les deux pays ont connu des taux de croissance impressionnants. Cependant, les résultats en termes de réduction de la pauvreté ont été très différents, l'Ouganda réduisant son taux de pauvreté de 56% à 30%, mais dans le cas du Vietnam, le taux de pauvreté est passé de 50% à 3%. "Une partie de l'explication de cette différence s'explique par le fait que le secteur manufacturier a joué un rôle important dans ce changement structurel au Vietnam et a donc eu un meilleur record dans la création d'emplois et la réduction de la pauvreté", a affirmé Mold.
M. Mold a demandé les experts du forum à rendre la politique industrielle plus efficace en apprenant des expériences de pairs, comme l'Éthiopie, et de coordonner avec d'autres pays de la Communauté de l'Afrique de l'Est afin de développer des chaînes de valeur régionales.
Pour plus d'informations, téléchargez le rapport : "An ABC of Industrialisation in Uganda: Achievements, Bottlenecks and Challenges"
Publié par :
Bureau pour l'Afrique de l'Est
Commission économique pour l'Afrique