Afrique: Plan International fustige la lente installation des progrès sur la protection des jeunes filles

Lancement 16ème rapport « Libérons le pouvoir des filles » de Plan International, le 6 octobre 2017 à Dakar
6 Octobre 2017

Plan International constate avec inquiétude que le progrès s’installe toujours lentement malgré les lois, les politiques et les objectifs mondiaux mis en place pour promouvoir le changement dans le vécu des jeunes filles. Les responsables de l’Ong l’ont fait savoir lors de la présentation du 16ème rapport sur la situation des jeunes filles dont le titre de cette année est « Libérons le pouvoir des filles ». Une étude réalisée en Ouganda, en Colombie et en Equateur plaide la promotion du leadership des filles pour faire bouger les lignes.

Le mur qui résiste à la promotion de la jeune fille est encore solide. Quelle que soit leur situation, les filles dans le monde entier se heurtent à un mur de résistance dans leur lutte pour l’égalité de genre. Ce constat est l’un des constats du 16ème rapport que Plan International a réalisé sur la situation des filles dans le monde et qu’elle a intitulé « Libérons le pouvoir des filles ». Le document a été présenté à la presse ce vendredi 6 octobre à Dakar par Plan International Sénégal.

Lu par Mlle Adama Guèye, élève au Cours Sainte Bernadette, membre de la Jeunesse étudiante catholique (Jec), le rapport constate amèrement que « malgré les lois, les politiques et les objectifs mondiaux mis en place pour promouvoir le changement, il est inquiétant de constater que le progrès s’installe toujours aussi lentement ».

Il est constaté que les filles continuent à buter sur des maux qui ont pour noms discrimination, marginalisation, violence sexuelle, grossesses et mariages précoces…

Selon Plan International, les filles sont au quotidien confrontées à des obstacles liés à l’éducation, à la santé, à l’autonomisation aux leaderships qui limitent leurs opportunités et constituent des barrières au progrès. Des témoignages horrifiants ressortis par le rapport 2017 de Plan International peint ainsi un tableau peu reluisant sur la situation de la jeune fille dans le monde.

L’Ong a recueilli des témoignages axés sur les droits des adolescentes de participer comme il se doit à leur vie au niveau familial, communautaire et national. Le rapport insiste sur le fait que les filles se voient presque toujours refuser, à la maison, à l’école et dans leur communauté, en général, l’opportunité d’être entendues et respectées.

Avant de constater amèrement que « leurs voix et expériences n’influencent pas et ne guident pas le changement : elles ne prennent pas de décisions même pour des questions, comme arrêter l’école ou se marier, qui ont un impact énorme sur leur vie. Elles sont globalement invisibles dans les espaces publics ».

En Ouganda, il a été constaté que la menace de violence sexuelle, de viol et de harcèlement sexuel plane sur les filles chaque jour. Selon l’étude de Plan International, « la pauvreté et les difficultés économiques faisaient partie de la réalité quotidienne de ceux qui participaient à la recherche et là encore l’appartenance sexuelle joue un rôle dans la façon dont cela affecte la vie des filles : la discrimination commence dans la famille ».

Des statistiques du Sénégal qui font peur.

Si la volonté de changement et l’engagement sont affichés, les défis restent énormes. La situation des filles en Afrique de l’Ouest et du Centre en ait une parfaite illustration. Selon Plan International, les statistiques données par le Rapport d’enquête de l’Unicef (2015-2016) font peur. La même source renseigne que « rien que pour la période 2005-2015), 12% des enfants âgés de 15 ans ont été mariées là où ceux âgés de 18 ans est de 33% ».

Avant de préciser que « la situation est beaucoup plus inquiétante en milieu rural avec un taux de mariage d’enfants de 49% contre 17% en milieu urbain ».

Pour les grossesses précoces, l’enquête renseigne qu’un taux de 71,9% est enregistré entre la classe de 6ème et de 3ème et un taux de 28,1% entre la seconde et la terminale.

La répartition au niveau national montre que la région de Sédhiou prend le devant avec 30%, suivie de celle de Ziguinchor avec 19% et le reste du pays tourne au tour de 5,4% à 2%.

Le leadership des filles pour faire bouger les lignes

L’impression de tourner en rond dans la lutte pour la promotion des droits des jeunes filles remet en cause la pléthore d’initiatives et de rencontre internationale jusque-là initiées sur le sujet. Devant cet état de fait, les filles ont jugé nécessaire, à travers ce rapport, de prendre leur destin en main.

Selon Plan International, elles veulent mener le changement dont elles ressentent le besoin et elles cherchent de la solidarité et à agir avec les autres pour y parvenir. Pour la directrice de la famille et de la protection des groupes vulnérables du Sénégal, Mme Coumba Thiam, les filles sont debout pour un changement des choses car l’heure est venue d’agir ensemble et en parfaite synergie.

Dans cette dynamique, Plan propose un certain nombre de mesures urgentes pour garantir que les filles soient traitées sur pied d’égalité avec les garçons. Au niveau de ces mesures, figurent notamment des campagnes publiques pour lutter contre la discrimination sexiste et les attitudes sociales qui sont nocives pour les filles.

Plan International estime que l’égalité de genre a désespérément besoin d’une révolution politique et sociale. Pour elle, il faut que les filles deviennent visibles dans les lieux de pouvoir et d’influence et que de plus gros efforts sont nécessaires pour comprendre comment les adolescentes vivent vraiment leur vie.

C’est ainsi que les gouvernements, la société civiles, les médias, le secteur privé, les dirigeants d’école, les parents, filles et garçons sont appelés à s’investir dans ce sens.

Ce qui fait dire à André Marie Diagne, personne ressources de Plan International qu’il faut aider les filles à rester à l’école et y jouer les premiers rôles. A son avis, il ne faut pas que les mamans soient des obstacles au leadership des filles en les retirant des écoles.

Pour la directrice de Plan international Sénégal, Mme Oumy Lakh Sall, il faut agir dans la sphère familiale où l’on encourage des stéréotypes sexistes. C’est dans ce sens qu’elle a fait part de la campagne d’influence que Plan International Sénégal mène pour faire relever l’âge légale de mariage de 16 à 18 ans.

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