Discours du président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina - Dîner de gala organisé lors de sa visite officielle au Niger Niamey, le 26 septembre 2017

28 Septembre 2017
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African Development Bank (Abidjan)
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Permettez-moi de remercier monsieur le Premier ministre et le gouvernement du Niger de m'avoir élevé à la dignité de Grand officier dans l'ordre du Mérite de la République du Niger, au nom du président de la République Issoufou Mahamadou. Vous m'avez tous surpris - ce n'était pas prévu et c'est peut être mieux comme ça - et c'est un grand honneur que vous me faites.

Au nom de la Banque africaine de développement, je voudrais remercier Son Excellence Monsieur Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger, pour cette visite officielle.

Je voudrais également remercier le Premier ministre Brigi Rafini, pour son hospitalité et l'excellente réunion de ce jour avec les membres du gouvernement.

Je vous félicite du vote du budget de l'État, hier au Parlement. Je sais que la ministre du Plan, gouverneur de la BAD, en était tellement ravie qu'elle ne pouvait cacher son enthousiasme, en m'annonçant la nouvelle à mon accueil à l'aéroport, à 1 heure et demi du matin.

Je salue tous les efforts consentis par le gouvernement pour garantir la stabilité politique depuis les élections de 2016, car c'est cette stabilité qui a permis au Niger de relever les défis de taille auxquels il a dû faire face.

Le leadership n'est pas pour les esprits faibles ou pusillanimes. C'est dans les moments difficiles que l'on reconnaît les véritables leaders. Le Président en a donné la preuve, face à la brutalité des attaques terroristes perpétrées par les hommes sans cœur de Boko Haram, auxquelles la population nigérienne a été confrontée.

Je sais que vous avez payé un lourd tribut. Nous sommes très attristés par la perte de vies innocentes dans ces attaques terroristes insensées. Votre gouvernement a dû augmenter ses dépenses militaires à 15 % du budget national, ce qui a, bien sûr, réduit les dépenses publiques dans des domaines essentiels comme les services sociaux, les écoles, les hôpitaux, l'électricité, les routes, l'aide aux exploitations agricoles.

La Banque africaine de développement salue la vaillance des forces armées du Niger, du Nigeria, du Tchad et du Cameroun, ainsi que leur bravoure et leurs succès dans la lutte contre les rebelles terroristes. Il ne peut y avoir de développement sans sécurité. Et le secteur privé n'investit jamais dans un environnement de peur, de panique et d'incertitudes.

Je puis vous assurer que la Banque africaine de développement est à vos côtés et vous soutient fermement dans votre lutte pour la liberté, la paix et la stabilité au Niger et dans toute la région du lac Tchad.

Vous avez également dû faire face à des chocs macroéconomiques majeurs, qui ont affecté votre économie, notamment la chute des cours des matières premières comme le pétrole, l'or, le fer, l'uranium, dont le Niger dépend.

Néanmoins, le Niger a pu enregistrer de bonnes performances dans un environnement économique difficile. Le pays a enregistré un taux de croissance de 5,7 % en 2017, qui devrait atteindre 6,7 % l'an prochain.

Le Niger a connu l'un des dix meilleurs taux de croissance en Afrique l'an passé. Je félicite le gouvernement pour ses efforts constants en faveur de la libéralisation, ainsi que pour ses réformes visant à favoriser une plus grande participation du secteur privé, sachant que le secteur privé est moteur de croissance.

La Banque africaine de développement est un partenaire stratégique du Niger, dans sa volonté de redresser le niveau de la croissance économique et de réaliser un développement inclusif.

La Banque investit au Niger depuis 1970, ce qui signifie que la Banque africaine de développement et le Niger ont contracté un mariage il y a 47 ans. Et tout mariage qui dure 47 ans est un très bon mariage !

À ce jour, la Banque a investi plus de 1,2 milliard de dollars EU au Niger. Actuellement, l'investissement total de la Banque au Niger dépasse les 580 millions de dollars, dont 40 % dans l'agriculture.

Je connais bien le secteur agricole du Niger, car j'ai fait mes thèses de maîtrise et de doctorat sur le Niger quand j'étais étudiant aux Etats-Unis, et j'ai vécu à Maradi. Donc, je suis du Niger. Monsieur le Président Issoufou plaisante souvent avec le Président Buhari, en lui disant que je suis du Niger, mais que j'ai ajouté un "ia" pour devenir quelqu'un du... Nigeria ! Je me sens vraiment chez moi au Niger.

Je salue les efforts déployés par le gouvernement dans le cadre de son initiative 3N : « les Nigériens Nourrissent les Nigériens ».

Ce programme s'inscrit dans le droit fil de l'une des priorités des High 5 de la Banque, "Nourrir l'Afrique". La Banque entend investir 24 milliards de dollars dans l'agriculture aux cours des dix prochaines années, pour aider à transformer l'agriculture en une activité commerciale, qui crée de la richesse et des millionnaires dans toute l'Afrique.

C'est pourquoi, j'accueille avec beaucoup d'enthousiasme le projet de barrage de Kandadji et son potentiel pour l'agriculture. La Banque africaine de développement est le partenaire principal du projet, appuyé par la Banque mondiale et l'Agence française de développement, avec un apport de plus de 176 millions de dollars dans le financement du barrage.

Lorsqu'il sera achevé, le barrage de Kandadji irriguera 45 000 ha et transformera le Niger en un grenier au milieu du Sahel. Il permettra de produire 40 000 tonnes de céréales, 50 000 tonnes de légumes, 10 millions de litres de lait et environ 750 tonnes de viande.

Nous devons joindre nos efforts et faire de ce projet une réalité, sans plus attendre. Transformons le Niger en un grenier. Il n'est pas possible que ce projet aboutisse en 2030, ce sera trop tard. Nous devons le concrétiser en moins de dix ans. Je peux vous assurer que la Banque vous apportera encore plus de soutien pour ce faire.

Lorsque je travaillais ici, l'accès à l'électricité était un problème. Je suis surpris que la situation n'ait pas changé, puisque seuls 10 % de la population est connecté au réseau électrique et seul 1 % de la population rurale a de l'électricité.

Nous devons changer cela.

Le Niger ne peut pas se développer dans l'obscurité. C'est pourquoi, avec ses partenaires, la Banque apporte son plein appui aux efforts déployés pour produire 300 MW à Kandadji. La Banque travaillera avec le gouvernement japonais, dans le cadre de notre partenariat au titre de l'initiative énergétique Japon-Afrique, pour aider le Niger à exploiter pleinement sa capacité à produire de l'énergie à partir de charbon propre, grâce à ses abondantes ressources en charbon.

Avec les 600 MW que nous pouvons produire dans le cadre du projet minier de Sakaldamna, le Niger peut s'éclairer et couvrir à 100 % ses besoins en énergie. La Banque africaine de développement aidera également le Niger à déployer un vaste réseau électrique hors-réseau, afin de mettre en valeur son énorme potentiel solaire.

Comme vous le savez, la toute première priorité de la Banque est d'éclairer l'Afrique et de l'alimenter en énergie, et ainsi garantir l'accès universel à l'électricité en Afrique dans les dix ans. La Banque va investir 12 milliards de dollars dans le secteur de l'énergie au cours des cinq prochaines années et aider à mobiliser 45 à 50 milliards de dollars.

Que je sois bien clair : l'absence d'électricité favorise les terroristes. Car ceux-ci opèrent dans l'obscurité. Alors éclairons l'Afrique et donnons-lui de l'énergie. Nous nous débarrasserons des terroristes.

J'ai le plaisir d'annoncer que la Banque africaine de développement vient d'ouvrir un bureau pays à part entière au Niger. Nous sommes ici au Niger pour y rester, pour que notre mariage de développement continue à porter des fruits.

Notre engagement se reflète dans l'allocation du Fonds africain de développement au Niger, qui est passée de 176 millions de dollars pour le FAD-13 à 260 millions de dollars pour le FAD-14. Et nous apporterons quelque 84 millions de dollars supplémentaires sur les ressources de la Facilité en faveur des États fragiles.

Et nous n'allons pas nous arrêter là.

Mon voyage ici pour rencontrer le Président, le Premier ministre et les membres du gouvernement, ainsi que les partenaires au développement et les acteurs du secteur privé, vise à envoyer un signal fort : la Banque africaine de développement est pleinement aux côtés du Niger et nous sommes ici pour rester et œuvrer avec les autres partenaires, afin d'aider ce beau pays à exploiter son plein potentiel économique.

Je vous remercie, Monsieur le Premier ministre, de m'accueillir à cet agréable diner de gala. Vous avez ravivé de merveilleux souvenirs de l'époque où j'étais un jeune étudiant chercheur à Maradi. Et vous pouvez au moins dire que l'initiative 3N, ce n'est pas seulement « les Nigériens Nourrissent les Nigériens », mais les Nigériens qui ont nourri un Nigérian !

Je lève à présent mon verre pour porter un toast à votre santé, au succès du gouvernement, à la paix, à la stabilité et aux progrès économiques du Niger et de son peuple. À un mariage de développement encore plus prospère entre le gouvernement du Niger et la Banque africaine de développement - votre Banque!

Je vous remercie.

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